Solidarité Maroc : 6 mois d’actions
Le Maroc a été frappé le 8 septembre 2023 par un séisme d’une ampleur exceptionnelle, faisant plus de 3000 morts, des milliers de blessés et de personnes sans-abri. Six mois plus tard, la situation humanitaire est toujours très tendue et les besoins demeurent considérables. Plus de 85 000 donateurs (particuliers, entreprises et fondations abritées) ont répondu à l’appel à la générosité lancé par la Fondation de France qui a ainsi collecté 10,8 millions d’euros.
Soutenir les plus vulnérables
Suite au séisme, de nombreuses personnes déjà vulnérables sont tombées dans une totale précarité. « Ce séisme a mis en lumière l’extrême isolement de la population vivant dans les montagnes mais aussi sa grande fragilité. La société civile marocaine, dynamique et engagée, joue un rôle essentiel dans l’accompagnement de ces communautés » explique Yosr Dallegi, chargée de programmes Urgences. Dans la région de Souss-Massa, la Fondation Amane travaille avec les associations locales des villages de montagne pour fournir aux populations une prise en charge globale : paniers alimentaires, kits d’hygiène, matériel éducatif, aide psychologique... Mattie, cheffe de projet au sein de la fondation, témoigne : « Dans ces villages enclavés, les besoins sont considérables. Certaines routes sont encore bloquées, ce qui complique l’acheminement des aides d’urgence. Les habitants de ces villages, notamment les enfants, vivent dans des conditions très précaires et notre soutien leur est essentiel ».
Pour venir en aide aux villageois très isolés de Taddart, au cœur du Moyen Atlas, l’association Elkhir a quant à elle installé un centre d’écoute mobile. Deux fois par mois, une équipe de professionnels vient dans le village pour proposer aux femmes et aux enfants un service d’écoute, d’orientation juridique et un soutien psychologique. L’association accompagne également les femmes afin de favoriser leur indépendance financière par l’apprentissage de métiers artisanaux : broderie, tissage, crochet. L’objectif : créer une coopérative afin de commercialiser leurs créations. Au-delà de l’autonomie des femmes, ce projet contribue aussi au développement économique du village.
L’association de l’Enfance Handicapée , dans la région de Taroudant, vient en aide aux personnes blessées en fournissant du matériel médical et en répondant aux besoins de rééducation et de réadaptation, avec une prise en charge par les professionnels de l’association.
À Marrakech, l’ALCS (association de lutte contre le sida) accompagne plus de 600 personnes vulnérables : sur le plan matériel (distribution de colis et bons alimentaires, kits d’hygiène…) mais aussi psychologique (soutien psychosocial et suivi post-traumatique) et médical (prise en charge de consultations et traitements).
Mettre à l’abri les populations sinistrées et accompagner la reconstruction
Durant les premières semaines qui ont suivi le séisme, la Fondation de France a déployé des aides d’urgence pour assurer la mise à l’abri des populations sinistrées grâce à des tentes, des containers ou des chapiteaux. La Fondation de France soutient par exemple l’ONG Jood, très impliquée sur la question du relogement, qui a installé 30 maisons préfabriquées et 30 blocs sanitaires, avec douches, lavabos et toilettes, dans les villages de Moulay Brahim, Talat N’Yaaqoub, Imgdal et Ljoukak. De son côté, l’association Nissae Souss accueille les femmes et leurs enfants dans son centre d’hébergement, et leur fournit des vêtements, repas, produits d’hygiène, médicaments, fournitures scolaires ainsi qu’un soutien psychologique.
« Six mois après le séisme, l’enjeu est de sortir de la phase d’urgence pour donner des perspectives aux populations en termes de logement, de travail et d’éducation. »
Karine Meaux, responsable Urgences de la Fondation de France
Mais ces solutions restent temporaires. « C’est pourquoi nous travaillons activement avec des architectes et ingénieurs pour trouver des solutions adaptées de renforcement et d’étayage des maisons relativement épargnées, pour que les habitants puissent s’y réinstaller en toute sécurité », explique Karine Meaux, responsable du pôle Urgences de la Fondation de France. C’est le cas de la Fondation Architectes de l’urgence qui reconstruit des bâtiments endommagés par le séisme. Elle réhabilite notamment un internat de jeunes filles dans la ville d’Asni, avec le soutien de la Fondation Béatrice Schönberg. Une cinquantaine de jeunes filles des villages sinistrés vont pouvoir poursuivre leurs études. Parmi les autres projets de reconstruction : un laboratoire d’artisanat pour une coopérative de femmes et un centre dédié à la petite enfance, proposant des services de garde et d’activités périscolaires à Moulay Brahim.
Maintenir l’accès à l’éducation
Avec le séisme, le risque de décrochage scolaire s’est accru. Plus de 500 écoles ont été détruites. L’association Al Jisr aménage 9 structures modulaires dans la province de Chichaoua, pour accueillir les enfants de cette région sinistrée.
L’INSAF (Institut national de solidarité avec les femmes en détresse), qui œuvre depuis 20 ans pour les droits des femmes et des enfants, a renforcé son accompagnement auprès des jeunes filles vulnérables en prenant en charge leur scolarité et en donnant des bourses à leurs parents. Grâce au soutien de la Fondation de France, 150 jeunes filles peuvent poursuivre leur scolarité et bénéficier d’un soutien psychologique post-traumatique.
Dans le village de Titane, dans les montagnes de Taroudant, l’association Tibu a réhabilité l’école partiellement détruite par le séisme et fourni du matériel scolaire et informatique pour assurer l’éducation des enfants. L’association a également construit un terrain de sport et lancé un programme baptisé « générations sportives » pour permettre aux jeunes de pratiquer une heure de sport par jour, encadrés par des éducateurs sportifs.
Contribuer à la relance économique
Pour favoriser progressivement le retour à une vie normale, contribuer à la relance économique constitue une priorité de l’action de la Fondation de France. Il s’agit notamment d’aider à reconstruire des commerces, des bâtiments agricoles... Les associations AgriSud et Norsys proposent par exemple à des personnes en situation de précarité de mettre en place des projets agricoles équitables, viables et écologiques (reconstruction des infrastructures endommagées, fourniture d’intrants, petits équipements et cheptel…).
Dans la province de Taroudant, très impactée par le séisme, un consortium de 6 organisations marocaines et françaises, animé par Migrations & Développement , collabore avec les acteurs locaux pour reconstruire les infrastructures de santé et d’éducation et redynamiser les zones sinistrées, en soutenant l’agriculture locale notamment.
L’IECD Maroc , soutenue par la Fondation de France et l’AFD, favorise quant à elle l’insertion professionnelle des jeunes avec des formations dans les filières du BTP, des énergies renouvelables, de l’électromécanique et de l’aide aux personnes à mobilité réduite. Sous forme de caravane itinérante, elle propose des ateliers d’initiation à l’entrepreneuriat. Elle offre également un soutien technique, financier et psychologique aux entrepreneurs dont les activités ont été affectées par le séisme.
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