« La conquête de l’espace », un documentaire pour promouvoir la pratique sportive des filles
Comment augmenter et diversifier la pratique sportive des filles ? C’est à cette question que le nouveau documentaire de Nicole Abar, ex-championne de football, tente d’apporter des réponses. Le film, projeté en avant-première à l’Assemblée nationale le 19 mars dernier, a bénéficié du soutien de la Fondation de France et de la fondation abritée Volt.
« C’est un symbole fort pour moi d’être ici aujourd’hui, ce projet représente 20 ans de ma vie, 20 ans d’engagement pour apprendre aux jeunes femmes à prendre la place qui leur revient, et cela se joue aussi sur un terrain de sport ». C’est avec émotion que Nicole Abar a présenté La conquête de l’espace en présence de Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, d’Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, et de Véronique Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Ce documentaire réalisé par Françoise Davisse sur une idée originale de Nicole Abar établit le constat suivant : la discrimination entre les filles et les garçons se joue dès le plus jeune âge, dans la manière d’occuper l’espace et d’engager son corps, notamment dans la cour de récréation. « Ce que j’ai voulu montrer par des images tournées en 2000 puis en 2020, c’est qu’en une génération, rien n’a vraiment évolué : les garçons prennent toujours autant de place au détriment des filles » explique Nicole Abar. Pour y remédier, elle propose deux pistes : instaurer un temps d’activité physique à l’école qui soit obligatoire, mixte et aussi important que les autres matières ; et former tous les acteurs de l’éducation pour qu’ils sachent intervenir et empêcher la reproduction des stéréotypes sexués. Le documentaire en accès libre a déjà été diffusé par la Fédération française de football et de nombreuses fédérations souhaitent le projeter.
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Conquérir l’espace : un enjeu de société
« Le domaine du sport reste encore profondément inégalitaire. Une fille sur deux arrête le sport au moment de l’adolescence. C’est pourquoi, la valorisation de la pratique sportive doit commencer dès l’école, en repensant les espaces pour que les petites filles ne soient plus reléguées dans les coins des cours de récréation. Il faut aussi entretenir les imaginaires des enfants en mettant en avant le sport féminin dans les médias, qui représente seulement 5% du contenu sport diffusé sur les chaînes de télévision françaises », rappelle Aurore Bergé. Le sport est un levier de transformation sociale particulièrement fort : « donner le pouvoir aux filles, leur apprendre à prendre leur place et déconstruire les stéréotypes de genre par le sport, c’est aussi à long terme lutter contre les violences faites aux femmes », complète Nicole Abar.
Pour que chaque génération puisse contribuer au débat, la projection du documentaire a été suivie d’une prise de parole des écoliers de CM2 de l’école Firmin Gémier d’Aubervilliers qui ont exposé leurs projets afin que filles et garçons puissent se répartir le terrain de manière plus équitable à la récréation. Faire plus de sport en équipes mixtes, instaurer une obligation de passer la balle, tourner un documentaire… les idées ne manquent pas.
Pour conclure l’événement, une table ronde sur le thème « quels leviers pour inciter les femmes à pratiquer du sport régulièrement, dès le plus jeune âge ? » a réuni Nicole Abar, Marie Barsacq, directrice exécutive impact et héritage de Paris 2024, Manon Lanza, sportive, entrepreneure et créatrice de contenus sur les réseaux sociaux, Edith Maruéjouls, géographe spécialiste du genre, et Véronique Moreira, présidente nationale de l’Union sportive de l'enseignement du premier degré (USEP). Selon Edith Maruéjouls, la vision que nous avons du sport dans notre société, fondée sur la mise en scène de la performance individuelle des garçons et non pas le plaisir collectif de jouer ensemble, ce qui exclut très tôt les jeunes filles des sports d’équipe, est au cœur du problème. Les discriminations dans l’occupation de l’espace public en sont le reflet direct : « on estime que 80% des cours de récréations sont occupées par des garçons qui jouent au foot », et ce dès le plus jeune âge. « Dès la crèche, on remarque que les draisiennes mises à disposition dans les espaces de jeux sont prises d’assaut par les petits garçons », explique la géographe du genre avant de conclure : « pour en finir avec les stéréotypes, il est aussi essentiel pour les petites filles d’être bien chaussées et habillées, avec des baskets et des vêtements qui permettent d’être à l’aise pour bouger ».
#CAUSEDUMOIS\SPORT - JUILLET 2024
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