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Lauriers 2019, la Fondation de France célèbre l’engagement

18 juin 2019

Le 17 juin, à la Maison de la Radio, la Fondation de France et trois fondations abritées décernaient les « Lauriers 2019 ». Dix-sept projets innovants, répondant à des besoins majeurs en matière d’éducation, d’environnement, de dignité humaine ou d’accès à l’emploi. Tour d’horizon.

 « Ces enfants, en quelques semaines, deviennent des écoliers comme les autres, ils attrapent l’accent ! » Ces mots de Jane Bouvier résument son combat : permettre aux enfants de familles Roms, vivant dans les bidonvilles marseillais, de suivre une scolarité. « Quand on vit dans une complète précarité, menacé d’expulsion, ne maîtrisant ni la langue ni les codes de la société… inscrire son enfant à l’école est un parcours du combattant », explique-t-elle. Son association L’Ecole au présent (Laurier Méditerrannée) est l'un des 17 projets récompensés ce 17 juin, à Paris. Elle se bat pied à pied pour tisser un lien entre ces parents et l’institution scolaire. En cinq ans, elle a ainsi accompagné 480 enfants. Et bien souvent, l’insertion scolaire est un premier pas, pour toute la famille, vers une meilleure intégration, vers l’accès à la santé, à la formation, à l’emploi et aux droits.

« Chaque année, la soirée des Lauriers de la Fondation de France démontre l’extraordinaire éclectisme de la philanthropie. L’envie d’agir ne connaît pas de limite. Et nous nous mobilisons pour l’accompagner. »
Pierre Sellal, président de la Fondation de France

Scolariser les enfants des bidonvilles marseillais avec l'Ecole au Présent

Un projet scolaire, un projet de vie… pour chaque jeune

En matière d’accès au savoir et à l’éducation, trop de jeunes fragilisés vivent des situations de décrochage ou restent au bord du chemin. Comme les adolescentes engagées dans une maternité précoce, qui mobilisent les équipes de PEP 57 à Metz. Récompensée par un Laurier Grand Est, cette association accompagne les collégiennes et lycéennes mères ou enceintes afin de leur éviter le décrochage scolaire. Prévenir l'isolement social, c’est l'objectif de l'association l’Escale en Charente-Maritime (Laurier Sud-Ouest) et du collège Jean Jaurès à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, qui accompagnent les jeunes migrants en leur offrant hébergement ou formation.

« Face à toutes ces situations d’exclusion scolaire, liées à des parcours traumatiques, il ne suffit pas toujours d’ouvrir les portes de la classe, souligne Anne Bouvier, responsable du programme Education de la Fondation de France. Il faut inventer des pédagogies, des approches alternatives qui reconnectent le jeune à lui-même, à ses capacités et à ses projets ». Ces chemins de traverses peuvent passer par le sport, comme le démontre le projet APART en Seine-Saint-Denis, centré sur les jeunes filles en situation d’exclusion. Ou encore par les nouvelles technologies mobilisées par l'association L’enfant@l’hopital, qui propose un blog pédagogique et interactif, pour les enfants souffrant de difficultés d’apprentissage ou de handicap. Depuis 30 ans, L'enfant@l'hôpital développe des méthodes pédagogiques innovantes adaptées aux enfants en difficultés. Ce projet est soutenu par la Fondation Afnic dans le cadre du programme "Solidarités et numérique".

Franz-Olivier Giesbert, président du jury des lauriers 2019

« Quand on est président de jury, on voit défiler des projets plus beaux et plus innovants les uns que les autres. Cette soirée donne de l’espoir en l’humain. »

Le jury national était présidé, cette année, par l’écrivain et journaliste Franz-Olivier Giesbert. Retenu parmi des centaines de projets soutenus par la Fondation de France, chaque Laurier bénéficie d’une aide supplémentaire de 6 000 € et reçoit un trophée conçu et réalisé par des étudiants de l’Ecole Boulle.

Parmi ces lauréats, France Bleu, partenaire de l’opération, choisit son projet « Coup de coeur » à l’occasion de la soirée de remise des Lauriers.

Cette soirée est également l’occasion pour trois fondations abritées par la Fondation de France de remettre cinq prix : la Fondation Marie-José Chérioux, la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, et la Fondation AFNIC.

 

Le projet APART en Seine saint-Denis aide des jeunes femmes à trouver leur place dans la société à travers le sport.

