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L’association Papoto rend accessible à tous les connaissances sur la petite enfance

18 septembre 2024

Parce que les premières années de la vie d’un enfant (entre 0 et 3 ans) sont déterminantes, l’association PAPOTO (PArentalité POur TOus), fondée en 2018 et soutenue par la Fondation de France depuis 2021, agit pour donner les mêmes chances à toutes les familles en termes d’accompagnement parental et d’éducation dans la petite enfance. Comment ? En rendant accessible à tous, en particulier aux familles les plus vulnérables, les connaissances scientifiques et pratiques ajustées aux besoins du jeune enfant.

itw nl 09 24D.R.Un terrain connu pour Gaëlle Guernalec-Levy, directrice co-fondatrice de l’association PAPOTO, qui a travaillé plus de 15 ans en tant que journaliste puis rédactrice en chef pour des magazines spécialisés sur la parentalité (Parents, Gynger). Plus de cinq ans après le lancement de PAPOTO, elle revient sur les modes d’action de l’association et ses perspectives pour les prochaines années.

Comment a été créée l’association PAPOTO ?

Le point de départ de l’association, c’est ma rencontre avec deux autres expertes en développement de l’enfant et en parentalité : Faustine Prat, psychologue, et Nadège Séverac, sociologue spécialisée dans la protection de l’enfance et les violences intrafamiliales. Dans nos métiers, nous avons fait le constat suivant : il existe de nombreuses données scientifiques prouvant l’impact des vulnérabilités psychosociales sur la parentalité et le développement des jeunes enfants, ainsi que des consensus scientifiques sur les pratiques parentales ajustées aux besoins fondamentaux des tout petits. Or, ces éléments ne sont pas suffisamment mis à profit pour effectuer de la prévention précoce. C’est pour y remédier que nous avons créé l’association PAPOTO, avec l’ambition de rendre ces consensus accessibles aux familles en situation de vulnérabilité (isolement social, précarité économique, fragilités psychiques, monoparentalité…). Toutes les familles doivent en effet pouvoir accéder à ces connaissances car elles peuvent en tirer d’énormes bénéfices.

Quelles ont été vos premières actions pour vous adresser à ces familles en situation de vulnérabilité ?

Notre première action concrète a été de recenser les données scientifiques existantes en lien avec la petite enfance. À partir de cette matière très riche, nous avons développé des capsules vidéo courtes (2 à 3 minutes) qui abordent des thèmes cruciaux de la petite enfance tels que le développement cognitif et socio-émotionnel des enfants, l’acquisition du langage, le besoin de sécurité affective, la discipline positive… Le choix des thèmes répond à deux conditions : d’abord, le sujet traité doit faire consensus sur le plan scientifique et être considéré comme crucial pour le développement de l’enfant. Il doit également tenir compte du gradient social, c’est-à-dire des potentielles inégalités de développement entre les enfants en fonction du statut socioéconomique de leurs familles. Ce dernier point est fondamental : chez PAPOTO, nous ne traitons pas de sujets en lien avec le développement moteur car, même s’ils sont essentiels, nous considérons que leur gradient social est moins fort que celui du développement cognitif et socio-émotionnel.

Afin d’être accessible au plus grand nombre, et notamment aux familles qui ne maîtrisent pas ou peu la langue française, les vidéos sont toutes doublées en plusieurs langues (dix films sont doublés en 19 langues et trois films en 6 langues). Pour partager ces vidéos avec les familles, nous avons ensuite imaginé un cycle d’ateliers dans lesquels elles servent de point de départ à des échanges entre les parents et des animateurs PAPOTO. Ces séances sont organisées dans les locaux de nos partenaires de terrain connus des familles : des centres sociaux, des maisons de quartier, des centres d’hébergement d’urgence, des PMI… tous situés dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Comment se déroulent ces ateliers ?

Nous proposons un cycle de 7 ateliers, à raison d’un atelier par semaine ou toutes les 2 semaines. Chaque séance commence par le visionnage en groupe d’une ou de deux vidéos, suivi d’échanges encadrés par une animatrice de PAPOTO.

Les familles sont évidemment sensibles aux questions éducatives et de développement des jeunes enfants mais les difficultés qu’elles rencontrent au quotidien peuvent les détourner de ces sujets. Le fait que les ateliers soient collectifs facilite l’adhésion des parents. Cela leur permet de sortir d’un certain isolement, de réaliser que leurs difficultés sont aussi vécues par d’autres familles, et de ne pas se sentir stigmatisés.

