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Nicole Abar, ex-championne de football : « C’est le foot qui m’a dit que j’avais de la valeur ! »

Sport et santé| 25 Avr.2023

Nicole Abar est ex-championne de football engagée pour l’égalité femmes-hommesNicole Abar est ex-championne de football engagée pour l’égalité femmes-hommes. Elle a réalisé un documentaire, Passe la balle, pour sensibiliser les institutions publiques et le grand public aux inégalités femmes-hommes, qui se jouent dès l’enfance. 20 ans plus tard, elle réalise une nouvelle version de ce documentaire, un projet soutenu par la Fondation de France.


Pourquoi avoir décidé de réaliser une nouvelle version du documentaire Passe la balle 20 ans après ?

Le projet « passe la balle » a un seul objectif : rendre le rêve possible pour les petites filles. Aujourd’hui, 20 ans après le premier documentaire, on se rend compte que les images sont toujours les mêmes. Les jeunes que j’ai interrogés ont toujours les mêmes schémas en tête qu’il y a vingt ans. Pour les filles comme pour les garçons, c’est toujours l’homme qui conduit et la femme qui fait la vaisselle. Malgré une quarantaine de lois promulguées, leur imaginaire reste façonné à l’identique. Preuve que si on ne modifie pas les représentations intériorisées dès le plus jeune âge, dans 20 ans, ce sera toujours la même chose.

La première fois que vous jouez au football, c’est par hasard, à l’âge de 9 ans. En quoi cet épisode est-il central dans votre engagement ?

J’habitais dans un quartier difficile de Toulouse. Un jour, j’étais installée sur le bord d’un terrain de football pour regarder un match. L’entraineur est venu me voir. Il cherchait à compléter son équipe pour lui permettre de participer à un match pendant le weekend. J’ai d’abord refusé. C’était juste inconcevable pour moi. On ne voyait jamais une fille jouer au football à l’époque, et j’étais persuadée que je n’en n’étais pas capable. C’est ça la force des stéréotypes. Les compétitions étaient d’ailleurs interdites aux filles. En plus, comme je n’avais jamais pratiqué, je n’en avais pas spécialement envie. Il a trouvé une parade : « Pour obtenir ta licence, on va t’appeler Nicolas ». J’étais une petite fille bien élevée, je n’ai pas osé dire non, j’ai accepté. Très vite, je me suis avérée être un petit génie du foot. J’étais celle qu’on acclame et qu’on embrasse, je marquais tous les buts. Ça a été un changement radical pour moi ! Fille d’un père algérien et d’une mère italienne, le teint mat et les cheveux frisés, je me protégeais de la violence en me mettant en retrait. Et tout à coup, le football me dit que j’ai de la valeur, indifféremment de mon sexe et de mes origines !

Mais l’histoire hélas n’est pas finie. Des années plus tard, en 1998, alors que j’étais entraineuse de plusieurs équipes féminines au club du Plessis, j’ai été révoltée par la décision du club de dissoudre les sections féminines. Pour atteindre une envergure nationale et monter en deuxième division, ils avaient décidé d’exclure les joueuses. La situation de ces filles m’a renvoyée à ma situation d’enfant, lorsque je me sentais marginale et dévalorisée, sans modèle pour croire en mes capacités. L’énergie colérique que j’ai ressentie m’a poussée à l’action. Après avoir intenté un procès au club, qui s’est soldé par une condamnation au versement symbolique d’1 euro aux joueuses, j’ai voulu aller plus loin. De là est née ma volonté de changer les choses en profondeur. C’est dans cette optique qu’est né le documentaire Passe la balle. Pour rendre le rêve possible pour toutes les petites filles.

Vous accordez une place importante à la motricité. En quoi est-ce déterminant pour trouver sa place ?

On ne construit pas la même personnalité selon notre manière de se mouvoir et d’occuper l’espace lorsqu’on est enfant. Regardez comment les choses se mettent en place. A force de ténacité et de prises de risque, et grâce aux encouragements de leurs parents, tous les bébés apprennent à marcher. Puis progressivement, à l’âge de deux ou trois ans, des différences de motricité se manifestent selon leur sexe. Les garçons prennent l’espace, courent, en jouant avec une balle, en se défiant, ils cultivent le goût du risque, l’audace. Ils développent un langage opérationnel tourné vers l’efficacité. Les petites filles, elles, se mettent en retrait, diminuent leur mise en mouvement en occupant un espace plus restreint. Elles prennent moins leur place, commencent à faire preuve de prudence, de discrétion, ont davantage peur de l’échec. En plus, elles ne se familiarisent pas au plaisir de l’activité physique. En plaçant la motricité au cœur de mes documentaires, je souhaite inciter chacun à se demander quel est son rôle dans la reproduction de ces stéréotypes. On a tellement intégré certains réflexes, certains comportements que sans le vouloir, on contribue tous inconsciemment à les reproduire. Pour protéger, par amour, on construit ainsi du handicap. Il faut en finir avec le poids des stéréotypes, il faut permettre à chacun, fille et garçon, d’habiter son corps, d’être à 100 % de ses capacités, et prendre possession de l’espace. Avoir des chaussures pour être à l’aise partout, pour bouger, est un moyen. Moi, je suis toujours en baskets !

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