Environnement : quand les citoyens inventent d’autres pratiques

Parce que leur génération devra déployer un nouveau modèle de développement, les jeunes sont aussi en première ligne en matière d’environnement. Et particulièrement les étudiants à l’origine de l’initiative de REFEDD, le Réseau français des étudiants pour le développement durable, récompensé d’un Laurier pour leur boîte à outils qui permet aux universités et aux grandes écoles d’aller vers des campus « zéro déchets ». « A la Fondation de France, nous soutenons les projets portés par les acteurs de la société civile, les habitants, les associations… car la transition écologique ne pourra se faire sans l’implication des citoyens, soulignait ainsi Thierry Gissinger, responsable du programme Environnement de la Fondation de France. D’autant, qu’en tirant le fil de l’environnement, c’est parfois toute la pelote du lien social qui se déroule ». En témoigne l’action du Teaser Lab de l’INRA à Mirecourt dans les Vosges, qui associe justice alimentaire et conversion agricole. Dans cette région rurale enclavée, touchée par la pauvreté et le chômage, les chercheurs en agronomie et les habitants coopèrent pour mettre en place des circuits locaux de production et de consommation à la fois vertueux pour l’Homme et pour l’environnement.

À Mirecourt, le « TEASER Lab » favorise l’émergence d’une agriculture durable et d’une alimentation saine. Sa vocation ? Faire travailler ensemble un écosystème d’acteurs locaux.

Quand le regard peut tout changer

Grand âge, handicaps, maladies, troubles psychiques… Dans une société centrée sur la performance, la différence fait peur et nourrit la stigmatisation et l’exclusion. Des centaines d’associations se battent au quotidien  pour changer le regard et faire évoluer les comportements.

Le programme Santé mentale France ambitionne ainsi de former 500 000 secouristes en santé mentale d’ici 2030. L’enjeu : améliorer la connaissance, la prévention, la détection et la prise en charge rapide des troubles psychiques, qui touchent 12 millions de personnes en France. Autre approche originale, celle du centre thérapeutique de Saint-Jacques-de-la-Lande en Bretagne qui a consisté à demander à des artistes plasticiens de créer une œuvre d'art pour apporter émotion, imaginaire et esthétique aux personnes souffrant de troubles psychiques… Mais aussi pour changer le regard des « bien portants » sur l’établissement et ses usagers.

Le combat pour la dignité se joue particulièrement à l’hôpital, au moment de la fin de vie. « A cette étape, les soins et la maladie peuvent prendre toute la place, au détriment de la personne, explique Philippe Chérioux, président de la Fondation Marie-José ChériouxC’est pourquoi nous avons récompensé d’un laurier le projet du CHU d’Angers, qui met en place un dispositif original de soins de support et de relaxation ».

De regard, il en est enfin naturellement question dans l’aventure vécue par Hayette Louail, avec son projet "Un regard pour toi", également salué par le Prix coup de cœur France Bleu. L'association portée par cette jeune femme aveugle de naissance propose des séances de shopping accompagnées pour les déficients visuels. Parce que retrouver le plaisir de s'habiller fait partie de la vie pour les mal-voyants aussi.

 "Un regard pour toi", des sessions shopping adaptées pour les malvoyants

Se reconstruire pour trouver sa place dans la société

Retrouver la confiance, repenser à l'avenir, se reconstruire, c'est l'objectif de Citad’elles, Laurier Grand Ouest. Un projet de magazine réalisé par les femmes détenues de la prison de Rennes, avec l’aide d’un collectif de journalistes et graphistes, Les établissements Bollec. Comité éditorial, interviews, rédaction, mise en page… autant de situations pour s’exprimer, travailler en équipe, créer, bref exister en tant que personne et non plus seulement comme détenue.

Deux projets de médiation animale ont également été récompensés par la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, abritée par la Fondation de France. La Maison d’arrêt de Strasbourg a intégré trois animalerie au sein de la prison, en pariant sur la relation et le soin à l’animal, comme facteurs d’apaisement et de reconstruction. Le Centre Hélio Marin de Saint-Trojan-Les-Bains, en Charente-Maritime, organise des séances de travail avec des ânes, source de stimulation et de détente pour les enfants polyhandicapés qu’il accueille.

Citad'elles, un magazine créé par des détenues

Plus au Nord, à Amiens, c’est l'usage d'outils numériques que passe la reconstruction. La Machinerie, un fablab amiénois, a ainsi reçu le Laurier Nord pour sa démarche originale de réinsertion de personnes éloignées de l’emploi. Au cœur du projet : la formation à l’artisanat numérique par la maîtrise des imprimantes 3D et découpeuses laser. Des technologies porteuses d’avenir qui intéressent les entreprises et qui passionnent les jeunes.

Enfin de numérique, il en était également question autour du projet de Cloud Solidaire de l’association Reconnect, soutenu par la Fondation Afnic. Quand on vit dans la rue, il est très difficile de conserver ses papiers. Le projet récompensé permet déjà à 6 000 personnes sans domicile de stocker leurs documents administratifs, leurs photos ou papiers personnels importants dans un coffre-fort numérique.