Pépites 2024 de la Fondation de France : les temps forts de la soirée
La soirée « Pépites 2024, à la rencontre de ceux qui s’engagent », organisée par la Fondation de France, a eu lieu le mercredi 9 octobre à la Station F à Paris. 13 associations ont été distinguées pour les initiatives innovantes qu’elles mènent dans différents domaines de l’intérêt général.
« Parmi les 12 000 projets soutenus chaque année par la Fondation de France, les 13 Pépites à l’honneur sont des initiatives particulièrement porteuses d’espoir. Elles prouvent que, quelle que soit la cause, nous sommes tous unis par l'envie de construire un monde plus apaisé, solidaire et durable », a souligné Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, en ouverture de la soirée. Chaque année, la Fondation de France met en lumière des femmes et hommes engagés qui apportent des solutions aux grands enjeux contemporains : inclusion des plus vulnérables, santé mentale, logement, confiance des jeunes dans les institutions, etc.
Première association invitée sur scène, Graines de France agit par exemple pour réduire les tensions et instaurer un climat de confiance entre les jeunes des quartiers populaires et les représentants des forces de l’ordre. « Notre objectif est de créer des espaces de dialogue sécurisés dans lesquels ces publics vont pouvoir se rencontrer, échanger, partager des activités artistiques, culturelles, sportives, dans le but de s’enrichir mutuellement », a expliqué son fondateur Réda Didi.
Les lieux qui créent du lien
On voit de plus en plus émerger en France des lieux innovants qui favorisent les rencontres et la coopération autour d’activités communes. « Le Garage moderne à Bordeaux abrite un garage associatif, un atelier de réparation de vélos, une cantine solidaire, des résidences d’artistes… Toutes ces activités reposent sur un principe d’entraide. Nous sommes convaincus que chaque individu a des connaissances dans un domaine et peut donc apporter quelque chose aux autres », a précisé Julien Goret, fondateur du tiers-lieu.
Développer la confiance en soi et envers les autres est également l’ambition de Vincent Gabbardo, fondateur de l’association Les Mamies Gâteaux, qui propose des ateliers de cuisine où les personnes âgées apprennent à réaliser des pâtisseries, vendues ensuite dans un salon de thé solidaire. « Au fur et à mesure, nous avons élargi ces ateliers pour qu’ils deviennent un moment de partage entre les aînés et les nouvelles générations, afin qu’ils puissent échanger et s’entraider sur une multitude de sujets », a expliqué Vincent Gabbardo.
A Anteuil (Doubs), l’association Action Philippe Streit a créé un lieu d’accueil, de vie et de travail entièrement pensé pour les personnes en situation de handicap. « C’est en hommage à son frère Philippe, né en situation de handicap et décédé en 2017, que Bernard créé l’Action Philippe Streit, a expliqué Anaïs Denis, secrétaire générale de l’association. Sa dernière volonté était de consacrer son patrimoine à des actions en faveur des personnes ‘comme [lui]’. C’est pourquoi la mission de notre association est d’aider ces personnes à se reconstruire par le travail. » Au fil des années, l’association a développé tout un écosystème qui s'est enrichi au rythme des besoins des salariés, en créant un centre médicosocial pour qu'ils puissent suivre leur protocole de soins, une micro-crèche pour leur donner accès à un mode de garde pour leurs enfants… Autant de services qui facilitent leur insertion professionnelle et qui contribuent par la même occasion à revitaliser le territoire.
Changement de décor avec l’association La Poudrerie (Sevran), fondée par Valérie Suner, qui a choisi le théâtre comme vecteur de liens. L’association organise en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne des représentations gratuites à domicile, suivies de débats et de moments de convivialité. Aux côtés de comédiens professionnels, les habitants prennent part à la création des pièces, sur des thèmes inspirés de leur quotidien et de leurs parcours.
L’innovation sociale au cœur des territoires
Place ensuite à 4 autres Pépites qui ont en commun d’agir pour lutter contre la précarité en particulier dans le domaine du logement. L’association Quatorze, créée par Romain Minod, œuvre pour résorber les bidonvilles dans la métropole montpelliéraine grâce à la mise en œuvre de chantiers solidaires.
