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"Otages", un opéra pour une héroïne de notre temps

2 avril 2024

L’opéra « Otages », tiré du roman de Nina Bouraoui, a été joué pour la première fois en mars 2024 au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, dans le cadre de la Biennale des musiques exploratoires. Cette création mondiale, composée par Sebastian Rivas et mise en scène par Richard Brunel, a pu voir le jour grâce au soutien de la Fondation François Jerez, abritée à la Fondation de France, qui soutient la création artistique, notamment dans le domaine de l’opéra. Rencontre avec Sebastian Rivas, Codirecteur du GRAME, le Centre national de création musicale de Lyon, qui revient sur la genèse de cette œuvre pleinement inscrite dans notre époque.

Dans quel contexte cette création est-elle née ?

La Fondation de France suit mon travail depuis la création en 2012 de mon premier opéra « Aliados ». Au nom de la Fondation François Jerez, dont elle assure la gouvernance et qui soutient la création contemporaine en région AURA, elle m’a sollicité pour composer un nouvel opéra coproduit avec l’Opéra national de Lyon . J’ai ainsi rencontré Richard Brunel, Directeur général et artistique, et nous avons choisi ce texte de Nina Bouraoui qu’il avait déjà mis en scène. Ce récit me touche car de nombreuses personnes peuvent se reconnaître dans le personnage de Sylvie Meyer, « une femme à la fois ordinaire et extraordinaire, une femme de notre époque » selon les mots de l’autrice. Sylvie s’est conformée pendant 53 ans à ce que ses parents, puis son mari et son patron voulaient d’elle. Mais son mari la quitte et, un jour, face à une demande de son patron qu’elle vit très mal, les barrières qu’elle avait instaurées au fil du temps tombent. C’est l’histoire d’une emprise décuplée par le patriarcat et le capitalisme, la révolte d’une femme qui explose lorsqu’elle s’émancipe, un drame humain plus fréquent qu’on ne le croit.

En quoi ce projet est-il unique et comment l’avez-vous abordé musicalement ?

Cet opéra est le fruit d’une première collaboration entre un Centre national de création musicale et un Opéra national. C’est une création hybride : elle allie la création littéraire et musicale contemporaine et mélange théâtre, opéra et cinéma, avec la captation de vues en temps réel. Nous avons établi une dramaturgie, structuré des instants de tension puis de détente, entre la langue très musicale, et le silence, omniprésent, oppressant. Neuf instrumentistes femmes exécutent la partition en fond de scène, et forment un ensemble composé de flûtes, saxophone, clarinette, violon, alto, violoncelle, contrebasse, piano, orgue et accordéon. Nous avons également fait le choix de modifier et d’amplifier électroniquement la musique, dirigée par Rut Schereiner, pour créer une bande-son qui sert la tension jusqu’à ce que tout éclate.

Pourquoi le soutien à la création lyrique est-il important ?

L’art lyrique est, selon moi, le seul territoire capable de concurrencer le cinéma ou les jeux vidéo pour raconter des histoires crédibles, et donc populaires, avec toute la complexité de la modernité. Je souhaite en effet porter au théâtre et à l’opéra, dans ces lieux dits nobles, des histoires de gens invisibles qui n’y sont habituellement pas représentés, et explorer des sujets sociaux en prise avec notre époque. Sans le soutien d’une fondation privée, cet opéra n’aurait pas pu voir le jour dans cette dimension. C’est une opportunité exceptionnelle.

« Otages est une création musicale contemporaine rare, entièrement pensée à Lyon ! C’est un projet collaboratif exemplaire, critère-clé pour la Fondation de France. Il associe en effet un nombre important d’artistes et de disciplines et, au-delà, un Centre de création musicale contemporaine et un Opéra national. »
Delphine Allarousse, Déléguée Générale Fondation de France Centre-Est

« La recherche constante de projets correspondant aux aspirations des fondateurs fait partie des missions de la Fondation de France qui perpétue la volonté d’agir des fondateurs, même après leur décès. La Fondation de France demeure fidèle à la réalisation scrupuleuse de leurs volontés. »
Valérie Janin, Responsable des fondations à gouvernance Fondation de France

© Grame, Centre national de création musicale, Lyon


#CAUSEDUMOIS\CULTURE - mai 2024


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→ Gautier Capuçon : "La musique, c'est du partage"
→ Rachid Ouramdane : hors norme