Numérique : les technologies qui favorisent l’inclusion des personnes en situation de handicap
Le 29 octobre dernier, le groupe de travail « Handicap et Inclusion » a organisé son 3e atelier d’échanges et de partage de bonnes pratiques autour de la question du handicap et des nouvelles technologies. En présence d’une vingtaine de participants, dont plusieurs fondations abritées, quatre intervenants en situation de handicap ont témoigné durant cet atelier, animé par Pascal Vinarnic de la Fondation Demeter.
Les intervenant sont unanimes : les innovations technologiques constituent depuis une vingtaine d’années un formidable progrès dans la vie des personnes handicapées. Néanmoins, tous s’accordent pour dire que ce progrès ne vaut que si certaines conditions sont respectées. « Les outils doivent être conçus avec les utilisateurs. Il existe de nombreux exemples d’idées formidables qui ne servent pas en pratique car elles sont réalisées par des personnes qui n’ont pas l’expérience du handicap concerné », explique Clément Gass, responsable des associations Elandicap et Vue du Coeur et créateur d’un GPS pour malvoyants. Par ailleurs, c’est dès leur conception que les outils numériques doivent être prévus pour le handicap et selon les standards les plus ouverts possibles. « Transformer un outil qui existe déjà pour le rendre accessible coûte cher », analyse Clément Glass.
Exemple de projet : le fablab rennais My Humant Kit pousse encore plus loin l’implication des utilisateurs puisqu’ils y fabriquent eux-mêmes leurs aides techniques, grâce à la participation des membres de l’associations et dans un esprit de partage d’expérience. Pour Nicolas Huchet, le co-fondateur de My Human Kit, « l’objectif est à la fois de fabriquer collectivement des objets pour faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap et de partager ces inventions. »
Visibilité et épanouissement
Autre constat partagé : les technologies issues du numérique apportent plus de visibilité dans la société aux personnes en situation de handicap. Clément Gass rappelle que « seulement «5% des personnes aveugles de naissance sortent de chez elle. Souvent, elles doivent faire appel à un tiers et ont peur de déranger ». Grâce au GPS qu’il a conçu, une personne malvoyante peut se déplacer partout en toute autonomie. Elle peut ainsi se rendre visible au reste de la population, à l’exemple de Clément Gass qui est lui-même champion de trail. Une visibilité également accrue dans le monde de l’entreprise où, selon Philippe Murat, président des Handipreneurs, association de soutien au financement de jeunes entreprises dans le domaine du handicap, « on dénombre 75 000 entrepreneurs handicapés et 3 000 entreprises sont créées chaque année », et cela en grande partie grâce aux techniques issues du numérique.
La technologie permet également de changer la manière dont la personne appréhende son handicap. La formation aux nouvelles technologies demande une implication forte qui grâce aux compétences acquises renforcent l’estime de soi, l’échange et la communication avec les autres. Cette réflexion sur la manière d’apporter des solutions au handicap met en quelque sorte celui-ci à distance. « Le fait de m’intéresser à mon handicap a permis de changer mon regard sur le handicap », déclare Charlie Dréano, président de Human Kit Lab. « C’est le message que veut transmettre l’association : nous sommes dans une démarche d’épanouissement personnel en ayant une vie comme tout le monde. »
Un accompagnement dans la durée
Mais ces nouveaux services et outils adaptés prennent beaucoup de temps à être créés. Certains projets peuvent même ne pas voir le jour, les résultats étant très longs. D’où le rôle important que les fondations peuvent jouer, en accompagnant notamment les créateurs dans la durée. « Les injonctions d’impact, de changement d’échelle, de modèle économique doivent être appréhendées autrement, en tenant compte du temps nécessaire de recherche et développement. », souligne Nicolas Huchet. Les fondations peuvent également avoir une fonction importante en aidant les associations à diffuser ces technologies auprès des personnes en situation de handicap. Comme l’explique Clément Gass, « Dans le domaine du handicap, Il y a un enjeu de formation des utilisateurs et ces formations sont souvent plus longues à mettre en place. » . Dans ce domaine du numérique où il est plus communément admis que ce sont des entreprises comme les startups qui sont le moteur de l’innovation, et parce que leur objectif n’est pas la rentabilité mais le bien-être des usagers, les associations ont besoin d’être soutenues par les fondations pour mener à bien leurs projets.
Le groupe Handicap et Inclusion
Créé à l’automne 2019, le groupe « Handicap et inclusion » regroupe des fondations abritées à la Fondation de France, qui agissent dans le domaine du handicap. Il s’est donné pour objectif de faire changer le regard sur le handicap et ainsi participer à la construction d'une société plus inclusive, au travers d’une réflexion ou d’actions communes.
Pour Marie Nezam, responsable du programme Handicap à la Fondation de France, « Il est important que les fondations abritées de ce secteur puissent se connaître, identifient les domaines d'intervention des unes et des autres, échangent sur les bonnes pratiques et se coordonnent pour cofinancer des projets. »
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