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Après la prison, retrouver sa place dans la société

14 janvier 2020

Comment retrouver une place dans la société, dans le monde du travail, dans sa famille après la détention ? La Fondation de France et les fondations qu’elle abrite s’engagent pour apporter des réponses concrètes.

Si la prison sert « à sanctionner, à protéger la société, à préparer la réinsertion des détenus… » selon le Code pénal, « l’idéal est que dès l’entrée en détention, on commence à préparer la sortie. Dans l’intérêt des personnes, de leur entourage et de la société tout entière », souligne Sophie Lasserre, responsable du programme Prisons à la Fondation de France. « L’idéal » car dans la réalité, les conditions de détention rendent ce travail difficile. « La surpopulation mine littéralement les démarches éducatives, poursuit-elle. Organiser les sorties de cellule, l’accès aux ateliers, aux parloirs, au service de santé, à la bibliothèque, à la promenade… devient naturellement plus compliqué dans les prisons surchargées. » Résultat : pour nombre de détenus, la vie quotidienne se déroule 22 ou 23 heures sur 24 en cellule, soit 9 m2 occupés par deux à trois personnes, avec le tabac et la télévision comme seuls dérivatifs pour « tuer le temps ». Une oisiveté et une promiscuité d’autant plus explosives que les conditions d’hygiène et l’accès aux soins sont insatisfaisants dans nombre d’établissements. Plus de 20 % des personnes incarcérées sont atteintes de troubles psychotiques lourds selon l’Observatoire international des prisons« Résultat, la prison fonctionne pour beaucoup comme un désintégrateur : on en sort encore plus mal préparé à la vie sociale, professionnelle, familiale qu’on y est entré ! Et 63 % des justiciables qui quittent la prison sans accompagnement récidivent dans les cinq ans », constate Sophie Lasserre.

Objectif : prévenir la récidive

Le programme Prisons, développé par la Fondation de France depuis 2013, est construit autour de cet objectif : accompagner le temps de la peine puis le retour à la liberté, pour réduire le risque de récidive. Le programme a déjà financé plus de 170 projets en six ans, avec trois axes d’intervention. Le premier – « Préparer et accompagner la sortie » – vise à préparer les détenus au retour à la liberté, à la responsabilité, à l’autonomie face aux contraintes de la vie quotidienne. La Fondation de France finance ainsi des initiatives pensées en partenariat avec l’ensemble des acteurs institutionnels et/ou associatifs concernés (santé, addictions, emploi, hébergement, etc.), qui interviennent pendant et après l’incarcération. « Tout se tient ! », souligne Claire Tranchimand, présidente du Mouvement pour la réinsertion sociale (MRS), dont la Fondation soutient le projet « Un hébergement vers l’emploi ». D’anciens détenus sont logés dans une chambre d’hôtel équipée et louée pour trois mois. Ils bénéficient également d’aides en nature (titre de transport, chèques multiservices), de conseils (élaboration du projet professionnel et du CV, préparation aux entretiens) pour mener leurs recherches d’emploi. S’ajoute un accompagnement social visant l’autonomie : gestion du budget, recherche de solutions d’hébergement pérenne, etc.

« Avec ce dispositif, le taux d’accession ou de retour à l’emploi est multiplié par deux, passant de 33 % à 66 % », indique Claire Tranchimand. La démarche de reconstruction peut aussi commencer durant la période de détention, afin de restaurer l’estime de soi, la capacité à communiquer et à se projeter dans l’avenir. Comme le dispositif Citad’elles, du nom du magazine réalisé par les détenues du centre pénitentiaire pour femmes de Rennes. « Coproduire une telle publication, c’est travailler en équipe et acquérir de nouvelles compétences, explique Alain Faure, coordinateur du projet pour l’association Établissements Bollec, qui porte le projet. C’est surtout développer ses capacités d’expression, traduire ses idées et ses émotions par des mots et non par le passage à l’acte. Un pas de géant qui permet à ces femmes, souvent brisées par une vie chaotique et violente, de reprendre confiance en elles ». Depuis le lancement du projet en 2012, 60 détenues ont participé à la production de cette revue, diffusée aux femmes incarcérées, à leurs proches, aux membres du personnel ainsi qu’au grand public via le site citadelles.org.

