Douze Cordes : un opéra-ballet-boxé… par et avec les détenus !
Ils sont huit détenus de la prison de Meaux-Chauconin en Seine-et-Marne, condamnés à de longues peines pour faits de violence. Tous ont des parcours de vie cahotiques, l’expérience de l’enfermement et de la promiscuité, un « statut » de caïd qui devient leur identité. Mais le 3 mai, à la Maison de la culture 93 de Bobigny, ils seront avant tout des artistes.
Haïs, Ouss, Soso, Nanass, Yakoub, Kamel, Bilel, Bangali sont en effet les piliers du spectacle Douze Cordes, mêlant Opéra, danse, boxe et chant lyrique… conduit par le chorégraphe Hervé Sika. Un projet artistique ambitieux, auquel s’est associé l’orchestre de chambre de Paris, une soprano, un percussionniste et un DJ pour la partie musicale. Ambitieux aussi par sa démarche : mobiliser l’univers de la boxe, du slam, du hip-hop pour permettre à ces détenus de « parler » symboliquement de la violence. Créer un cadre pour que chacun puisse sortir de son rôle, donner à voir une autre facette de lui-même, changer aussi son regard sur les autres. Une manière d’échapper ainsi à la « fatalité » de la délinquance. Car sans accompagnement spécifique, 63 % des personnes sortant de prison récidivent dans les 5 ans !
C’est ce lien tissé entre création et re-socialisation qui a mobilisé la Fondation de France, via son programme Prisons, et deux fondations abritées : la Fondation Thierry Velut et la Fondation Humanités, Digital, et Numérique, partenaires du projet. « Ici, entre nous, on sort de notre rôle de voyou, explique ainsi Soso, 32 ans, en détention depuis plus de sept ans. C’est important aussi que les gens de dehors ne nous prennent pas que pour des prisonniers. Ce n’est pas parce qu’on a fait une erreur qu’il faut nous enfermer dans une case. » Dans son texte, déclamé seul en scène pendant plusieurs minutes, il s’adresse notamment à son fils de six mois et à sa femme. Cette dernière devrait être dans le public le 3 mai.
« Douze Cordes est emblématique des projets qu'accompagne la Fondation Humanités, Digital et Numérique : innovant, disruptif, véritable grand écart pédagogique qui fait le pari de la grandeur de l'Homme ! Osant associer musique classique, musique contemporaine, chant, danse hip-hop et boxe, Hervé Sika, à l'instar des autres projets soutenus par la fondation, permet à des personnes "enfermées" au sens propre comme au figuré de se re-connecter à eux-mêmes. »
- Henri de Navacelle, fondateur et président de la Fondation Humanités, Digital et Numérique.
« Nous avons créé la Fondation Thierry Velut, en mémoire de notre fils Thierry décédé en 2014 d’un mélanome. Il avait porté témoignage de sa maladie aux prisonniers de Poissy. C’est pourquoi nous consacrons environ 1/3 de nos ressources à l’action dans le domaine des prisons en privilégiant les activités en détention, l’accompagnement à la sortie de prison et l’accompagnement des familles. L’opération 12 cordes est notre troisième intervention dans le domaine des spectacles montés par et avec les prisonniers, après Humanpower – monté à l’Odéon les détenus de Fresnes - et le Théâtre au château de Versailles qui a impliqué les centres de Poissy, Bois d’Arcy et la maison d’arrêt des femmes de Versailles. »
- Hélène et Dominique Velut ont créé la Fondation Thierry Velut en 2014.
« Le programme Prisons de la Fondation de France s’est donné pour objectif de favoriser la réinsertion des personnes détenues. Nous avons été très sensibles au projet « Douze cordes ». Un projet exigeant : les détenus s’investissent et se projettent dans de nouvelles perspectives, découvrent des univers très éloignés de leur quotidien. Ils sont valorisés par le travail qu’ils réalisent, de qualité, avec des professionnels reconnus. Exigeant aussi par sa méthodologie : l’administration pénitentiaire assure une véritable évaluation du projet, afin de mesure l’impact de ce type de démarche sur l’évolution psychologique des détenus et leurs relations sociales. »
- Sophie Lasserre, reponsable du programme Prisons de la Fondation de France