Ces ateliers sont aussi un moment où les parents évoquent leurs propres expériences, l’importance de leurs traditions familiales ou culturelles, les repères éducatifs hérités de leurs parents et auxquels ils se raccrochent éventuellement… Cela donne lieu à des discussions et des débats entre les participants, encadrés par PAPOTO, et cela vient compléter le contenu que nous leur apportons.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans la réalisation de vos actions ?

L’une de nos difficultés majeures est de maintenir l'engagement des familles sur la durée. Nous travaillons avec des publics très fragiles, souvent confrontés à des situations d'urgence qui rendent difficile leur participation continue aux ateliers. Pour y remédier, nous avons mis en place un suivi régulier auquel prennent part nos partenaires de terrain, pour rester en contact avec les familles et les encourager à participer. Cette démarche est d’ailleurs valorisante pour les parents : ils comprennent que leur présence est nécessaire pour que les séances se déroulent dans de bonnes conditions, ce qui suscite souvent un regain d’engagement de leur part.

L’autre grand enjeu, c’est de ne pas passer à côté de certains parents en raison de critères de sélection trop stricts. PAPOTO s’inscrit dans le cadre de l’universalisme proportionné, c’est-à-dire prodiguer des services de qualité à tous, en les adaptant en fonction de la situation des familles et de l’intensité de leur besoin. C’est une approche qui nous semble équilibrée car elle doit permettre de ne laisser personne de côté, tout en concentrant une partie des efforts là où les besoins sont les plus prégnants.

Nous avons conscience que tout parent, même sans facteur de vulnérabilité identifié, peut être confronté à un moment donné à une difficulté ou à une angoisse qui le rend vulnérable, comme dans le cas d’un épisode de dépression post-partum. C’est donc essentiel qu’en dehors de nos actions plutôt destinées à un public présentant des critères de vulnérabilité psychosociale, d’autres dispositifs à dimension plus généraliste, comme les lieux d’accueil parent/enfant ou les cafés des parents, puissent continuer de proposer des actions à toutes les familles.

Quels autres modes d’accompagnement proposez-vous aux parents ?

Nous avons récemment conçu, en partenariat avec des écoles maternelles, un programme appelé « L’accrochage scolaire », qui repose sur des temps d’intervention brefs dans les écoles. En juin et septembre, les équipes de PAPOTO prennent part à de courtes réunions d’information organisées par le directeur d’établissement  pour sensibiliser les familles à des actions simples quotidiennes, à la portée de tous, qui sont bénéfiques pour l’éveil cognitif et la scolarité des enfants : respecter un rythme régulier (heure de coucher fixe, raconter une histoire le soir…), avoir des moments de dialogue tous les jours, mener une activité stimulante avec eux (faire la cuisine, quelques minutes de jeu parent/enfant…). Environ un mois après ces rencontres, les parents sont recontactés par PAPOTO pour livrer leur ressenti et expliquer comment ils ont pu mettre en pratique nos conseils.

Quelles sont les ambitions de l’association PAPOTO pour les prochaines années ?

Nous avons des retours très encourageants sur nos interventions dans les écoles maternelles donc nous allons évidemment poursuivre dans cette voie. En parallèle de nos cycles d’ateliers, nous avons commencé à former des professionnels de certaines structures partenaires pour qu’ils s’approprient nos outils et méthodes, et les internalisent. À Grigny (91) par exemple, nous intervenons nous-mêmes dans différents lieux de la ville, tout en formant des éducatrices de jeunes enfants (EJE) qui animent ensuite elles-mêmes des ateliers. Cela permet d’augmenter notre impact et de consolider la pérennité des projets.

Nous avons également développé un programme intitulé « Les besoins fondamentaux du jeune enfant dans la cité », avec le soutien de la Fondation de France. Il est en phase avec la stratégie des 1000 premiers jours et vise à la prévention précoce des troubles, retards, maltraitances et inégalités de développement dans ces quartiers. Nous réfléchissons à notre futur déploiement et à la façon de démultiplier notre impact. Il peut s’agir de l’implantation dans de nouveaux territoires, comme dans l’agglomération lyonnaise cette année, ou de la mise en place de partenariats avec d’autres structures associatives. 

© Crédit photo : Association PAPOTO


#CAUSEDUMOIS\NOUVELLES GENERATIONS

POUR EN SAVOIR PLUS

→ Agir ensemble sur les inégalités de la petite enfance
→ Enfance et éducation : donner les mêmes chances à tous