Réel tremplin vers l’insertion sociale et professionnelle, l’association Clubhouse, installée à Bordeaux depuis 2017, accueille des personnes vivant avec un trouble psychique. Son objectif : accompagner ses membres dans leur parcours de rétablissement, en leur proposant des activités leur permettant de retrouver confiance en eux.
En France, près d’une personne sur trois est atteinte de troubles psychiques. La crise de la Covid-19 a accentué les phénomènes d’isolement, qui fragilisent de nombreuses personnes, et les services de psychiatrie sont saturés. Le Clubhouse, en proposant un accompagnement très innovant, permet de répondre à des enjeux importants comme la réinsertion dans la société, la confiance en soi, l’insertion professionnelle… Soutenue lors de la soirée du Bien Commun à Bordeaux et dans le cadre du programme « Inventer Demain », l’association va bientôt doubler sa capacité d’accueil, pour répondre aux besoins croissants du territoire bordelais.
Une passerelle entre le suivi médical et le retour à la vie active
Clubhouse se base sur une méthode née aux Etats-Unis dans les années 1950. Aujourd’hui, on compte 350 Clubhouse dans le monde, dont 5 en France.
Au cœur du projet, la notion de rétablissement : sans attendre une éventuelle guérison, il est possible d’améliorer la situation en développant des projets de vie pour les personnes souffrantes de troubles psychiques. Par exemple, un projet de vie sociale, de travail, ou encore un projet artistique. « Pour aller mieux et vivre avec la maladie avec le plus d’autonomie possible, il faut investir tous ces champs-là, souligne Emilie Silvestre, en charge de la collecte et de la coordination de partenariats. Au Clubhouse, on ne pose pas d’étiquette sur les personnes, en fonction de leur pathologie. Ce qui nous intéresse, c’est la personne, ses besoins, ses envies, ses qualités, ses compétences et ce qu’elle aimerait développer. Le Clubhouse capitalise sur la volonté de chaque membre à vouloir se reconstruire, pour ensuite se projeter dans un avenir professionnel. » Toutes les activités organisées au sein de la maison sont faites pour que chacune et chacun puisse reprendre confiance en soi.
Quatre membres de l’équipe « chargé(e)s de cogestion et d’insertion » accompagnent les membres individuellement, et assurent un suivi afin que ces derniers puissent s’investir dans les projets et la vie de l’association, selon leurs besoins et leurs envies, sans injonction.
Crédit : Ulrich Lebeuf- Agence MYOP
Rompre avec l’isolement pour retrouver du travail
Le Clubhouse de Bordeaux suit trois objectifs : le premier est de rompre avec l’isolement. Pour cela, l’association a mis en place un programme « lien social et convivialité » chargé de l’organisation de week-ends, sorties, et activités diverses. Le deuxième est l’insertion professionnelle des membres. L’accompagnement personnalisé en fait partie, et les tâches quotidiennes de gestion partagée de la maison créent aussi de réelles compétences que les membres peuvent ensuite exploiter lors de leur recherche d’emploi. Le troisième objectif est la lutte contre la stigmatisation : pour cela les membres organisent des ateliers de sensibilisation, en trois volets : prévenir, comprendre et agir. Les sessions se déroulent principalement dans les entreprises afin de former employeurs et salariés sur les maladies psychiques, souvent peu connues dans le monde professionnel.
Les équipes bordelaises sont aussi en train de développer un programme centré sur les jeunes, pour accompagner les moins de 35 ans, encore minoritaires, malgré la forte hausse des difficultés psychiques liées à la crise sanitaire. Ce programme « jeunes » passe par plus de digitalisation, des temps spécifiques dédiés et un accompagnement plus adapté.
Crédit : Ulrich Lebeuf- Agence MYOP
Le Clubhouse, un véritable « ovni » dans le domaine de la psychiatrie
Le Clubhouse est un véritable « ovni » dans le domaine de la psychiatrie, selon Danielle, 62 ans, membre depuis 4 ans après avoir fréquenté de nombreux établissement de soin. Ce qu’elle apprécie ? « Les décisions concernant la vie à l’association sont toutes prises par consensus en réunion, et chaque membre peut y participer. Les idées de tous sont traitées avec respect, sur un pied d’égalité. La maison est gérée autant par les membres que par les équipes, sur une base de volontariat, ce qui crée un réel sentiment d’émulation ».
Ce même sentiment a tout de suite été ressenti par Julia, membre depuis un mois à peine. Elle apprécie l’idée que chacune et chacun puisse venir et participer à son propre rythme au Clubhouse : « Lorsque l’on vient ici c’est par plaisir et non par obligation. Chacun s’investit et apporte sa pierre à l’édifice et fait vivre le Clubhouse. Le climat de confiance et d’entraide qui règne nous permet de rompre avec l’isolement et avec le passé, car on a tous vécu des moments difficiles avant d’arriver ici. »
Quant à Charles, vendeur de bateaux, il a rejoint le Clubhouse depuis deux mois, après avoir fait un burn-out qui a entrainé des complications psychiques. Pour lui, le Clubhouse est l’endroit où il n’a pas besoin d’être le meilleur, « car tout le monde a le droit à l’erreur, explique-t-il. L’association m’a permis d’aborder le travail d’une manière différente, sans nécessairement être sous pression, en position de direction, c’est très précieux ! ».
Un projet de déménagement soutenu lors de la Nuit du Bien Commun
Le Clubhouse est à Bordeaux depuis novembre 2017, avec un accueil continu depuis son ouverture. L’association fait face à une croissance régulière, avec aujourd’hui 215 membres. « Lorsqu’une personne trouve le courage de venir chez nous, il ne faut pas la laisser passer et l’accueillir le plus vite possible, explique Emilie. Pour répondre aux besoins, nous devons changer d’échelle et emménager dans des locaux plus vastes. Notre participation à la Nuit du Bien Commun organisée à Bordeaux par Obole et la Fondation de France Sud-Ouest nous a permis de mobiliser de nouveaux donateurs, pour financer ce déménagement. Grâce à ce soutien, nous allons pouvoir doubler notre capacité d’accueil ! Les travaux dans les nouveaux locaux auront lieu cet été avec une ouverture prévue d’ici la rentrée ».
La Nuit du Bien Commun aura lieu à Toulouse le 12 décembre 2022. Une soirée de levée de fonds sans précédent qui réunira donateurs et porteurs de projets sur le territoire. Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter cette page.