Au centre pénitentiaire de Condé, dans la Sarthe, les détenus participent à l’éducation de chiens d’assistance, qui seront ensuite remis à des personnes handicapées moteur. Un projet qui permet aux participants de se sentir utiles, et de nouer un lien avec l’animal.

Un travail, une famille, un projet… 

Deuxième axe du programme : favoriser l’insertion des personnes condamnées à des peines alternatives à la prison (sursis probatoire, détention à domicile sous surveillance électronique, placement extérieur, travail d’intérêt général, etc.). Ces formules ont en effet déjà prouvé leur efficacité… sous réserve d’un accompagnement social adapté. Comme à la ferme Emmaüs Lespinassière, dans le Gard, dont les résidents-salariés sont recrutés à la maison d’arrêt de Carcassonne, et aux centres pénitentiaires de Béziers, Perpignan ou Muret. Pensée en collaboration avec les services judiciaires et pénitentiaires, conçue comme un véritable « sas » entre la prison et le monde extérieur, la ferme offre à ces détenus un travail, un logement individuel et un accompagnement socioprofessionnel, pour amener chacun à (re) construire un nouveau projet de vie. Enfin, l’incarcération est souvent synonyme de rupture des liens familiaux et amicaux. C’est le sujet du 3e axe du programme : « Maintenir les relations avec les proches »

L’association La Passerelle organise ainsi l’accueil des familles et amis des détenus du Centre de détention de Mauzac en Dordogne, un établissement implanté en milieu rural, à quatre kilomètres de la première gare. Pour les proches des détenus, dont les revenus sont modestes, les solutions hôtelières sont inaccessibles. La Passerelle propose un hébergement de nuit, au sein d’une grande maison ouverte les weekends et jours fériés, et animée par une équipe de bénévoles. Dans la même veine, d’autres  associations soutenues par la Fondation de France choisissent d’aider les détenus à rester des parents, en évoquant la parentalité, en assurant le transport et l’hébergement de leurs enfants pour des visites régulières. Ou en introduisant la médiation animale, comme l’association Formation Équitation Insertion qui permet à des détenus d’encadrer des séances de poney pour leurs enfants. Car « passé la porte de la prison, le premier levier de réinsertion, c’est d’être entouré », conclut Sophie Lasserre.

L’association Enjeux d’enfants vise à maintenir les liens entre les détenus et leurs enfants.

Les fondations abritées s’engagent et coopèrent

De nombreuses fondations abritées par la Fondation de France s’engagent dans l’univers carcéral. Parfois de concert avec le programme Prisons de la Fondation de France.

De la réinsertion…
La Fondation JM.Bruneau est engagée dans le domaine de la réinsertion des détenus, en soutenant le programme Prisons de la Fondation de France et avec ses propres actions.
La Fondation Demeter et la Fondation de France ont organisé conjointement un séminaire de réflexion sur l’employabilité des personnes sortant de prison, réunissant de nombreux acteurs autour de cette question. 

… à la culture en prison
La Fondation Thierry Velut, la Fondation Humanités, Digital et Numérique et la Fondation de France ont contribué à la création du spectacle Douze Cordes mêlant opéra, danse, boxe et chant lyrique… et interprété à la Maison de la culture de Bobigny, par huit détenus de la prison de Meaux-Chauconin en Seine-et-Marne en mai dernier. Au théâtre de l’Odéon, c’est la démarche « Fresnes en scène » que la Fondation Valentin Ribet et le Fonds Inkermann ont choisi d’accompagner. Durant une année, l’auteure Sylvie Nordheim dirige des ateliers de théâtre créatif à la prison de Fresnes… pour aboutir à la  création d’une pièce écrite et interprétée par les détenus. Présentées depuis 2014 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, ces lectures publiques connaissent un vif succès. Le 18 novembre 2019 s'est déroulé Coiffure messieurs, un spectacle qui nous a transportés dans un salon de coiffure pour hommes. 

Après l’ombre : témoigner pour changer le regard

Comment raconter la prison, l’effet de l’enfermement en longue peine sur les détenus et leur entourage ? Pour approcher cette réalité, la réalisatrice Stéphane Mercurio a suivi le travail de Didier Ruiz, comédien et metteur en scène, avec d’anciens détenus. Un documentaire sensible et puissant, qui a reçu le soutien de la Fondation de France.