La Maison des Cultures de Thomery : réinventer l’habitat partagé pour les plus vulnérables
Dans le village de Thomery, en Seine-et-Marne, la Maison des Cultures propose un modèle d’habitat partagé novateur, pensé pour offrir aux personnes les plus vulnérables une alternative humaine et chaleureuse aux structures d’accueil traditionnelles. Ce projet, initié en 2018 et soutenu par la Fondation de France, mêle solidarité, inclusion sociale et préservation du patrimoine.
Un habitat à taille humaine adapté aux besoins des résidents
L’histoire de la Maison des Cultures débute en 2018 sous l’impulsion de Servane, cofondatrice du lieu, avec comme objectif d’aider les personnes ayant des troubles cognitifs à garder leur dignité et leur liberté. En janvier 2021, le premier domicile partagé du projet, "La Poussinière", est ouvert pour des personnes âgées fragilisées par le handicap (Alzheimer ou maladie apparentées). Cette grande maison accueille désormais dix personnes âgées ayant des troubles cognitifs, avec un accompagnement individualisé assuré par deux auxiliaires de vie et un animateur de vie sociale. Ce modèle d’encadrement permet de maintenir un équilibre entre autonomie et assistance, en prenant en compte les besoins spécifiques de chaque résident. Deux chambres situées au rez-de-chaussée de la grande maison sont spécialement aménagées pour des aînés à mobilité réduite.
L’ancien chalet du site ouvrira bientôt pour accueillir des jeunes adultes en situation de handicap avec pour objectif de favoriser leur insertion socio-professionnelle. À terme, le bâtiment conjoint deviendra une maison d’activités, un lieu multi-associatif ouvert à tous, renforçant le caractère communautaire du projet. Un troisième projet d’habitat partagé est également en cours de développement dans la commune voisine de Champagne-sur-Seine.
Contrairement aux établissements classiques, la Maison des Cultures propose des espaces qui recréent l’atmosphère d’un véritable foyer. Les chambres sont louées vides pour que les résidents puissent les aménager à leur goût, tandis que les parties communes, meublées grâce à des dons, offrent une ambiance conviviale et accueillante. Cette approche séduit les résidents et leurs familles. « C’est comme la maison de ma grand-mère », confie une habitante. Le choix des menus, les activités et les sorties sont discutés collectivement, favorisant un réel sentiment d’appartenance et de collaboration entre les résidents.
Un projet ancré dans son territoire et intégré à la communauté
Le site de la Maison des Cultures s’étend sur 8000 m² au cœur de Thomery. Il fut autrefois occupé par des sœurs infirmières, et beaucoup d’habitants du village s’en souviennent comme un lieu d’accueil et d’entraide. Au fond du jardin, une réplique de la grotte de Lourdes témoigne de cette époque.
L’esprit communautaire se manifeste notamment à travers le jardin, véritable cœur du site. Conçu comme un espace de rencontre intergénérationnel, il accueille des activités variées pensées comme des chantiers participatifs : plantation, potager partagé ou encore fabrication artisanale (poterie, peinture…). Ces activités permettent aux résidents de s’impliquer activement dans leur lieu de vie, prouvant que l’habitat partagé peut répondre aux défis du vieillissement de manière inclusive et durable. Pour Servane, il s’agit d’un engagement profond : « ce qui nous anime, c’est de montrer que ce genre d’habitat est possible, ici et ailleurs. ».
Les enfants des écoles locales participent aussi régulièrement à des ateliers pédagogiques dans le jardin. Les interactions des résidents avec les jeunes, les bénévoles et les habitants du village brisent les barrières liées aux troubles cognitifs ou à la dépendance. Caroline, animatrice de vie sociale, explique : « Nous voulons que les gens osent venir, notamment au jardin, et qu’ils surmontent leur peur de la maladie et du vieillissement ».