Unir nos forces pour une transition écologique, juste et solidaire
La transition écologique sera économique, juste et solidaire… ou ne sera pas. Parce qu’elle est systémique et nous impose de transformer en profondeur nos manières d’agir, de vivre et de consommer, il est nécessaire d’agir de manière globale avec des projets qui mêlent justice sociale, écologie, économie et gouvernance collective. Une conviction de la Fondation de France qui a fait évoluer son approche au fil des décennies.
Depuis plus de 50 ans, la Fondation de France soutient de nombreuses initiatives œuvrant pour la transformation des rapports que notre société entretient avec le vivant : soutien à l’agroforesterie, à l’agroécologie, restauration d’écosystèmes dégradés, protection de la biodiversité… Aujourd’hui, au-delà des changements de comportements à encourager et des nouveaux modèles de production à développer, l’enjeu est de favoriser une transition écologique pour tous et par tous. « La transition écologique est à l’intersection de l’écologie, de l’économie, de la démocratie et du social. Si l’on veut la réussir, nous devons revoir l’organisation même de nos sociétés », explique Laetitia Bertholet, responsable Climat et biodiversité. Pour agir dans ce domaine, la Fondation de France a initié un nouveau Collectif d’action avec des fondations abritées autour de trois grands axes d’intervention prioritaires : transformer nos modes de décision en y associant toutes les parties prenantes, transformer nos manières de produire et de consommer, et transformer nos manières de nous représenter au sein du vivant.
Changer les pratiques
Pour transformer nos systèmes alimentaires en profondeur, de nombreuses initiatives germent partout en France et prouvent qu’un changement est possible. L’échelle territoriale s’avère particulièrement pertinente pour initier de nouvelles pratiques parce qu’elle facilite la mobilisation de tous les acteurs concernés, la coopération et l’expérimentation. C’est le cas par exemple de Triticum , soutenue par la Fondation de France. Implantée en Normandie, cette association a permis de recréer une filière de céréales anciennes et locales, en concertation avec toutes les parties prenantes : producteurs (paysans, meuniers, boulangers), consommateurs mais aussi collectivités locales et chercheurs.
C’est également localement que s’inscrit le projet TETRAA (Territoires en Transition Agroécologique et Alimentaire), soutenu par la Fondation Carasso, engagée pour une démocratie alimentaire. Mené en collaboration avec l’école d’ingénieurs AgroParisTech, ce programme accompagne neuf territoires pilotes pour les aider à développer des systèmes agricoles et alimentaires plus écologiques, solidaires et démocratiques. Le but : accélérer le changement de pratiques en impliquant tous les acteurs concernés (producteurs, professionnels de la santé, de l’environnement, de l’éducation, élus) et documenter la démarche pour produire des outils méthodologiques sur la concertation, la formation aux nouvelles pratiques, les évaluations d’impact, etc. Comme l’explique Benoît Mounier, directeur général de la Fondation Carasso : « Après quatre années de mise en œuvre, notre objectif est d’analyser les leviers et les freins pour inspirer et outiller d’autres territoires afin de faciliter le passage à l’action. »
Autre exemple de projet soutenu qui favorise la gouvernance collective de biens communs : l’Assemblée populaire du Rhône. Initiée par l’association id·eau, cette démarche participative et démocratique vise à impliquer les citoyens dans la préservation du fleuve et de son bassin versant. La Fondation de France s'engage également pour favoriser une gestion vertueuse des forêts. Elle soutient par exemple l’association Sylv’ACCTES qui accompagne des propriétaires forestiers pour leur permettre d’adopter des techniques de sylviculture respectueuses des écosystèmes et de la biodiversité.
Enfin, afin d’encourager des modes de consommation plus sobres et moins « jetables », la Fondation de France soutient des initiatives qui favorisent l’économie circulaire, les low-tech et le « faire soi-même » : des ressourceries (par exemple La R’mize en Haute-Savoie , Ikos à Bordeaux , ...), la coopérative L’Atelier Paysan, qui accompagne les agriculteurs dans la conception et la fabrication de leurs propres machines et de bâtiments adaptés à une agroécologie paysanne, ou encore le RFFLabs, réseau qui réunit des FabLabs, ces espaces de fabrication partagée.
