Dépression, anxiété chronique, bipolarité, phobies, pensées suicidaires… les troubles psychiques touchent aujourd’hui un Français sur quatre. Un état des lieux de la santé mentale qui s’est aggravé avec la crise Covid. Très investie sur la question de la santé mentale depuis plus de 15 ans, la Fondation de France développe aujourd’hui une approche globale : soutenir sur le long terme la recherche sur les maladies psychiatriques, repérer tôt, accompagner les personnes concernées et leurs proches pour une meilleure inclusion dans la société et vers le rétablissement, et faire évoluer le regard sur ces maladies.
Les Assises de la Santé mentale en septembre 2021 ont mis en lumière une situation critique : des besoins croissants, le manque parfois dramatique de ressources pour y faire face, et la nécessité de faire de la santé mentale une priorité de santé publique…
Le pari de la recherche
Les recherches en neurosciences ont enregistré des progrès importants ces dernières années. Depuis 2016, la Fondation de France mène un programme original et ambitieux de soutien à la recherche sur les maladies psychiatriques. Les projets accompagnés reposent sur une coopération entre cliniciens et chercheurs, autour de trois objectifs :
- identifier des biomarqueurs permettant d’établir des diagnostics plus rapidement ;
- améliorer la prise en charge des patients en évaluant les pratiques thérapeutiques existantes ;
- développer de nouvelles molécules et ainsi des traitements plus efficaces.
L’accompagnement des personnes vivant avec un trouble psychique ne peut se résumer aux traitements médicamenteux. C’est pourquoi la Fondation de France investit aussi des projets autour de leur place dans la société.
La santé mentale : enjeu de santé, enjeu de société
Les troubles psychiques constituent aujourd’hui encore un tabou, même si la crise sanitaire a permis d’ouvrir les débats autour du sujet. La méconnaissance, la stigmatisation, la peur, le déni et la culpabilité qui accompagnent ces maladies génèrent des retards au diagnostic, de la maltraitance, une exclusion et une infantilisation des personnes. Les familles, les proches sont aussi largement touchés par des parcours de vie complexes et chaotiques. La crise Covid a plus que jamais démontré la nécessité de changer de regard et de repenser les pratiques en psychiatrie en favorisant une prise en charge globale et intégrée (sanitaire, sociale et médico-sociale) de la personne. Depuis plus de 15 ans, la Fondation de France se mobilise sur cette question, avec des convictions fortes : maintenir ou restaurer le pouvoir d’agir des personnes directement concernées et accompagner la diffusion en France du concept de rétablissement.
Son programme « maladies psychiques : accès aux soins et vie sociale » s’articule autour de quatre objectifs :
- faire évoluer le regard sur ces maladies, permettre aux personnes concernées par ces troubles d’être mieux intégrées dans la société et de rester acteurs de leur parcours, soutenir les proches…
- favoriser l’accès aux soins (former les acteurs de première ligne, voire les citoyens grâce aux Premiers secours en santé mentale ; encourager la création d’équipes mobiles) ;
- permettre l’insertion dans la vie sociale des personnes souffrant de maladies psychiques (habitat adapté, maintien dans l’emploi ou insertion professionnelle, promotion des compétences et du pouvoir d’agir des personnes concernées, notamment via le mouvement pour le rétablissement et le développement de la « pair-aidance ») ;
- prendre en compte et soutenir les proches des malades (alliance thérapeutique avec les soignants, formations Profamille, dispositif BREF, etc.).
Changer de regard
Par ailleurs, la Fondation de France s’engage pour faire changer les regards et les pratiques. Elle a initié les « Ateliers Parlons Psy », une grande consultation citoyenne, en partenariat avec l’Institut Montaigne, menés dans huit villes de France, en 2018 et 2019. Ces ateliers ont donné lieu à des recommandations largement reprises lors des Assises de la santé mentale de septembre 2021. Elle poursuit ses actions en proximité sur les territoires à travers des « ateliers du rétablissement », menés en partenariat avec Santé Mentale France, fédération réunissant soignants, acteurs sociaux et médico-sociaux.
De plus, la Fondation de France soutient des projets auprès de groupes particulièrement vulnérables : les jeunes (adolescents, étudiants), les personnes âgées, les personnes migrantes, fragilisées par des parcours traumatiques, de même que les victimes de catastrophes (naturelles ou attentats).
L'interview de Bernard Pachoud, président du comité Maladies psychiques