Le sport : un levier pour se réapproprier son corps ?
Et si le sport était aussi une manière de se réconcilier avec son histoire ? L’association Entraide et solidarités basée à Tours a lancé le projet « Bien dans mes baskets, bien dans ma tête » et met en place des ateliers bien-être et sportifs à destination des publics en situation de grande exclusion.
Créée en 1947, Entraide et solidarités compte aujourd’hui 14 sites d’activités dans la région. Elle accompagne, héberge, soigne et forme des personnes en situation de vulnérabilité, notamment avec la Résidence « La Chambrerie » qui propose des lits d’accueil médicalisés et des lits halte soins santé aux personnes sans domicile ou souffrant de pathologies invalidantes ou handicapantes. Il y a 5 ans, l’association a mis en place une « semaine de bien-être » pour les personnes hébergées. Soutenue par la Fondation de France Grand Ouest pour trois ans, cette activité a fait la preuve de son efficacité.
Un lieu de partage pour prendre soin de soi et retrouver confiance
Pour l’association Entraide et solidarités, le sport est un prolongement des soins médicaux et infirmiers. Véronique Livera, responsable du secteur santé au pôle social et médical de la Chambrerie, explique : « La bonne santé ne signifie pas une absence de maladie, c’est un état complet de bien-être physique, mental et social. Et cet état peut être atteint grâce au sport, à la relaxation ou au yoga par exemple. »
Entraide et solidarités propose ces ateliers aux personnes hébergées au sein de la résidence. « Ce sont des personnes qui ont vécu des choses très difficiles, souvent des personnes malades, handicapées ou victimes de violences ». L’association est notamment en lien avec un centre hospitalier qui abrite en urgence des femmes victimes de violences conjugales.
Afin de leur offrir le parcours de soin le plus complet possible, la Chambrerie a décidé d’organiser il y a quelques années une semaine dédiée au bien-être avec des ateliers sportifs, diététiques, culturels et de relaxation. À ce jour, ils sont hebdomadaires et le personnel d’animation compte 8 intervenants.
L’équipe associative a rapidement constaté les bienfaits de ces ateliers : dynamique de groupe, prises d’initiatives et ouverture aux autres... autant de leviers importants pour le rétablissement. Pour des personnes primo-arrivantes, isolées ou des femmes victimes de violences, ce dispositif permet de créer du lien social et de reprendre confiance en soi et en les autres. Les temps d’échanges organisés permettent aux patients du centre hospitalier les plus méfiants de rencontrer de nouvelles personnes dans un cadre sécurisant. « Ces ateliers ont permis à beaucoup de bénéficiaires d’avoir un réel espace d’expression. Certains ont créé des relations, et parfois même repris contact avec leur famille ».
Cette initiative est un véritable tremplin qui permet de se réconcilier avec son corps par la dynamique sportive. « Ces ateliers sont des outils de transformations physiques et sociales. Ils permettent de se réapproprier son histoire, de se reprendre en main ». Les animateurs professionnels sont sensibilisés aux différents publics de la Chambrerie et adaptent leurs séances : « Elles sont toujours personnalisées en fonction des maux et des besoins de chacun. Nous pouvons nous adapter à des problématiques spécifiques, comme des douleurs suite à une opération lourde. » précise Alexis Peyrot, animateur de l’association Entraide et solidarités.
Grâce pour partie au soutien de la Fondation de France, l’offre sportive s’est diversifiée avec des séances d’éveil corporel ou de gymnastique. Ces ateliers constituent aussi des espaces de convivialité, que les femmes apprécient particulièrement lors des séances de yoga et de danse. Elles s’encouragent, s’entraident et créent ainsi une véritable émulation collective. Ces séances sont aussi l’occasion de partager des connaissances culturelles, avec des musiques et des danses du monde, souvent à la demande des participant(e)s, qui collaborent à l’organisation. « Nos bénéficiaires comprennent qu’ils peuvent devenir ce qu’ils ont envie de devenir, et surtout qu’ils peuvent sortir de leurs souffrances » nous explique Véronique Livera.
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