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Aux Marquises : histoires d’hommes, de mer et de terre

27 septembre 2019

Archipel le plus éloigné de tout continent, composé de six îles hautes au cœur de l’Océanie, les Marquises candidatent à l’inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité. Pour documenter leur dossier, les habitants se sont engagés dans un vaste recensement de leur « patrimoine culturel lié à la mer ». Avec l’aide d’une équipe de scientifiques… et le soutien de la Fondation de France.

« Sur les îles Marquises, fin juin, un petit arbre du nom d’Erythrina déploie son extraordinaire floraison rouge. Les anciens le savent : c’est le moment de pêcher les poissons à chair rouge. Pour d’autres espèces, on attendra le début de la floraison du Pandanus ». Ce savoir ancestral est l’une des données typiques recueillies par le programme PALIMMA. PALIMMA ? pour Patrimoine Lié à la Mer aux Marquises, un programme de recherche mené en 2013 et 2014 et soutenu par la Fondation de France. « L’origine de la démarche remonte à 1996, quand le projet d’inscription des îles Marquises au Patrimoine mondial de l’Unesco a émergé », précise Toti Teikiehuupoko, président de la Fédération des associations culturelles et environnementales des îles Marquises, Motu Haka. Au départ, cette demande de protection ne devait couvrir que le patrimoine terrestre. Mais en Océanie, la mer, la terre et l’homme sont indissociables. « Très vite les Marquisiens ont demandé à ce que les éléments culturels et environnementaux liés au littoral et à la mer soient inclus dans la démarcheIls ont également souhaité que ces milieux remarquables fassent partie des aires marines protégées, un statut permettant de les gérer au mieux », poursuit-il. C’est pour documenter le dossier de candidature au Patrimoine mondial et la création d’une aire marine protégée que le programme PALIMMA a été initié.

50 ateliers, en bateau, à cheval et à pied !

De quoi est composé ce patrimoine ? Comment le recenser dans une région où une bonne part des savoirs et des pratiques se transmettent oralement ? « En posant la question aux habitants eux-mêmes ! », ont répondu les équipes de PALIMMA[1]. En bateau, à cheval, à pied… car l’archipel compte six îles composées de montagnes plongeant dans l’océan. « Chacunedes 26 valléesa été visitée, précise Frédérique Chlous, ethnologue, directrice du département Homme & Environnement du Museum national d’Histoire naturelle. Au fil de 50 ateliers associant habitants et scientifiques, ce sont plus de 900 « éléments patrimoniaux » qui ont été finalement documentés et cartographiés, dont la moitié est menacée ». On y trouve des éléments liés bien sûr à la pêche et à la navigation (de la connaissance des espèces et des techniques de capture à celle des courants et des astres utiles pour s’orienter en mer), mais aussi aux constructions (de l’usage des galets du littoral dans la construction), à la botanique (des liens entre cycles naturels terrestres et marins), en passant par les recettes médicinales, les chants, les légendes, la localisation des sites archéologiques, les rituels marquant les grands moments de la vie, etc. Et comme le souligne Toti Teikiehuupoko, « Au-delà de la diversité des chapitres, cette encyclopédie témoigne d’une chose : aux Marquises, la culture et la nature, l’homme et son environnement sont totalement liés ». Aux Marquises seulement ?


[1] Principalement Laboratoire Paloc (Muséum National d’histoire naturelle, IRD) Fédération Motu Haka, Agence des aires marines protégées.