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Diane Dupré la Tour : « La relation est un besoin humain fondamental »

Diane Dupré la Tour : « La relation est un besoin humain fondamental »

#Causedumois| 30 Jan.2023

Alors qu’un Français sur cinq indique se sentir régulièrement seul*, Les Petites Cantines offrent à des personnes de tous horizons la possibilité de se rencontrer autour des plaisirs de la table. Diane Dupré La Tour, cofondatrice de l’association, nous raconte les origines de son engagement et les enjeux de son projet.

DianeDuprélaTour articleC’est quoi, les Petites Cantines ?

Les Petites Cantines, c’est un réseau de cantines de quartier, des sortes de restaurants participatifs dans lesquels chacun peut venir préparer et partager un repas. Visuellement, ça ressemble à de grandes cuisines ouvertes avec des plans de travail et de grands éviers pour que les habitants puissent faire la cuisine ensemble ; il y a aussi de grandes tables en bois avec des chaises dépareillées. L’idée, c’est que chacun mette la main à la pâte. Ceux qui le souhaitent viennent cuisiner, d’autres aident à mettre le couvert ou à couper le pain. D’autres encore mettent les pieds sous la table parce que parfois, ça fait du bien de prendre soin de soi. C’est un peu comme une prolongation du foyer dans l’espace public. Et tout est en alimentation durable : nous cuisinons du local, du circuit-court, des invendus bios du quartier… le tout dans une dynamique d’économie circulaire. Les repas sont proposés à prix libre, ce qui signifie que tout le monde donne quelque chose mais chacun donne ce qu’il veut. Nous sommes une association à but non lucratif, avec un modèle économique fondé sur le prix libre. Chaque Petite Cantine est une association autonome, appartenant à un réseau. Pour venir y manger, il faut adhérer à l’association, c’est-à-dire à la cantine la plus proche de chez soi, à prix libre. Chaque cantine réunit entre 800 et 2000 adhérents actifs, et propose en général entre 5 et 8 services par semaine. Un salarié sur place gère le lieu, mais ce n’est pas lui qui fait la cuisine. Il supervise la cuisine participative, dans laquelle les habitants du quartier se réunissent pour préparer à manger.

Comment est né votre projet ?

Il y a 10 ans, j’ai vécu un drame personnel et j’ai eu la chance d’être très entourée. Il y a eu un véritable raz-de-marée de solidarité : des voisins et des habitants du quartier m’ont aidée, ils m’ont apporté des plats qu’ils avaient cuisinés et m’ont sortie de la dynamique de repli dans laquelle je me trouvais. À l’issue de cette expérience, j’ai eu besoin et envie de changer de vie pour me tourner vers un projet plus essentiel à mes yeux. C’est comme ça qu’est née l’idée des cantines de quartier.

La première cantine a ouvert en 2016, à Lyon. On en compte 22 aujourd’hui, dont 9 sont déjà ouvertes à Lyon, Lille, Strasbourg, Annecy, Paris et Grenoble et 12 autres en cours de travaux, de signature de bail ou en recherche d’un local.

Quel est votre objectif ?

À l’origine, il s’agissait d’un projet très empirique : proposer un repas partagé aux habitants d’un quartier. Avec la pratique, nous nous sommes rendu compte que la richesse relationnelle était essentielle. Je pense qu’on a sous-estimé à quel point la relation est un besoin humain fondamental, au même titre que se nourrir, avoir un toit, un travail, etc. Peut-être même encore davantage. Et l’ingrédient indispensable à la qualité relationnelle, c’est la confiance : la confiance vis-à-vis des autres, mais aussi des institutions, du collectif… et la confiance en soi. La raison d’être des Petites Cantines, c’est de construire une société fondée sur la confiance, de proposer des lieux qui proposent une expérience positive de l’altérité. Nous essayons de déconstruire cette croyance selon laquelle la différence est une menace pour le groupe. Ce qui compte, ce n’est pas la quantité des liens sociaux, c’est la nature de ces liens. Lorsque nous sommes uniquement avec des gens qui nous ressemblent, notre « moi » est renforcé, mais on peut passer à côté du « je » car c’est lorsque qu’on est confronté à des personnes différentes que l’on se rend compte de notre singularité et de notre place dans le groupe. Cela permet de passer du « moi » au « je ». Et lorsqu’on a un « je » en bonne santé, ça donne un « nous » en bonne santé. Voilà le pourquoi des Petites Cantines.

Quels sont vos projets pour le futur ?

À court terme, notre ambition d’ici fin 2025 est de constituer un réseau d’une cinquantaine de cantines de quartier, et de réfléchir à d’autres initiatives qui vont dans le même sens. Si se sentir relié est un besoin fondamental, ce n’est pas inné. Il faut apprendre à entrer en relation les uns avec les autres. Parfois des violences, des conflits, des ruptures dans les parcours de vie empêchent d’entrer en relation les uns avec les autres. De la même manière que pour avoir le droit de vote, il faut avoir la capacité à lire et à écrire, je pense que pour avoir la possibilité d’entrer en relation, il faut déjà apprendre à le faire. À très long terme, notre ambition est donc de faire reconnaître la relation comme un besoin humain fondamental, et de réfléchir tous ensemble à ce que cela implique en termes de droits, pour se former aux compétences relationnelles. L’éducation est aujourd’hui obligatoire en France. Ne serait-il pas intéressant de démocratiser tous les outils de développement personnel, aujourd’hui réservés à une élite, pour les rendre accessibles à tous ? Je pense à tout ce qui est fait sur les premiers secours en santé mentale, en communication non violente, etc. Chaque citoyen devrait pouvoir développer des connaissances théoriques mais surtout pratiques de ces outils

*Source : Etudes Solitudes 2022 de la Fondation de France et  l’Observatoire de la philanthropie, en partenariat avec le Crédoc

 

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