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Étude Solitudes 2024 : l’isolement à l’épreuve du temps

27 janvier 2025

En France, l’isolement relationnel ne cesse d’augmenter. C’est l’un des constats de la dernière édition de l’étude annuelle sur les solitudes en France de la Fondation de France, présentée le 22 janvier à la veille de la Journée mondiale des Solitudes. Intitulée « Le temps des solitudes, les fragilités relationnelles à l’épreuve des temporalités » et réalisée en partenariat avec le Cerlis, Audencia et le Crédoc, cette étude explore l’évolution de ces phénomènes dans le temps et au cours des cycles de vie.

« Chaque année, depuis 14 ans, la Fondation de France s’empare sans tabou du sujet des solitudes et de l’isolement social à travers son étude dédiée, deux enjeux sur lesquels nous œuvrons depuis notre création », a rappelé en ouverture Alexandre Giraud, directeur de l’Action philanthropique de la Fondation de France, tout en soulignant que « cet événement est aussi l’occasion d’accueillir les acteurs associatifs qui travaillent sur le sujet et d’échanger sur les pistes que nous pouvons mettre en œuvre pour renforcer le lien social ». Un constat partagé par Stéphanie Andrieux, responsable Grande cause Lien social de la Fondation de France : « Nous agissons pour préserver et renforcer notre capacité à avancer ensemble, sans que personne ne se sente ou ne soit laissé au bord de la route ». Cette présentation a été suivie d’une table ronde réunissant Sarah Gogel, déléguée générale de l’association MADERA, Patricia Juthiaud, administratrice du tiers-lieu Cœur de Bastide situé en Gironde, Nathalie Roudaut, déléguée générale de l’association Nightline, et Yann Lasnier, délégué général de l’association Petits Frères des Pauvres.

Isolement et solitude : les plus modestes en première ligne

« En 2025, 12 % des personnes de plus de 15 ans se trouvent en situation d’isolement relationnel, ce qui signifie qu’elles ont peu ou pas de contacts physiques avec d’autres personnes. Ce chiffre est en augmentation de 1 point par rapport à 2023 » explique Hadrien Riffaut, cosignataire de l’étude et chercheur au Cerlis.  L’isolement relationnel touche particulièrement les personnes aux revenus les plus bas : 17 % sont isolées, contre seulement 7 % des individus disposant de hauts revenus.

Par ailleurs, un Français sur quatre affirme se sentir régulièrement seul, un sentiment qui affecte davantage les personnes au chômage (44 %) que les actifs occupés (23 %). Ce ressenti est profond : plus de huit personnes sur dix qui déclarent se sentir seules disent souffrir de leur situation. Le sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité reste élevé :  33 % des répondants déclarent le ressentir souvent ou occasionnellement. Comme le souligne Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres, « de nombreuses personnes ont fini par considérer comme une normalité le fait d’être marginalisées et ignorées dans notre société, au point de ne plus s’attendre à recevoir de reconnaissance ou d’attention de la part des autres ».

Temps et solitude

L’étude met en avant deux temporalités qui jouent sur le sentiment de solitude : le temps cyclique, objectif et mesurable, et les temps sociaux, définis par les normes et les valeurs collectives. Dans la journée, la solitude frappe davantage les demandeurs d’emploi et les personnes âgées alors que la nuit, elle touche plus fortement les jeunes et les personnes sans domicile, lorsque l’intensité des relations sociales diminue et que les structures d’aide ferment leurs portes. Pendant les week-ends, ce sont les parents de foyers monoparentaux qui se retrouvent le plus exposés, plus d’un sur deux souffrant d’un sentiment de solitude accru. Les fêtes et les périodes de vacances exacerbent aussi ce sentiment, en particulier pour les personnes les plus modestes. En 2023, 40 % des Français ne sont pas partis en vacances.

Le sentiment de solitude varie également selon les âges. Les jeunes perçoivent leur isolement comme transitoire, bien que 25 % des jeunes actifs y soient confrontés. L’isolement est particulièrement présent chez les 40-59 ans, qui sont souvent dans une période de vie marquée par des changements majeurs (départ des enfants du foyer, changement d’emploi), voire des ruptures (chômage, divorce) qui fragilisent leur stabilité relationnelle. Enfin, les personnes âgées subissent une perte progressive de leurs relations sociales, aggravée par des décès ou des éloignements familiaux. Cependant, seulement 3 % des personnes isolées font appel à des associations, freinées par le sentiment de honte ou la méconnaissance des dispositifs disponibles.

Des solutions pour faire face à ce fléau

Face au constat d’une solitude grandissante, l’étude propose quatre axes d’action dont s’emparent des associations soutenues par la Fondation de France.

Sensibiliser à la solitude et à ses manifestations au quotidien est une priorité, notamment au travers de campagnes de sensibilisation destinées à changer le regard et lever le tabou sur ce phénomène. L’association Nigthline par exemple, qui œuvre pour la santé mentale des jeunes et des étudiants partout en France, a mis en place une ligne d’écoute assurée par d’autres jeunes pour proposer un soutien lors de moments où la solitude est exacerbée et les services de santé peu disponibles. « Pour les jeunes, il existe un décalage entre l’injonction au bonheur de la vingtaine et le grand sentiment de solitude ressenti dans leur quotidien. L’accompagnement de ces jeunes par des jeunes de leurs âges permet de transformer les perceptions et de briser le silence autour de ce phénomène », témoigne Nathalie Roudaut, déléguée générale de l’association. En 2024, Nightline a reçu 18 000 appels, dont 20 % évoquaient la solitude et 16 % les idées suicidaires.

Encourager les personnes seules ou isolées à se faire accompagner est en effet essentiel. L’association Petits Frères des Pauvres a également lancé une ligne d’écoute, dédiée cette fois  aux personnes âgées : « Solitude Ecoute » est assurée par des bénévoles entre 15h et 20h, une tranche horaire identifiée comme critique pour ces publics. Autre manière de briser l’isolement, le dispositif « Chasseur de solitude », également déployé par l’association, est un guide de bonnes pratiques pour entrer en contact avec une personne âgée isolée vivant près de chez soi.

Prendre en charge la solitude et l’isolement en toutes saisons permet de lutter contre ces sentiments exacerbés à certains moments, en particulier pour les personnes les plus isolées. Une approche développée par l’association MADERA qui, au travers de son dispositif « Point-virgule », soutenu par la Fondation de France, organise tout au long de l’année des activités collectives telles que le yoga, la boxe ou des ateliers créatifs pour les personnes exilées, en plus d’un accompagnement administratif, juridique et professionnel.

Promouvoir une approche intersectorielle est un autre axe d’action essentiel. Le tiers-lieu "Cœur de Bastide" par exemple, situé en zone rurale près de Bordeaux, accueille des personnes âgées, immigrées ou jeunes en situation de vulnérabilité et leur propose divers services, en lien avec les collectivités locales, comme l’apprentissage du français, un accompagnement scolaire ou encore des consultations avec des écrivains publics.

Retrouver l'intégralité de l'étude Solitudes 2024

Retrouver la synthèse de l'étude Solitudes 2024

Ecouter l'épisode du podcast "Solitudes" de l'émission "Les Pieds sur terre" de France Culture


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