Solidarité Turquie-Syrie : les priorités de la Fondation de France après 18 mois d’actions

18 mois après les deux séismes d’une ampleur exceptionnelle qui ont frappé le Sud de la Turquie et le Nord de la Syrie le 6 février 2023, faisant plus de 50 000 morts et des centaines de milliers de blessés et de personnes sans-abri, la Fondation de France adapte sa stratégie pour répondre aux besoins en constante évolution et définir les priorités pour les prochains mois. Elle a déjà consacré plus de 8 millions d’euros au déploiement de 76 actions dans les territoires sinistrés.

Au Sud de la Turquie, les tremblements de terre ont touché 10 provinces où vivent 15 millions de personnes, dont 1,7 million de réfugiés syriens bénéficiant d’une protection temporaire. Malgré une réponse humanitaire massive apportée par les autorités et une forte mobilisation de la population, soutenir les organisations de la société civile reste un enjeu majeur, particulièrement celles œuvrant pour les droits et l’assistance aux minorités.

En Syrie, pays déjà lourdement marqué par douze années de guerre, le territoire impacté par le séisme dans le Nord-Ouest du pays est composé de plusieurs zones contrôlées par des autorités politiques différentes (gouvernement de Damas, forces turques, forces rebelles…) et où vivent plus de quatre millions de personnes. L’enjeu majeur reste l’accès aux services humanitaires pour les populations civiles dans un contexte sécuritaire très complexe, avec un territoire fragmenté et des problématiques de gouvernance. L’aide humanitaire est essentiellement portée par les acteurs locaux et les organisations ayant une bonne connaissance du terrain.

Face à ces différents enjeux territoriaux, la stratégie d’intervention de la Fondation de France poursuit quatre objectifs : répondre aux besoins des populations sinistrées, cibler les populations marginalisées qui souffrent d’un manque d’accès aux services essentiels, y compris aux droits fondamentaux, favoriser des projets ayant un impact positif durable et inclusif et s’appuyer sur les capacités et les savoirs nationaux et locaux.

En Turquie : aider les personnes les plus fragiles

En Turquie, la Fondation de France concentre son soutien pour venir en aide aux populations particulièrement vulnérables, discriminées et éloignées de l’aide : personnes en situation de handicap, femmes, enfants, personnes âgées, personnes réfugiées, personnes LGBTI+…Les violations des droits humains et les actes illégaux après les séismes ont accentué la souffrance de ces populations.

Selon le dernier rapport d’Amnesty international, 70% des 100 000 personnes touchées par le séisme resteront handicapées. Dans la région d’Hatay, l’ONG KAMER identifie les femmes et des enfants porteurs de handicaps afin de répondre à leurs besoins, leur fournir un traitement adapté et les autonomiser, en les aidant notamment à faire face à la violence et en leur apportant un soutien psychologique.

L'ONG Kamer apporte un soutien psychologique aux enfants touchés par le séisme.

Depuis le séisme, les personnes réfugiées, en particulier les enfants, sont encore plus vulnérables : 40 % des enfants syriens en âge d’être scolarisés ne vont pas à l’école et l’accès à la maternelle reste très limité. Dans la province d’Adıyaman, au Sud de la Turquie, l’ONG Maya Vafki accompagne les enfants réfugiés et les personnes qui s'occupent d'eux. Elle propose des activités de soutien psychosocial basées sur l'art afin de créer un environnement propice au bien-être et à un rétablissement durable.

L'ONG Maya Vafki propose des activités de soutien psychosocial aux enfants réfugiés.

Dans le quartier le plus détruit par le séisme de la ville de Samandag, dans la province de Hatay, l’ONG KOVED a ouvert le « Samandag Women's Life Center », un espace de solidarité et d’autonomisation dédié aux femmes et aux enfants pour les aider à reconstruire leur vie. Assistance psychologique et sociale, entretiens individuels, conseils, activités de sensibilisation...le centre propose ses services à plus d'un millier de personnes.

Le « Samandag Women's Life Center », créé par l’ONG KOVED, aide les femmes à se reconstruire.

Pour répondre aux besoins fondamentaux des personnes marginalisées, notamment les personnes LGBTI+ victimes du séisme, l’ONG World Human Relief déploie le projet « Post-earthquake Therapy and Basic Needs Support Project » : plus de 1000 paquets d’hygiène ont été distribués et un soutien psychosocial a été apporté à 2800 personnes.

En Syrie : répondre aux besoins de première nécessité

Dans le Nord-Ouest de la Syrie touché par le séisme, la guerre et les bombardements intensifs ont entraîné le déplacement de milliers de civils et accru les souffrances de ceux qui vivent dans des camps près de la frontière avec la Turquie. Face aux conditions de vie qui se détériorent, avec de graves pénuries de nourriture, d'eau potable, d'électricité et de services médicaux, la Fondation de France concentre son soutien pour répondre aux besoins prioritaires des populations.  

Afin de faire face aux pénuries de nourriture dans le territoire sinistré, elle soutient par exemple un programme en faveur de la souveraineté alimentaire des communautés agricoles vulnérables auprès de 350 personnes. L’objectif : favoriser la culture à domicile dans les jardins familiaux en sensibilisant et formant les populations aux techniques agricoles, et en fournissant des semences de légumes, du matériel et une quantité d'engrais suffisante pour la culture annuelle.  

Dans la province d’Idleb, près d’un tiers de la population serait porteur d’un handicap en raison de la guerre et du séisme. L’ONG Handicap International et ses partenaires locaux œuvrent pour améliorer la santé physique et mentale de ces personnes et prévenir les complications éventuelles et les handicaps à long terme. Des services de réadaptation pluridisciplinaires (physiothérapie, santé mentale et soutien psychosocial) sont dispensés à la population et des appareils médicaux sont fournis.

Face aux besoins médicaux croissants, notamment de soins rénaux, l’association Bahar a développé l'unité d'hémodialyse rénale de la ville d’Afrin. Cette initiative vise à garantir la qualité des soins et à apporter un soutien psychosocial aux patients pour les aider à faire face aux défis physiques et émotionnels de la maladie rénale et du traitement.

Dans la ville d’Afrin, l’association Bahar a développé l'unité d'hémodialyse rénale.

Suite à l'effondrement du principal réservoir d'eau dans la ville de Sawran, au Nord du gouvernat d’Alep, l’ONG Support Stabilization Unit fournit de l'eau à 800 familles touchées par le tremblement de terre. Elle aide également le conseil local à couvrir les frais de fonctionnement des puits qui alimentent la ville afin de réduire le coût de l'eau fournie par les camions-citernes qui a considérablement augmenté, et de limiter la propagation des maladies comme le choléra.

Dans la ville de Sawran, l’ONG Support Stabilization Unit fournit de l'eau à 800 familles touchées par le tremblement de terre.

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