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Nightline : agir pour la santé mentale des étudiants

10 octobre 2023

Interview de Nathalie Roudaut, déléguée générale de l’association Nightline

nathalie roudautDurant la crise sanitaire du Covid, Nathalie Roudaut, directrice générale adjointe de l’association Les Concerts de Poche, est marquée par l’impact du confinement et des diverses restrictions sur la santé mentale des jeunes, et notamment des étudiants. C’est ce qui la motive à rejoindre l’association Nightline en juin 2022, dont elle est aujourd’hui la déléguée générale. L’objectif de l’association : améliorer la santé mentale des jeunes et des étudiants partout en France.

Nightline est soutenue par la Fondation de France dans le cadre du programme Santé des jeunes.

Comment est née l’association ?
L’association est à l’initiative d’un groupe d’étudiants et notamment de Patrick Skehan, étudiant irlandais venu poursuivre son cursus à Paris. À Dublin, il avait été bénévole chez Nightline, une ligne d’écoute dédiée aux étudiants créée dans les années 70 à l’Université d’Essex et déployée ensuite dans différents pays en Europe. Arrivé en France, il est frappé par le manque de structures dédiées à la prévention pour les jeunes et décide d’importer le concept. Avec l’appui d’étudiants bénévoles, l’association ouvre sa ligne d’écoute parisienne en 2017. Très vite, de nouvelles lignes sont déployées dans toute la France. Leur objectif : apporter un soutien aux étudiants en souffrance psychique.

Qu’est ce qui fait selon vous le succès de Nightline ?
Je pense que c’est son approche de pair à pair, avec l’appui de professionnels, qui en fait sa singularité et sa force. Ces dimensions d’expertise et d’expérience conjuguées se retrouvent dans l’ensemble des projets de l’association.

Ce sont de jeunes bénévoles qui se mettent à l’écoute d’autres jeunes en situation de détresse. Ces bénévoles sont accompagnés par des professionnels de santé mais aussi de l’animation et de la formation. Ils apprennent à apporter une écoute active, bienveillante et un soutien aux étudiants. Nightline n’a cessé de se développer : nous recevons près de 20 000 appels par an sur la ligne d’écoute.

nightline1De jeunes bénévoles se mettent à l’écoute d’autres étudiants en situation de détresse mentale.
D.R.


Concrètement, que propose l’association ?
Notre ligne d’écoute ouverte de 21h à 2h30 du matin offre un cadre sécurisé, non directif et sans jugement pour que chaque étudiant puisse vider son sac de manière anonyme, confidentielle et gratuite. Nous déployons également des actions de prévention et de promotion en santé mentale en agissant à l’échelle individuelle pour informer, former, outiller et sensibiliser chaque jeune par exemple avec des ateliers pédagogiques dans les lieux étudiants…Nous intervenons dans les campus universitaires ou les résidences CROUS pour aller vers des jeunes qui n’osent pas nous appeler. L’idée c’est de parler de santé mentale de manière ludique et décomplexée et de faire connaitre les ressources existantes pour prendre soin de soi (outils, services, de pair à pair et professionnels). En 2022/2023, nous avons rencontré plus de 15 000 jeunes, à travers 220 actions dans près de 50 villes.

A l’échelle collective et à travers ses modes d’actions, Nightline favorise l’entraide et la solidarité, renforce la capacité des jeunes, et leur pouvoir d’agir.

Enfin, dans une visée systémique, nous développons et diffusons la connaissance et formulons des recommandations aux politiques publiques pour déstigmatiser la santé mentale. 

Le 10 octobre, c’est la journée de la santé mentale en France. Quel type d’actions menez-vous à cette occasion ?
A l’occasion de cette journée, nous lançons notre nouvelle campagne de sensibilisation Tête la Première, à destination des jeunes. Son ambition est de promouvoir l’activité physique comme un facteur de bien-être, d’ouvrir la parole sur la santé mentale et également de placer la santé mentale au centre de cette année olympique. Pour mener à bien ces objectifs, Nightline a créé un site ressources pensé pour les jeunes : tetelapremiere.fr avec des conseils et des témoignages inédits de sportifs et de jeunes.

« Nous sommes présents dans six régions et nous souhaitons étendre ce maillage à la totalité du territoire. » 

Nathalie Roudaut

Quelles sont vos perspectives d’évolution pour l’association ?
Notre ambition est de toucher encore plus d’étudiants. Nos lignes d’écoutes sont régionales afin de privilégier un ancrage local et d’orienter au mieux les jeunes vers les structures du territoire. Aujourd’hui nous sommes présents dans six régions et nous souhaitons étendre ce maillage à la totalité du territoire.

Nous voulons également valoriser nos projets pilotes comme notre dispositif Sentinelles étudiantes que nous avons lancé en collaboration avec le Groupement d’Études et de Prévention du Suicide (GEPS), il vise les étudiants souhaitant acquérir des compétences de repérage et d’orientation de jeunes en grande détresse. L’objectif ? En faire des acteurs de prévention du suicide au quotidien dans leurs communautés. Près de 200 jeunes ont déjà été formés en Ile-de-France ces six derniers mois.

Par ailleurs, nous souhaitons continuer de développer des projets spécifiques pour des publics comme les étudiants en classe préparatoire ou en BTS, qui sont très exposés aux problématiques de santé mentale.

Enfin, en tant qu’organisme de formation certifié Qualiopi, nous voulons favoriser le transfert de nos méthodologies et notre expertise sur le sujet de la santé mentale aux associations du secteur jeunesse qui en ont besoin.

En quoi le soutien de la Fondation de France a été déterminant pour l'association ?
Nous favorisons un ancrage local pour être au plus près du terrain, des jeunes et de nos partenaires. Ce qui nécessite une bonne coordination de ces projets de développements territoriaux. Le soutien de la Fondation de France nous a permis d’ouvrir un poste dédié pour assurer ce travail d’impulsion, de pilotage et de coordination, essentiel au développement de l’association et à l’essaimage du modèle sur tout le territoire.

Le 26 octobre, Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, s'est rendue auprès des équipes de Nightline. 

#CAUSEDUMOIS\SANTÉ MENTALE