Solidarité Turquie-Syrie : deux ans d’actions
Le Sud de la Turquie et le Nord de la Syrie ont été frappés le 6 février 2023 par deux séismes dévastateurs, faisant plus de 50 000 morts et des centaines de milliers de blessés et de personnes sans-abri. Deux ans après cette catastrophe, la Fondation de France reste pleinement mobilisée pour répondre aux besoins des populations qui demeurent considérables. 9 millions d’euros ont déjà été consacrés au déploiement de 88 actions dans les zones sinistrées.
Une stratégie d’action adaptée aux enjeux spécifiques des territoires
Dans le Sud de la Turquie, les séismes ont touché 10 provinces où vivent 15 millions de personnes, dont 1,7 million de réfugiés syriens sous protection temporaire. Malgré l’importante mobilisation des autorités et de la population, le soutien aux organisations civiles, notamment celles œuvrant pour les droits et l’assistance aux minorités, demeure essentiel. En Syrie, déjà éprouvée par 12 ans de guerre, le Nord-Ouest du territoire frappé par le séisme est divisé entre différents acteurs (gouvernement de Damas, forces turques, forces rebelles). Cette région, où vivent plus de 4 millions de personnes, fait face à d’importants défis humanitaires dans un contexte de sécurité fragile et de gouvernance fragmentée. L’aide repose principalement sur des acteurs locaux expérimentés. Face à ces différents enjeux territoriaux, la stratégie d’intervention de la Fondation de France poursuit quatre objectifs : répondre aux besoins des populations sinistrées, soutenir les groupes marginalisés, encourager des initiatives inclusives et durables et valoriser les savoir-faire locaux.
En Turquie : accompagner les populations les plus vulnérables
Alors que des centaines de milliers de personnes ont perdu leur foyer et demeurent particulièrement démunies, la Fondation de France concentre son soutien pour venir en aide aux populations les plus vulnérables, souvent marginalisées et privées d’accès à l’aide, en particulier les personnes en situation de handicap, les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes réfugiées, les personnes LGBTI+.
Dans la ville de Samandag, la Fondation Architectes de l’urgence a réhabilité sept bâtiments collectifs, dont plusieurs coopératives d’industrie textile employant exclusivement des femmes, une école accueillant une centaine d’élèves et un centre de prise en charge psychologique. Elle a également équipé ces coopératives en panneaux solaires, matériel industriel et une serre agricole a été construite pour permettre la vente de légumes.
Dans la ville d’Adıyaman, où 80 % des 600 000 habitants ont été impactés par le séisme, l’association FISA assure une prise en charge psychologique et éducative des enfants. Des séances de thérapie parents / enfants encadrées par des psychologues ainsi que des ateliers éducatifs et créatifs (dessin, chant, danse, …) sont proposés tous les jours dans le local de l’association. FISA s’engage aussi contre le travail infantile qui s’est particulièrement développé après le séisme, en menant des actions d’accompagnement juridique avec une équipe d’experts dédiée. Grâce au soutien de la Fondation de France, un parc d’activités en plein air à proximité de trois centres scolaires a été construit, offrant aux enfants un lieu sécurisé de jeux et de sociabilité.
L’association Shuder, qui regroupe plusieurs associations d’assistants sociaux, lutte contre la précarité en Turquie depuis 1987. Elle a construit à Adıyaman un village composé de 1200 containers qui accueillent plus de 7 000 personnes sinistrées. La majorité d’entre elles sont des minorités Kurdes ou Doms, particulièrement exclues. Ce village dispose d’un cabinet médical où un médecin et un psychologue reçoivent les habitants. Des assistants sociaux sont également présents pour les accompagner dans leur démarches administratives et juridiques et développer la sensibilisation contre les violences faites aux femmes.
