Solidarité Liban : au-delà de l’explosion du port, des défis croissants
Quatre ans après la double explosion meurtrière qui a frappé Beyrouth, le pays continue sa descente aux enfers avec une crise économique et politique qui s’enlise et les impacts d’une guerre qui ravive des blessures encore non cicatrisées. Dès le lendemain de l’explosion qui a fait plus de 200 morts, 6 500 blessés et 30 000 déplacés le 4 août 2020, la Fondation de France lançait un appel à la générosité et collectait plus de 3 millions d'euros pour aider le pays, déjà en crise, à se relever. Depuis, elle a soutenu près de 80 actions. Dans un premier temps, il s’agissait de venir en aide aux victimes de l’explosion. Ensuite, la priorité a été de soutenir des initiatives visant à renforcer la résilience des populations face aux multiples défis auxquels est confronté le pays.
Rendre Beyrouth à ses habitants
Durant les deux premières années, les fonds collectés ont été essentiellement consacrés à la réhabilitation des petits commerces et des habitats des populations les plus vulnérables (portes, fenêtres, vitrines…). La Fondation de France a notamment noué des partenariats structurants avec l’Ordre des architectes et des ingénieurs, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et le Beirut Heritage Initiative (BHI).
Plusieurs actions ont été soutenues ces derniers mois : construction du centre communautaire de Karantina avec Design for Community, formations d’artisans et réhabilitation des arcades endommagées par l’explosion avec Arc-en-ciel, chantier de piétonisation de la place Al-Masar Al-Akhdar (malheureusement suspendu par des pressions politiques) avec le Beirut Urban Lab, éducation à l’environnement dans le camp de Chatila avec la Children & Youth association.
Soutenir la jeunesse libanaise qui aspire à construire une société plus solidaire et inclusive
Le monde entier a été témoin de la mobilisation très forte de la jeunesse libanaise pour venir en aide aux familles impactées par l’explosion sur le port de Beyrouth en août 2020. Une partie de ces jeunes est restée mobilisée et souhaite que ces modèles plus solidaires d’entraide perdurent au sein de la société. Par exemple, le restaurant solidaire de Nation Station est toujours ouvert et offre des repas aux familles les plus vulnérables de Jeitaoui. D’autres expériences d’épicerie solidaire émergent, comme celle de Dikken Al-Mazraa soutenue par la Fondation de France depuis 2023. L’association Jibal suit ces expérimentations pour tenter d’en dégager de nouveaux modèles viables pour l’économie sociale et solidaire du pays. Une douzaine de jeunes issus des quartiers populaires impactés par l’explosion sont formés par l’association Alpha pour réhabiliter un centre dans le Mont Liban qui accueillera des groupes d’enfants et de jeunes pour des séjours de découverte de la nature à la rentrée 2024. Enfin, l’association Warshee, qui forme des femmes à la menuiserie, développe ses activités en ligne et à Tripoli.
Rester engagés dans la durée
La Fondation de France et des fondations abritées comme les fondations Ghazal et Vivre Ensemble soutiennent depuis plusieurs années des initiatives en faveur du dialogue intercommunautaire et de la paix. En 2023-2024, plusieurs groupes de lycéens, accompagnés par Arc-en-ciel ont travaillé ensemble autour de projets écocitoyens (installation de panneaux solaires sur leur école, mise en place d’un système de gestion des déchets dans leur village...). L’association Zoukak développe des actions culturelles pour les enfants, et propose des ateliers sur la communication non-violente aux adultes.
Après les terribles événements d’octobre 2023, plusieurs subventions d’urgence ont été apportées à des associations libanaises afin d’assurer la scolarisation et d’aider des familles déplacées du Sud-Liban. La Fondation de France a ouvert début 2024 un nouveau fonds pour le Proche-Orient afin de soutenir les victimes du conflit dans la région.
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