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Trois questions à Isabel Toutaud, déléguée générale de la Fondation Afnic pour la solidarité numérique

28 janvier 2022

« Pour un internet accessible, solidaire et responsable »

isabel toutaud 2Quelles sont les missions de la Fondation Afnic ?

La Fondation Afnicpour la solidarité numérique s’engage pour le développement d’un internet solidaire. Le numérique est désormais présent massivement dans notre société. Son appropriation par les utilisateurs est très variable et son usage est devenu inévitable pour la recherche d’un emploi, d’un logement, de loisirs… certaines personnes peuvent donc se sentir exclues comme les personnes en situation de précarité et les personnes âgées. Nous souhaitons former et sensibiliser le plus grand nombre à ses usages, et favoriser les initiatives locales de projets numériques. Depuis six ans, nous avons soutenu plus de 330 projets dont la création et l’animation de plateformes de financement participatif, de site web, logiciels, applications, objets connectés, également des formations, des ouvertures de lieux d’aide au numérique… Nous nous adressons à des publics fragilisés par la crise économique, en milieu rural et urbain, des personnes illettrées, migrantes, mais aussi des détenus. Les thématiques de nos projets se répartissent entre le développement territorial, l’éducation, la formation, l’environnement, l’habitat, l’insertion, l’emploi, la santé, le handicap, la culture, la citoyenneté, la médiation numérique et la transformation des organisations.

Créée en 2015, la Fondation Afnic pour la solidarité numérique bénéficie du soutien de l’Afnic, qui met au service de la communauté internet locale 90 % des bénéfices du .FR pour le développement d’un internet solidaire. La Fondation Afnic a étudié plus de 2141 candidatures et a soutenu 336 projets pour un budget de plus de 6,2 millions d’euros.

Depuis six ans, la Fondation Afnic a soutenu 336 projets répartis en outils :

icone_afnic_1.jpg

21 créations
ou modifications d'outils

icone afnic 2

41 développements de logiciels
ou d'applications

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22 animations de plateformes
ou de sites web

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23 ouvertures
ou modifications de lieux

icone afnic 5

158 ateliers
ou contenus de formation

icone afnic 6

8 dispositifs
culturels multimédia

Plus concrètement, quels sont les types d’actions que vous soutenez ?

Depuis sa création en 2015, la Fondation Afnic agit là où les besoins sont peu ou mal couverts. Après le lancement de notre premier appel à projets en 2016, nous avons eu beaucoup de projets de tiers-lieux, puis l’année d’après, des projets d’objets connectés pour faciliter la vie des personnes handicapées. En 2018, nous nous sommes attachés à soutenir la transformation interne des structures pour qu’elles puissent mieux accompagner les bénéficiaires. Enfin, pour la deuxième année consécutive, nous avons mené deux appels à projets en soutenant partout en France, des dispositifs de terrain répondant à :

  • l’animation d’ateliers collectifs intitulé « ateliers de médiation numérique » pour permettre la découverte et l’apprentissage des outils numériques ;
  • le développement de solutions diverses pour venir en aide aux personnes en difficultés intitulé « le numérique au service d’une société plus équitable ».

En 2021, nous sommes fiers d’avoir soutenu 92 nouvelles initiatives pour 1 313 619 euros.

Parmi les 55 ateliers de médiation numérique, nous avons soutenu des ateliers d’éducation des jeunes au média expliquant l’importance de la protection des données personnelles, des groupes de travail pour des publics en difficulté numérique (faible maîtrise de l’écrit ou de la langue française, difficulté d’accès à un équipement informatique, etc.) confrontés à des difficultés d’utilisation quotidienne des outils numériques, notamment pour effectuer leurs démarches administratives (Pole Emploi, CAF, etc.).

Pour mettre le numérique au service de l’intérêt général, 37 projets ont été retenus comme WeTechCare « E-parentalité et numérique » qui vise l’apprentissage de la e-parentalité par des modules de formations (prévention des risques, utilisation éclairée des réseaux sociaux, cyber harcèlement…). Egalement, la création de la plateforme Chemins d’avenirs « Digital et égalité des chances » dédiée à un public de jeunes ruraux (65 % des jeunes en France) permet de bénéficier du parcours académique, professionnel et citoyen de Chemins d’avenirs à travers des ressources en ligne, l’accès à un écosystème ainsi qu’à une communauté de jeunes pairs engagés dans le parcours (aides, rencontres, réseau etc..).

