Solidarité Maroc : les priorités de la Fondation de France après 18 mois d’actions

Un an et demi après le séisme dévastateur qui a frappé le Maroc le 8 septembre 2023, faisant plus de 3000 morts, des milliers de blessés et de personnes sans-abri, la Fondation de France reste mobilisée sur le terrain pour répondre aux besoins des populations. Elle a déjà consacré plus de 5,1 millions d’euros au déploiement de 44 actions dans le territoire sinistré. Retour sur 18 mois d'actions au plus près des besoins.

Le séisme a majoritairement frappé le Haut Atlas marocain, une région rurale éloignée des infrastructures publiques. La dispersion des douars, souvent isolés les uns des autres, complique l'accès aux hôpitaux, écoles ou à l'administration. Suite au séisme, compte tenu des routes endommagées, cet accès est encore plus difficile : certains habitants doivent faire plusieurs heures de marche pour atteindre un centre de santé.

Accompagner la reconstruction

Si certaines infrastructures essentielles ont été reconstruites, de nombreux villages restent détruits. Parmi les initiatives soutenues, l'association Marrakech Entr'aide réhabilite des structures scolaires. À Ouarzazate, elle a par exemple reconstruit selon les normes antisismiques l'école Tareq Ben Ziad qui accueille plus de 200 élèves. L’association a également fourni du mobilier scolaire et de matériel pédagogique pour permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité.

L'école Tareq Ben Ziad, à Ouarzazate, a été reconstruite par l'association Marrakech Entr'aide.

La Fondation Architectes de l’urgence contribue également à la reconstruction durable des infrastructures endommagées. Ses architectes et ingénieurs interviennent pour garantir la sécurité des bâtiments. Elle a notamment réhabilité un internat de jeunes filles dans la ville d’Asni, avec le soutien de la Fondation Béatrice Schönberg. Une cinquantaine de jeunes filles issues de villages sinistrés ont pu poursuivre leur scolarité. Dans la ville de Moulay Brahim, la Fondation a construit un centre d'accueil pour la petite enfance, offrant des services de garde et des activités périscolaires. Dans la ville de Taddart, un nouveau réservoir d'eau, plus grand et adapté aux besoins de 150 foyers, a été installé et le réseau d'alimentation avec le puits remis en état.

Soutenir les enfants et préserver l’accès à l’éducation 

L'accès à l'éducation reste une priorité majeure particulièrement dans les zones rurales, où de nombreux enfants, notamment des filles, font face à des obstacles socio-économiques et culturels freinant leur scolarisation. L'AMESIP  (Association Marocaine d'Aide aux Enfants en Situation Précaire) gère une dizaine de centres d’accueil pour les enfants dans plusieurs villes marocaines, proposant des activités culturelles, des unités préscolaires et des formations pour lutter contre la maltraitance, l'abandon scolaire et le travail infantile. Suite au séisme, l'association a construit une structure d'accueil à Amizmiz pour héberger près de 150 enfants orphelins. Installé sur un terrain mis à disposition par les autorités, le village comprend 12 dortoirs, une cuisine, une infirmerie, des espaces d’enseignements, ... Les enfants bénéficient d'un encadrement assuré par des travailleurs sociaux proposant diverses activités culturelles et sportives.

À Marrakech, l'association Al Amane , agit pour l'égalité femmes-hommes, notamment chez les jeunes. Trois caravanes se déplacent dans Marrakech pour proposer des activités éducatives, culturelles et sportives (théâtre, danse, peinture, football, etc…). Près de 150 jeunes filles et 150 enfants en ont déjà bénéficié. L’association accompagne par ailleurs 60 jeunes filles en décrochage scolaire pour qu’elles puissent passer leurs examens en candidat libre. L’association a également créé deux coopératives, l'une agricole (production d'amlou, d'œufs, culture d'azola) et l'autre touristique, chargée d’organiser des activités pour attirer les visiteurs, comme la création de circuits touristiques et la mise en valeur des savoir-faire locaux. Ces coopératives génèrent des activités génératrices de revenus pour 200 femmes, qui sont formées à ces activités.

« Après le séisme, j’ai tout perdu. J’étais sans toit, sans nourritures et sans ressources. L’association Al Amane m’a fourni un hébergement et a répondu à mes besoins essentiels. J’ai pu suivre une formation professionnelle en informatique et en gestion de projets. J’ai décidé de monter un projet d’hébergement touristique dans mon village et c’est aujourd’hui mon activité. C’est grâce à ce genre d’initiatives que des femmes comme moi peuvent changer leur destin et celui de leurs familles. »

Hanane, 19 ans, accompagnée par l’association Al Amane

Faciliter l’accès aux soins et apporter un soutien psychologique

Dans les zones les plus isolées du Maroc, l'accès aux soins demeure un enjeu crucial. L’association Rangs d’Honneur  déploie des unités mobiles de radiologie et de soins dentaires. Ce dispositif, porté par des médecins bénévoles, répond aux urgences tout en garantissant un suivi médical durable dans les zones dépourvues d’infrastructures. Au sein de ses caravanes médico-chirurgico-sociales, l’association propose des consultations et des diagnostics pour des pathologies comme les cancers, les maladies infectieuses ou les troubles parodentaires. Cette initiative couvre l’ensemble des zones sinistrées, en particulier les territoires les plus enclavés du Haut-Atlas.

De son côté, l'Association de l'Enfance Handicapée (AEH)  œuvre pour l'inclusion sociale et économique des personnes en situation de handicap. Dans les zones rurales de la province de Taroudant, elle accompagne plus de 120 personnes dont près de 50 enfants en fournissant une aide d’urgence : soutien technique, soins médicaux, rééducation, réadaptation et soutien psychologique pour les personnes porteuses de handicap touchées par la catastrophe. Dans les villages de la région, l’association a mis en place des stands « Handicap » pour proposer un diagnostic personnalisé aux habitants. Elle se déplace également dans villages pour aider les personnes les plus isolées incapables de se déplacer, et fournit du matériel médical spécialisé. Un soutien psychologique est aussi proposé avec des groupes de parole et des séances individuelles assurés par des professionnels.

Contribuer à la relance économique

Favoriser l'autonomie économique des populations touchées par le séisme est un levier essentiel pour une reconstruction durable. Depuis sa création en 2018, l’association Maison Bonheur  accompagne des jeunes, notamment des jeunes femmes, en situation de précarité, en particulier dans les régions montagneuses. Elle leur propose des formations dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie. Ces formations sont suivies de stages, avec un accompagnement personnalisé dans la recherche de stages et d’emplois. Parallèlement, ces jeunes bénéficient d’un soutien psychosocial pour renforcer leur bien-être et leur intégration professionnelle.

L'association Maison Bonheur propose des formations de cuisine à des jeunes femmes.

L’association des Populations des Montagnes du Monde œuvre pour la défense et la valorisation des régions montagneuses du Maroc à travers des initiatives socio-économiques et culturelles. Elle soutient une trentaine de familles dans les douars de la commune rurale d’Ouirgane, dans la province d'Al Haouze, en leur distribuant du matériel agricole (semences, plantes et bétail) pour renforcer leur autonomie. Elle a également construit un bassin d’eau potable pour améliorer les conditions de production locale.

Construction d'un bassin d'eau potable dans la commune d’Ouirgane, par l’association des Populations des Montagnes du Monde.

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