Le « circuit court » de la démocratie !
L’usine qui ferme et, quelques années plus tard, c’est au tour de l’école. Les services publics qui disparaissent, la rue commerçante qui se vide, les panneaux « maison à vendre » qui ornent les façades, le cabinet médical qui s’éloigne, les jeunes qui désertent. Cet engrenage de la dévitalisation, des centaines de villes le subissent en France. Comment contrer cette fracture territoriale ? En donnant la parole et des moyens aux premiers intéressés : les habitants.
C’est tout l’esprit du programme Dynamiques territoriales, déployé depuis 2014 sur six territoires pilotes. Le concept ? « Favoriser l’émergence d’idées innovantes, collectives, qui ont le potentiel d’améliorer la vie quotidienne, de créer du lien et de faire naître de nouvelles formes de solidarités. Puis accompagner ces idées jusqu’à leur réalisation, répond Muriel Kopelianskis, responsable du département Développement territorial. Résultat : du garage solidaire, aux jardins partagés en passant par les monnaies virtuelles, depuis 2014 plus de 400 idées et projets ont été accompagnés. » Une réussite consacrée dans le Nord, quand au printemps 2018, une fondation abritée a décidé de prendre le relais de « Mines d’idées », le volet nordiste du programme Dynamiques territoriales. Neuf entreprises partenaires de la région de Lens ont ainsi créé la Fondation territoriale des Lumières, avec une ambition commune : lutter contre toutes les formes de précarité dans le bassin minier.
Des philanthropes acteurs de leur territoire
« Fiers de nos quartiers ! » c’est la devise qui rassemble les sept entreprises cofondatrices de la Fondation éponyme à La Rochelle. Venus d’horizon divers, ils partagent une conviction : les acteurs économiques locaux ont leur rôle à jouer pour dynamiser les quartiers en difficulté. Une conviction partagée par les fondations familiales : à 1 000 kilomètres de là, en Alsace, la Fondation Terra Symbiosis soutient près de 30 projets par an, concentrés essentiellement sur la région : aides à l’agriculture bio, valorisation des forêts, promotion des énergies renouvelables, éducation à l’environnement… Quant à la Fondation Morvan Terre de vie, elle se bat comme son nom l’indique pour revitaliser l’un de ces territoires déclinants. Partout en France, ce sont ainsi près de 70 fondations qui cultivent la fibre locale.
Le potager de Mathurin, jardin partagé, est cultivé en pied d’immeuble. Les habitants viennent y jardiner, discuter, échanger.
L’association Le lapin ouvrier gère un jardin partagé de quartier pour contribuer à la sensibilisation et à l’éducation à la biodiversité des habitants.
En Aquitaine, l’Écolieu Jeanot a mis en place des parcelles de production en micromaraîchage, inspirées de l’agroécologie et de la permaculture. Cette microferme est un support de production alimentaire, d’actions de sensibilisation et de création de lien social.
Christian Cambier, créateur de la Fondation Théophile legrand
L’histoire de la ville de Fourmies, dans le Nord, est indissociable de celle de mon aïeul, Théophile Legrand. Au tournant du XIXe siècle, ce capitaine d’industrie a fait de la ville l’une des capitales mondiales du textile, avec des dizaines de filatures et jusqu’à 40 000 ouvriers en 1860 ! C’est aujourd’hui, comme toute la région, un territoire meurtri par la désindustrialisation… Quand nous avons créé notre fondation, un objectif s’est imposé : accompagner les hommes et les femmes de Fourmies. Avec un programme fidèle à l’esprit de Théophile Legrand, inventeur et entrepreneur insatiable, mais aussi « homme de bien ». Ainsi mobilisons-nous nos actions dans trois directions.
L’innovation textile d’abord, avec un « Prix Théophile Legrand » qui récompense chaque année des projets audacieux ouvrant de nouvelles applications.
La valorisation du patrimoine ensuite, avec la rénovation et la transformation de la demeure historique de la famille, devenue un hôtel de charme qui emploie des Fourmisiens.
Le pari de la jeunesse enfin, avec les bourses aux élèves du lycée Théophile-Legrand. La Fondation, à son échelle, mène un combat pour la résilience du territoire, pour que les atouts du passé aident à construire l’avenir.
« Avec et pour les habitants de ma ville. »