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Faire face aux catastrophes naturelles : les Antilles donnent l’exemple

27 septembre 2019

Apporter aux habitants et aux autorités locales des Antilles les outils opérationnels pour faire face à un tsunami… c’est le cœur du projet Exploit, mené par une équipe de l’université de Montpellier 3 et soutenu par la Fondation de France. Un modèle inspirant pour la métropole et pour d’autres situations de crise.

Y-aura-t-il un tsunami aux Antilles ? « Impossible de faire des prédictions de ce type, répond Frédéric Leone, professeur de géographie à l’université Paul Valery Montpellier 3. Mais compte-tenu de la localisation de ces îles au cœur d’une zone sismique et volcanique, on sait que ces événements extrêmes peuvent survenir à tout moment. Et sur les quatre îles des Antilles françaises, on compte plus de 180 000 personnes vivant sur les côtes, donc les plus exposés à une éventuelle submersion. » Frédéric Leone est spécialiste en prévention de catastrophes naturelles. La Fondation de France accompagne ses recherches depuis 2012. Un engagement au long court qui a permis de financer d’abord la thèse d’un jeune chercheur sur la prise en compte du risque humain dans la gestion de crise « submersion marine ». Puis de développer EXPLOIT1, un dispositif concret d’information et de prévention pour les habitants.

Acquérir les bons réflexes

La gestion d’une crise d’ampleur nécessite en effet non seulement un système de détection et d’alerte efficace, mais aussi une sensibilisation des populations et des décideurs locaux à la « culture du risque ». Car une évacuation qui s’effectue dans la panique peut faire davantage de victimes que le tsunami lui-même ! Une fois l’alerte lancée, quand faut-il quitter son domicile ? Comment ? A pied ou en voiture ? Que faut-il emporter ? Pour aller où ? Le dispositif Exploit apporte des réponses concrètes, et responsabilise chaque habitant lors d’une évacuation massive du littoral en cas de tsunami.

Première phase du projet : produire des plans d’évacuation des zones côtières, à l’échelle de toutes les Antilles françaises. « Nous avons pu produire 317 plans en utilisant un système d’information géographique et un algorithme de calcul des plus courts chemins vers les zones refuges », précise Frédéric. Seconde phase : faire valider ces itinéraires « théoriques » par les parties-prenantes : collectivités locales, experts, préfecture. « Soixante communes ont été impliquées ! Grâce à leur connaissance des territoires, les acteurs locaux ont permis d’optimiser les itinéraires et le choix des zones refuges, ajoute-t-il. Ce type de concertation est indispensable pour s’assurer de l’appropriation du planning d’évacuation. » Troisième étape : l’installation sur place d’outils d’information de la population, complétés par un site internet dédié (exploit.univ-montp3.fr), une application sur smartphone, et une cartographie interactive qui permet à chacun de géolocaliser sa maison, et de générer l’itinéraire d’évacuation optimal, à partir de sa position.

En six ans, le projet a donc pu passer d’une recherche théorique à la mise en œuvre de solutions pratiques, pensées avec les acteurs locaux et disponibles pour chaque habitant. Au-delà de l’outil technique, il a contribué au développement d’une prise de conscience et d’une culture du risque tsunami aux Antilles. Aujourd’hui, le projet EXPLOIT revient en métropole, avec des perspectives d’application pour la Côte d’Azur et la Corse !


[1] EXPLOIT : « Exploitation et Transfert vers les collectivités des Antilles françaises d'une méthode de planification des évacuations en cas d'alerte tsunami ».


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