L’initiative Travaux suspendus, en Isère, s’inspire de la tradition italienne du café suspendu, qui consiste à payer un café supplémentaire pour en faire bénéficier une personne qui n’aurait pas les ressources nécessaires pour le régler. Ce projet repose sur une coopérative d’artisans qui proposent à leurs clients un arrondi solidaire sur le montant de leurs travaux. Les sommes collectées permettent de financer des chantiers de rénovation chez les ménages les plus précaires.
Du côté de Lille, le programme KAPS propose aux étudiants et jeunes de moins de 30 ans un dispositif de colocation à loyer très modéré en échange d’actions solidaires bénéfiques pour la vie de quartier (soutien scolaire, création de jardins partagés, …). « Notre but est de lutter contre les inégalités sociales qui sont particulièrement marquées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, a expliqué Catherine Kev, déléguée territoriale métropolitaine de l’Afev, association à l’origine du programme. Ces colocations solidaires permettent de s’attaquer au problème du logement des jeunes tout en dynamisant la vie locale ».
Camille Magré a quant à elle co-fondé à Toulouse la conserverie solidaire Bocalenvers pour lutter contre le gaspillage alimentaire tout en favorisant l’insertion professionnelle. Comment ? En proposant des conserves cuisinées par des personnes éloignées de l’emploi à partir de fruits et légumes invendus, puis vendues en circuit court dans les épiceries et commerces alimentaires locaux.
Régis Morel, créateur de l’association Là-Haut à Rennes, organise des séjours dans les arbres à destination des enfants et adolescents, afin de leur faire vivre une expérience enrichissante en lien avec la nature.
Les relations qui font du bien
La dernière séquence de la soirée était consacrée au sujet de la santé mentale. L’association Nightline a par exemple mis en place avec des étudiants bénévoles une ligne d’écoute pour d’autres étudiants en situation de souffrance psychologique : « Aujourd’hui, nous avons étoffé notre équipe avec des psychologues qui nous aident à expérimenter de nouveaux projets pour surmonter les tabous encore très présents sur les questions de santé mentale », a précisé Maëlle Aïssaoui, responsable des partenariats.
La Maison perchée est une structure non médicalisée et une communauté de pair-aidants qui accueille les jeunes atteints de troubles psychiques et leurs proches. L’objectif ? Proposer un accompagnement adapté par et pour les personnes concernées, associant des groupes de paroles et des activités sportives et artistiques partagées, afin de les aider à mieux appréhender leur maladie. « Cet accompagnement a vraiment été la brique manquante pour m’aider dans mon rétablissement face à ma maladie. Aujourd’hui, grâce à la richesse de l’accompagnement dont j’ai bénéficié, je me sens capable et cela me tient à cœur d’aider à mon tour des personnes qui souffrent de leur maladie », a expliqué Laura Ancian, bénéficiaire et aujourd’hui pair-aidante au sein de l’association.
Enfin, la Compagnie de l’Oiseau-Mouche à Roubaix, pionnière dans son domaine, est une troupe permanente de comédiens en situation de handicap, réunis par leur passion du théâtre. Cette association leur propose un cadre pour « se perfectionner, monter en compétences et prétendre à l’excellence artistique », grâce à la mise en place dans les murs du théâtre d’une « fabrique artistique qui favorise les expérimentations et permet des rencontres enrichissantes avec d’autres artistes », a souligné Léonor Baudoin, directrice de la compagnie, accompagnée sur scène par Kevin Lefebvre, comédien membre de l’Oiseau-Mouche, pour clore la soirée.
« C’est en travaillant ensemble dans une volonté de faire évoluer les systèmes que nous pouvons apporter ensemble des solutions concrètes, efficaces et durables à des problématiques majeures de la société », a conclu Alexandre Giraud, directeur de l’action philanthropique de la Fondation de France.
© Crédit photos : Cyril Marcilhacy
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