Solidarité Turquie - Syrie : la Fondation de France poursuit son soutien aux plus vulnérables
Plus de deux ans après les séismes qui ont dévasté une partie de la Turquie et de la Syrie, les besoins humanitaires restent immenses de part et d’autre de la frontière. Du 2 au 11 juillet dernier, Yosr Dallegi, chargée de programmes urgences de la Fondation de France, et deux membres du comité Solidarité Turquie-Syrie - Pascale Moreau, ancienne directrice Europe du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et Christine Robichon, ancienne diplomate - se sont rendues sur place afin de rencontrer les partenaires associatifs locaux. L’objectif : faire le point sur les besoins et les initiatives soutenues, dans un contexte bouleversé par la persistance du conflit en Syrie, et fixer les priorités à venir.
En Turquie, la reconstruction avance difficilement, notamment dans la région de Hatay, l’une des plus touchées. Si certains propriétaires ont pu retrouver un logement, les locataires restent souvent relégués dans des villes containers, loin des centres urbains et des services essentiels. « L’isolement géographique a un effet domino : les enfants sont déscolarisés, les femmes sont davantage exposées aux violences, et l’accès aux soins comme aux opportunités professionnelles devient quasi impossible », souligne Yosr Dallegi. Une inflation massive vient aggraver leur vulnérabilité, réduisant drastiquement leur pouvoir d’achat et compliquant leur quotidien. Face à cette situation, la Fondation de France fait du soutien à ces populations une priorité.
En Syrie, la guerre civile qui dure depuis 14 ans a de très graves conséquences : économie détruite, infrastructures effondrées, insécurité permanente... La Fondation de France soutient plusieurs projets menés dans le Sud-Est de la Turquie, région frontalière avec la Syrie, où vivent une grande partie des 300 000 réfugiés syriens présents sur le territoire. Beaucoup refusent de rentrer dans leur pays et sont dans une situation de grande précarité nécessitant un accompagnement dans différents domaines : juridique, éducatif, sanitaire, psychosocial…. À Gazientep, près de la frontière syrienne, une rencontre avec des acteurs institutionnels, notamment le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés à Gaziantep et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) , a permis de mieux appréhender les problématiques actuelles et d’affiner les priorités d’action.
Dans la région turque d'Hatay, fortement touchée par le séisme, de nombreuses habitations restent à reconstruire.
Accompagner les populations déplacées
À Adıyaman, dans le Sud-Est de la Turquie, plusieurs associations soutenues par la Fondation de France, œuvrent dans les villes containers où vivent encore des milliers de personnes déplacées suite aux séismes. L’association MSA mène un travail d’accompagnement juridique et social auprès des personnes les plus vulnérables : femmes victimes de violences, enfants, personnes réfugiées... Elle les sensibilise à leurs droits, les oriente vers les dispositifs adaptés et les accompagne dans leurs démarches. L’objectif : lutter contre l’isolement, les violences et l’exclusion juridique, dans un contexte de précarité extrême.
De son côté, l’association SRP (Solidarity, Respect and Protect) intervient dans trois villes containers – Yıldırım Tepe, Üzümdalı et Bebek Köy – en combinant des actions de santé publique, de soutien psychosocial et de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Depuis novembre 2024, plus de 750 personnes ont bénéficié de sessions éducatives en santé et nutrition, 630 ont participé à des groupes de parole psychosociaux, et 300 ont suivi des ateliers autour des violences de genre. Le travail étroit de l’association avec des structures médicales spécialisées a permis d’organiser près de 200 rendez-vous médicaux, une quarantaine de dépistages et 80 formations en santé pour les représentants des communautés locales.
Enfin, le collectif associatif SHUDER, qui regroupe des associations d’assistants sociaux turcs, intervient dans un village de 1 200 containers installé à Adıyaman. Il propose un accompagnement éducatif, psychosocial et culturel aux enfants, adolescents et femmes touchés par les séismes. Depuis son ouverture en juin 2024, plus de 390 personnes ont participé à des ateliers, événements collectifs et visites à domicile. Le centre est aujourd’hui un espace sécurisé, favorisant le lien social et l’accès aux services publics. L’association forme également ses équipes à la protection de l’enfance et à la gestion du deuil, tout en menant un travail de plaidoyer local en faveur de ces populations.
L’association SHUDER intervient dans un village de 1 200 containers, à Adıyaman.
Venir en aide aux populations syriennes réfugiées
Dans la ville de Gaziantep, à la frontière syrienne, des associations locales agissent pour venir en aide aux populations syriennes réfugiées, qui sont dans une situation de grande précarité. L’association Support Stabilization Unit (SSU) soutient des projets d’éclairage public et d’accès à l’eau dans les camps de réfugiés syriens. En partenariat avec l’association Space of Hope, elle propose également des formations agricoles et artisanales destinées à relancer l’activité dans des zones où tout reste à reconstruire.
Partenaire de longue date de la Fondation de France, l’association SEWAR agit pour les droits des femmes, en particulier les femmes non voyantes, en œuvrant pour leur inclusion économique et sociale, via des formations professionnelles.
Depuis 2023, l’association MAPS, soutient les enfants, les jeunes et les femmes dans le quartier défavorisé de Haji Baba à Gaziantep, en favorisant leur développement personnel et professionnel. Plus de 250 personnes ont déjà bénéficié des activités proposées par l’association : cours de robotique, crochet et dessin, cours de langues, formation numérique et séances de soutien psychosocial.
Construire l’avenir
En Turquie, dans la région de Hatay, fortement impactée par le tremblement de terre, les associations locales œuvrent pour apporter un soutien psychologique, préserver l’accès à l’éducation et contribuer à la relance économique. C’est notamment le cas de l’association Mavi Kalem qui accompagne plus de 80 femmes entrepreneures dans la relance d’activités génératrices de revenus (artisanat, alimentation, services...). Les femmes qui exerçaient une activité avant le tremblement de terre ont également pu la reprendre grâce au soutien de l’association : reconstitution de stocks, fourniture de matériel comme des machines à coudre, des ustensiles de cuisine, etc.
L’association Mavi Kalem accompagne des femmes entrepreneures dans la relance d’activités commerciales.
A Hatay, l’association Habitat a quant à elle mis en place le projet “Let’s Heal Together” pour les enfants de 12 à 16 ans. Au sein d’un centre communautaire, le programme propose un soutien psychosocial et des activités socio-éducatives et artistiques. Depuis janvier 2024, plus de 2 400 enfants ont participé à des ateliers créatifs et des sessions de thérapie par le jeu, le récit ou le dessin. L’association collabore avec plusieurs structures locales (mairies, ONG, écoles, centres d’hébergement temporaires) pour renforcer son impact et toucher les jeunes les plus vulnérables (enfants ayant perdu des proches, déscolarisés ou en situation de handicap).
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