Impliquer les publics précaires dans les projets de transition écologique
L’inclusion de tous les publics, y compris les plus précaires, est indispensable si l’on veut faire évoluer les pratiques. Dans le domaine de l’habitat par exemple, l’association Groupe Amitié Fraternité permet à des personnes en situation de grande précarité de participer à l’isolation de leur logement ou bien d’accéder à un habitat en bois, issu de matériaux locaux et écologiques. Née à Toulouse il y a trente ans de la volonté de personnes issues de la rue, l’association est aujourd’hui soutenue par la Fondation Castorama.
Autre initiative dans le domaine de l’alimentation : à Montpellier, une caisse alimentaire commune a été constituée afin de garantir l’accès à une alimentation locale, saine, et respectueuse de l’environnement, pour toutes et tous. Son fonctionnement est simple : les participants cotisent à la caisse en fonction de leurs moyens et peuvent ensuite dépenser 100 euros par mois de denrées alimentaires dans des lieux partenaires. La caisse prend en charge une partie de la somme pour les personnes ayant de faibles ressources, grâce à des subventions publiques et privées. Résultats : après un an d’expérimentation, près de 350 personnes cotisent à la caisse et de nombreuses collectivités et associations souhaitent reproduire ce projet sur leurs territoires. Une expérimentation réussie soutenue par la Fondation de France et 25 organisations partenaires.
Boris et Clémence ont créé l’association La Terre en partage , soutenue par la Fondation Lemarchand, dans une ferme du Limousin. Ils y accueillent des demandeurs d’asile et leur proposent non seulement un hébergement mais aussi un accompagnement global, des cours de français et un apprentissage du maraîchage et de la commercialisation des produits de la ferme. Le temps d’attente lié à la procédure devient ainsi un temps d’action pour les demandeurs d’asile, mais aussi de création de liens sociaux et de redynamisation des territoires ruraux.
Changer notre rapport au vivant
Pour sortir d’un fonctionnement anthropocentré destructeur et reconnecter les humains au vivant, les actions de sensibilisation et d’éducation sont indispensables.
L’association Banlieues climat , née en 2023 et soutenue par la Fondation de France, vise ainsi à sensibiliser les habitants des quartiers populaires aux enjeux climatiques. L’association multiplie les formations, notamment auprès des jeunes et des femmes, pour montrer combien le changement climatique a une incidence directe sur leur vie quotidienne. Co-construites avec des chercheurs, ces formations ont été labellisées par le ministère de l’Enseignement et de la Recherche. Pour Sanaa Saitouli, cofondatrice de Banlieues climat : « L’objectif est de raccrocher les quartiers populaires à des sujets essentiels tels que la santé, le changement climatique, l’écologie… Nous en avions assez que l’on parle de ces sujets à notre place, alors que nous sommes les premiers à en subir les conséquences. »
Initier un changement de pédagogie et reconnecter les enfants avec l’environnement naturel est au cœur du dispositif Grandir en lien avec la nature. Soutenue par la Fondation de France et les Fondations Lemarchand, Iris, Léa Nature/Jardin BIO, Nature & Découvertes, Terra Symbiosis et Une Goutte d’eau pour notre planète, cette initiative collective développe les classes dehors au sein de l’école publique. Inspirées des « forest schools » des pays nordiques, elles proposent des programmes d’éducation à la nature mais aussi le développement des apprentissages de base en extérieur.
Cette démarche s’inscrit dans la continuité de l’engagement de la Fondation de France pour l’éducation à la biodiversité, illustrée depuis de nombreuses années par l'activité de l'école de la nature, au sein du parc animalier de Branféré. Objectif : contribuer à sensibiliser une génération qui sera en première ligne pour inventer d’autres manières de vivre sur la planète.
#CAUSEDUMOIS\TRANSITION ECOLOGIQUE - MAI 2024
→ La gestion vertueuse des forêts, un enjeu prioritaire de la transition écologique
→ Démocratie alimentaire : l'initiative pionnière de la Caisse commune de Montpellier
→ 3 questions à Laetitia Bertholet, responsable du Collectif d'action Transition écologique juste et solidaire
→ Le laboratoire plastique de Pamparigouste : l'étang de Berre au coeur d'une initiative citoyenne et scientifique
POUR ALLER PLUS LOIN
→ Climat et biodiversité, la philanthropie en action
→ CO3, retour sur 5 ans de soutien à la recherche participative