Parc de Branféré, 60 ans au service du vivant et de la biodiversité
Il y a soixante ans, Paul et Hélène Jourde ouvraient au public les portes de Branféré, un parc imaginé comme un paradis sur terre au cœur d’un écrin botanique d’exception. Porté par une vision avant-gardiste de la cohabitation entre espèces, Branféré est rapidement devenu un lieu unique en France, dédié à la conservation et la préservation de la biodiversité, à la recherche et à la transmission des savoirs sur le vivant. Confié par legs à la Fondation de France en 1988, le parc poursuit pleinement ces missions. Branféré a accueilli le 20 juin dernier, élus, partenaires, chercheurs et visiteurs pour un moment d’inspiration, d’échange et de partage, à l’occasion de cet anniversaire.
« Cet anniversaire est un moment de gratitude et de projection : car nous ne célébrons pas seulement le passé, nous semons les graines des soixante prochaines années pour que Branféré continue d’inspirer, d’éduquer et de faire aimer la vie sous toutes ses formes. » C’est avec ces mots que Philippe-Loïc Jacob, président du parc, a ouvert la journée.
Cette vision tournée vers l’avenir a trouvé un écho fort lors de la table ronde animée par le journaliste scientifique Marc Mortelmans. Trois experts y ont croisé leurs regards sur les défis contemporains de la biodiversité et le rôle que peuvent jouer les parcs animaliers dans les domaines de la conservation, l’éducation et la recherche. Dans un premier temps, Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), a dressé un état des lieux préoccupant de la biodiversité mondiale, rappelant que près de 28 % des espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction définitive. « Face à ce constat, il est urgent de mobiliser tous les leviers disponibles pour enrayer ce déclin. Les parcs animaliers modernes peuvent jouer un rôle crucial dans cette dynamique, notamment via l’approche dite “One Plan”, promue par l’UICN. » Cette stratégie encourage la coordination entre actions menées dans la nature et en captivité, en réunissant parcs, chercheurs et acteurs locaux autour de plans de conservation communs.
Une conviction partagée par Brice Lefaux, vétérinaire, écologue et membre du comité « Écosystèmes résilients » de la Fondation de France. Il a expliqué que les parcs animaliers étaient désormais reconnus comme des acteurs de la conservation à part entière : « Ils ne sont plus seulement des lieux de découverte, mais des maillons essentiels de la conservation intégrée, en lien avec les écosystèmes naturels, la recherche et la transmission des savoirs. »
Enfin, Laetitia Labeyrie, directrice de l’École de la Nature, a souligné le rôle essentiel de ce centre d’éducation à l’environnement, le seul en France à proposer des séjours avec hébergement sur site. « Chaque année, plus de 5 000 enfants y vivent une expérience unique, mêlant découverte, observation et engagement concret pour la biodiversité. »
En conclusion de la matinée, Axelle Davezac a salué l’héritage visionnaire de Paul et Hélène Jourde : « Soixante ans plus tard, Paul et Hélène seraient fiers de voir leur rêve non seulement préservé, mais enrichi. » Elle a rappelé que Branféré « avec sa vitalité et son esprit d’innovation, incarne pleinement les grandes causes que porte la Fondation de France : la préservation de la biodiversité, la recherche, l’éducation, mais aussi la culture, à travers la restauration et l’exposition des œuvres d’Hélène Jourde ».
La remise des prix du concours de podcast Un micro pour la planète, organisé par l’École de la Nature, a ensuite mis à l’honneur l’engagement des plus jeunes. Ce projet pédagogique destiné aux enfants et adolescents, avait pour objectif de sensibiliser les élèves aux enjeux environnementaux et à l’engagement citoyen. Les trois classes lauréates (CE1/CE2, 4e, seconde) ont pu profiter d’un séjour à l’École de la Nature.
Inauguration de la galerie Hélène Jourde
L’après-midi, les visiteurs ont pu découvrir la galerie Hélène Jourde, inaugurée la veille, afin de rendre hommage à l’œuvre picturale de la maîtresse des lieux surnommée la « Peintre du paradis ». Formée en Italie, souvent comparée à Frida Kahlo ou au Douanier Rousseau, elle a su capturer une vision poétique et harmonieuse du vivant. Ses toiles, restaurées grâce au soutien de la Fondation de France, sont désormais présentées dans un espace dédié, accessible à tous.
Symposium Research for Nature : Reconnexion et transmission pour la conservation de la biodiversité
Les 20 et 21 juin, Branféré a accueilli son premier symposium intitulé Research for Nature. Organisé par la Fondation de France et le parc, en partenariat avec l’association Sciences Citoyennes, cet événement a réuni chercheurs en biologie de la conservation, éthologie, psychologie environnementale, pédagogie et acteurs de terrain. L’objectif : explorer de nouvelles pistes pour la conservation des espèces, croiser les regards scientifiques et citoyens et encourager des projets collaboratifs et interdisciplinaires. Ce symposium a permis de mettre en lumière les actions de conservation du parc, de renforcer le dialogue entre monde de la recherche et monde associatif et de faire émerger des pistes concrètes pour une recherche participative, ancrée dans les enjeux de biodiversité et d’éducation à la nature.
Branféré, un paradis en héritage
À l’occasion de cet anniversaire, un ouvrage intitulé Branféré, un paradis en héritage a été publié aux éditions Philippe Rey. Écrit par le journaliste Arnaud Gonzague et illustré par les photographies de Ferrante Ferranti, ce livre retrace l’histoire singulière du parc et du grand rêve d’harmonie porté par Paul et Hélène Jourde. Il met en lumière leur engagement visionnaire pour la préservation de la biodiversité et la transmission de la connaissance du vivant, toujours au cœur du projet porté aujourd’hui par la Fondation de France.





Photos : © Ferrante Ferranti