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Enquête : 7 millions de Français confrontés à la solitude

2 décembre 2020

La Fondation de France publie son 10e rapport annuel sur les solitudes. Cette étude révèle une forte augmentation de l’isolement relationnel au sein de la population française au cours des 10 dernières années : 7 millions de personnes se trouvent en situation d'isolement, soit 14 % des Français, contre 9 % en 2010. Sommes-nous confrontés à une épidémie de solitudes en France ? Analyse.

L'isolement relationnel en France gagne du terrain et s’étend à toutes les catégories de population. C’est ce que révèle entre autres l'Etude sur les solitudes, menée par la Fondation de France et le Crédoc. Par exemple, si l’isolement va de pair avec la précarité, les catégories socio-professionnelles les plus aisées sont elles aussi de plus en plus touchées par ce phénomène. De même, si les personnes âgées subissent le plus fortement des situations d'isolement, les jeunes sont de moins en moins épargnés… L’étude révèle également que les femmes souffrent davantage que les hommes de solitude. Autre constat : celui de l’impact de la crise sanitaire actuelle. La forte hausse du chômage déjà amorcée et la corrélation établie entre précarité, chômage et isolement pointe un risque majeur d’une augmentation prochaine de l’isolement relationnel.

Pour lutter contre ce phénomène et restaurer le lien social, la Fondation de France accompagne chaque année près de 1000 initiatives qui s’attaquent aux multiples causes de la solitude et revitalisent le lien social.

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Découvrez les 10 enseignements de l’étude Solitudes

  • En 2020, plus de 7 millions de Français se trouvent en situation d’isolement, soit 3 millions de plus qu’en 2010.
  • Une constante depuis 10 ans : l’isolement va de pair avec la précarité
    Les personnes isolées connaissent des conditions de vie plus précaires que la moyenne des Français et disposent plus souvent de bas revenus. En 2019, ils sont 12 % à déclarer être au chômage contre 7 % pour l’ensemble de la population.
     
  • Les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus touchée par l’isolement    
    1 personne âgée sur 3 est en situation d’isolement. Un tiers d’entre eux n’ont que les relations de voisinage comme réseau de sociabilité, un réseau qui a tendance à s’affaiblir.
     
  • Handicap ou maladie et isolement : la double peine
    51 % des personnes isolées en situation de handicap ou souffrant d’une maladie chronique limitent certains contacts avec leurs proches par crainte d’être un poids pour eux (contre 27 % de l’ensemble de la population – chiffre 2018).
     
  • Jusque-là relativement épargnés, 13 % des jeunes sont aujourd’hui touchés par l’isolement, soit presqu’autant que l’ensemble de la population (14 %).
    Ils n’étaient que 2 % en 2010. Cette hausse s’explique en partie par la paupérisation croissante des jeunes - les 18-29 ans constituent la classe d’âge la plus pauvre.
     
  • L’isolement augmente dans les catégories aisées de la population.
    Entre 2016 et 2020, la part de personnes disposant de hauts revenus en situation d’isolement passe de 6 % à 11 %, rejoignant ainsi le taux des classes moyennes supérieures.
  • Le réseau familial, valeur refuge ?
    Si le réseau amical reste le plus actif (58 % des Français voient leur amis plusieurs fois par mois), le réseau familial est le seul qui prend de l’ampleur : en 2020, 55 % des Français voient régulièrement leur famille (hors membres du foyer) contre 47 % en 2016. Ce réseau est particulièrement important pour les femmes, puisqu’elles sont 27 % à voir des membres de leur famille (en dehors du foyer) au moins une fois par semaine, contre 22 % des hommes.
  • En 2020, 22 % des Français sont dans une situation relationnelle « fragile », c’est-à-dire qu’ils n’entretiennent de relations soutenues qu’avec un seul réseau, proportion semblable à celle de 2010.
    Un seul réseau les sépare donc de l’isolement, et celui-ci peut disparaître suite à un accident de la vie (décès, divorce, licenciement, maladie..).
  • Les moyens de communication à distance (téléphone, SMS, Internet) ne remplacent pas la sociabilité de visu.
    Chez les personnes isolées, les contacts à distance avec la famille et les amis sont moins fréquents que pour l’ensemble de la population. 38 % des personnes isolées entretiennent des contacts réguliers à distance avec leur famille, contre 69 % de l’ensemble de la population. Le constat est encore plus net avec le cercle amical, puisque 26 % des personnes isolées ont des contacts réguliers à distance avec leurs amis, contre 68 % de l’ensemble de la population.
  • 5% des personnes isolées déclarent sortir peu, voire pas du tout de chez elles (contre 2% de la population générale).