> Découvrir la liste des projets soutenus 2021 

Enfin, face à la crise sanitaire, nous avons apporté notre aide à nos porteurs de projets et financé l’achat d’ordinateurs pour des jeunes déscolarisés, une ligne d’écoute pour des seniors isolés, la mise à jour d’une plateforme d’informations pour les personnes sans-abri. Une dizaine d’associations ont été aidées à reprendre leurs activités habituelles de soutien des plus fragiles dans le cadre de la Covid19.

Comment avez-vous fait évoluer votre méthode d’accompagnement ?

Nous avons une approche globale d’accompagnement et sommes soucieux de la réussite de chaque porteur de projet. Chacun de nos instructeurs suit les lauréats sur le long terme et participe à l’animation de notre communauté. Nous encourageons également l’essaimage et la duplication des projets ayant fait leur preuve. Nous partageons une vision de co-construction et d’animation participative. Nous avons d’ailleurs déployé différents moyens pour faire vivre notre communauté.

Par exemple, avant la crise de la Covid 19, nous organisions une rencontre annuelle et physique avec tous les lauréats pour leur permettre d’échanger entre eux, de venir présenter leur projet et leur expliquer le fonctionnement de la fondation. Dorénavant, cette rencontre se déroule en format virtuel sur une semaine : chaque jour, un groupe, une thématique et le témoignage d’un ancien lauréat. Par exemple en 2020, nous avions invité le créateur de My Human Kit, un porteur de projet emblématique de la Fondation Afnic qui a su faire partager son enthousiasme et expliquer la manière dont il travaillait au quotidien ainsi que les relations que nous entretenions. C’est rassurant pour tous nouveaux porteurs de projets ! Nous essayons toujours de susciter des échanges, des temps de rencontre pour que chaque porteur de projet puisse apprendre et s’enrichir mutuellement. Nous avons également mis en place des moments de discussion pour aider au montage des projets, favoriser les mises en relation entre porteurs et restons disponibles pour tout conseil.

Afin de favoriser les échanges d’informations et les bonnes pratiques, nous avons lancé une ressourcerie, une plateforme disponible en libre-service sur notre site internet. Cette plateforme permet de profiter des retours d’expérience des projets soutenus, de trouver des formations et des prestations, de se cultiver et de maîtriser divers outils numériques. En outre, cet espace permet à tous ceux qui le souhaitent, de se lancer dans un projet numérique solidaire et de prendre contact avec les porteurs de projets soutenus, partout en France.

Toujours dans cette volonté de créer une dynamique participative, et parce que les lauréats de la fondation sont localisés aux quatre coins du territoire national français, nous avons lancé les Kfé Papote ! Il s’agit d’un nouveau format de rencontre gratuit pour sensibiliser les porteurs de projets à une thématique spécifique. Les lauréats sont acteurs de ces Kfé car ils peuvent proposer les sujets et s’inscrivent en fonction de leur besoin. Cela peut être une formation sur le crowfunding animée par un ancien bénéficiaire, sur un outil pour aider l’insertion professionnelle des jeunes… La Fondation Afnic convie celles et ceux qui ont envie de parler de leur expérience aux autres et de se prêter au jeu des questions/réponses. A la suite de ces rencontres, de nouvelles relations se nouent et des envies de déploiement sur de nouveaux territoires se dessinent.

Les enjeux du numérique en France

+d’1/3 usagers manque de compétences numériques de base *

+d’1/4 usagers ne sait pas s’informer via Internet *

+d’1/5 usagers est incapable de communiquer via Internet *

17 % de la population est concernée par l’illectronisme (illettrisme numérique) *

Les personnes les plus âgées, les moins diplômées, aux revenus modestes, celles vivant seules ou en couple sans enfant ou encore résidant dans les DOM sont les plus touchées par le défaut d’équipement comme par le manque de compétences.

Le niveau global de compétences numériques en France, est semblable à la moyenne européenne.

* Enquête annuelle Insee auprès des ménages sur les technologies de l’information et de la communication - Octobre 2019.