L’ONG KAMER a quant à elle construit un centre de vie à Adıyaman afin d’accueillir les femmes et les enfants de la région dans un espace sécurisé avec des salles de travail mais aussi des espaces sanitaires. Ce lieu offre aux femmes un soutien psychologique (séances individuelles assurées par des psychologues), médical, juridique, et administratif tout en servant d’intermé- diaire avec les autorités publiques. Des professionnels les accompagnent également pour retrouver une activité génératrice de revenus. Les enfants bénéficient d’une aire de jeux et des activités éducatives leur sont proposées. Un autre centre similaire a été établi à Hatay pour accueillir des femmes et des enfants en situation de handicap. Près d’un million de femmes et d’enfants ont déjà bénéficié du soutien de ces structures.
Dans la province d’Hatay, l’ONG Handicap international et ses partenaires locaux, soutenus par la Fondation de France et l’AFD, répondent aux besoins médicaux et psychosociaux de la population. Parmi les services médicaux délivrés : séances de rééducation, fourniture d’appareils médicaux d’assistance, soutien psychosocial, physiothérapie, séances de sensibilisation à la santé mentale et ateliers thérapeutiques pour lutter contre les troubles psycho-traumatiques. L’ONG accompagne également la population, notamment les personnes en situation de handicap, dans l’accès aux services sociaux de proximité.
En Syrie : répondre aux besoins de première nécessité et soigner les corps et les esprits
Alors que des centaines de milliers de personnes demeurent sans foyer et sans ressources, l’accès aux besoins essentiels reste une priorité. La Fondation de France soutient des projets d’achat et de distribution de produits de première nécessité. Dans la ville d’Idlib, une ONG* intervient dans les camps de réfugiés pour améliorer leurs conditions de vie, en particulier celles d’une cinquantaine de femmes mal voyantes en situation de précarité : fourniture de carburant pour se chauffer, tentes, panneaux solaires et matériaux pour se protéger du froid, de la pluie et de la neige. À Afrin, l’ONG accompagne 435 familles, soit environ 2 500 personnes, vivant dans des conditions très difficiles, dans des tentes et des bâtiments endommagés. Elle a installé 30 tentes avec isolation et 50 unités solaires pour fournir de l’eau chaude et de l’électricité.
À Alep, une autre ONG* soutient 150 enfants déplacés et affectés par le tremblement de terre, en s’assurant qu’ils soient mis à l’abri avec leur famille et qu’ils reçoivent du matériel (tentes, chauffages, vêtements chauds) pour faire face à l’hiver. L’ONG a également construit des espaces d’apprentissage sécurisés et chauffés pour que les enfants puissent poursuivre leur scolarité. Ils bénéficient également d’un soutien psychosocial.
L’accès à l’eau potable demeure difficile dans de nombreuses régions. Dans le sous-district de Sheran par exemple, une ONG* a réhabilité un puits pour approvisionner 39 villages. Cette initiative réduit la pression sur les autres sources d’eau existantes mais également le temps d’attente pour la collecte de l’eau distribuée par camion-citerne tout en assurant un accès durable et sécurisé à cette ressource essentielle.
Les besoins en matière de santé sont également immenses. Près d’un tiers de la population du Nord-Ouest serait porteur d’un handicap en raison de la guerre et des séismes. Les structures hospitalières dans cette région de la Syrie continuent à faire face à un afflux massif de personnes blessées par le séisme, alors même que beaucoup de soignants ont disparu suite à la catastrophe. Par ailleurs, les traumatismes causés par ces évènements nécessitent une prise en charge psychologique adaptée. Dans le camp de réfugiés d’Al-Kamouneh, une association* accompagne 85 enfants particulièrement vulnérables dont certains sont orphelins ou séparés de leurs familles. L’association a construit un centre pour les mettre à l’abri et leur fournir des biens de première nécessité. Ces enfants reçoivent un encadrement éducatif par des professionnels, un soutien psychologique personnalisé, mais aussi une prise en charge médicale, en particulier les enfants en situation de handicap. L’association se mobilise également pour réunir les familles.
*Ces associations ne peuvent être citées par mesure de sécurité.
Photos : © Léa Lacheteau
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