Les solitudes en France : pour aller plus loin...

  • La défiance envers autrui progresse fortement
    La progression de la solitude peut s’expliquer en partie par le fait que le sentiment de défiance envers les autres croît fortement, notamment depuis les attentats de 2015. 65 % des Français de plus de 15 ans estiment que l’« on n’est jamais assez méfiant », contre 54 % en 2012.

  • Les femmes se sentent plus seules que les hommes
    Les femmes souffrent plus de l’isolement : en 2020, 14 % des femmes se trouvent en situation d’isolement relationnel. Un isolement qu’elles vivent plus mal que les hommes : une femme sur quatre déclare se sentir « tous les jours » ou « souvent » seule (23 % en moyenne) contre 16 % des hommes et plus d’une femme sur trois se sent régulièrement abandonnée, exclue, inutile, ce qui n’est le cas que pour un homme sur cinq.

    Leur santé apparaît également plus fragile
    : un tiers des femmes isolées qualifient leur état de santé de « peu ou pas satisfaisant », et trois sur dix ont connu un état dépressif au cours du mois précédant l’enquête.

  • Isolement et crise Covid : premiers constats
    La solitude est moins douloureuse quand elle est partagée par tous.Bien qu’elles disposent de revenus inférieurs et de logements plus petits que la moyenne de la population, les personnes isolées déclarent avoir mieux supporté les deux premiers mois du confinement que la moyenne des Français. Pour près d’un quart d’entre elles, aucune des interactions sociales ne leur a manqué (contre 9 % des personnes non isolées). Pour 24 % (vs 11 % de celles non isolées), le confinement n’a eu aucun impact sur leurs déplacements (hors contexte professionnel) car elles ne sortaient déjà que très peu ou pas du tout.

    Les restritions des interactions sociales qui ont régi les deux mois de confinement ont pu être vécues, pour les personnes isolées, comme une période de répit, une manière de « mettre sur pause » quelques-unes des injonctions sociales auxquelles elles ne répondent pas.

    La crise sanitaire génère un risque important d’accroissement de l’isolement 
    Néanmoins, les personnes isolées apparaissent particulièrement préoccupées par leur avenir. En avril 2020, 28 % d’entre elles se disent inquiètes pour leur situation dans les trois ans à venir, contre 22 % du reste de la population. Et 28 % se déclarent préoccupées par le risque du chômage, soit 10 points de plus qu’en janvier 2020.

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 À télécharger

→ L'étude complète : 10 ans de solitude
→ 10 ans d'observation de l'isolement relationnel : un phénomène en forte progression
→ Confinement : les personnes isolées dans l'œil du cyclone
→ L'isolement relationnel touche une femme sur sept : un phénomène qui renforce les inégalités entre les hommes et les femmes 

 

Méthodologie de l’étude : les conclusions présentées dans cette synthèse sont issues de l’étude réalisée par le Crédoc pour la Fondation de France à partir du dispositif d’enquête récurrent « Conditions de vie et aspirations des Français » du Crédoc. Un échantillon de 3000 personnes de 15 ans et plus représentatif de la population française a été interrogé au mois de janvier 2020. Par ailleurs, une vague exceptionnelle de cette enquête a été lancée entre le 20 avril et le 4 mai 2020, soit trois semaines après le début du premier confinement.

« Situation d’isolement » signifie qu’une personne n’entretient que des relations très épisodiques (quelques fois dans l’année ou moins) avec les membres des cinq principaux réseaux de sociabilité (familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage).

 

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