Convaincue qu’il faut repenser notre rapport au vivant et aux écosystèmes qui nous entourent pour faire évoluer nos modes de vie, l’association suisse id·eau a mis en place depuis 2021 l’Assemblée Populaire du Rhône. Une démarche démocratique inédite pour permettre à 25 riverains du bassin versant du Rhône de faire entendre la voix de leur fleuve.
Agir pour la reconnaissance des droits de la nature
L’association id·eau , « imagination durable pour l’eau douce », est née en 2018 d’une ambition : chercher comment changer notre quotidien pour préserver l’eau, cette ressource essentielle et vitale. Pour Frédéric Pitaval, président de l’association, la rencontre avec Valérie Cabanes, juriste internationaliste, et la découverte de son livre Homo natura, en harmonie avec le vivant ont été déterminantes : « dans son ouvrage, elle propose de réapprendre à cohabiter de manière harmonieuse avec la nature en questionnant notamment notre rapport à la propriété et le modèle de notre économie capitaliste. Cela commence par reconnaître le fait que la nature a le droit d’exister et de se régénérer. »
Cette reconnaissance des droits de la nature est au fondement de la création de l’association. C’est aussi ce qui a initié l'Appel du Rhône , une mobilisation collective et citoyenne en faveur de la reconnaissance d’une personnalité juridique du fleuve. Pour soutenir cette démarche, chacun peut apporter sa signature à l’Appel (qui compte à ce jour 1 450 soutiens) : « Agir pour que les écosystèmes deviennent des sujets de droit et pour qu'ils puissent exister, c'est défendre nos droits fondamentaux et les conditions de vie de nos enfants » explique Fréderic Pitaval. Si elle peut paraitre novatrice, cette démarche de reconnaissance d’un statut juridique à des éléments naturels a fait son chemin dans différentes régions du monde, notamment en Equateur qui a intégré les droits de la nature dans sa Constitution de 2008.
Visite de terrain avec l'association VIVRE (Vivre Ici Vallée du Rhône Environnement). © id·eau Marc Prébandier
Un nouveau modèle démocratique d’écologie
À la suite de l’Appel du Rhône, l’association id·eau a mis en œuvre l’Assemblée populaire du Rhône . Cette expérimentation transnationale porte sur l’ensemble du bassin versant du Rhône depuis le glacier en Suisse jusqu’au delta en France. L’objectif : donner une voix au Rhône pour lui permettre de défendre ses droits fondamentaux. Durant 18 mois, 25 personnes tirées au sort parmi un panel citoyen représentatif de la diversité des habitants du bassin versant du Rhône, ont constitués cette Assemblée populaire. Leur mission : s’informer, questionner, débattre et recommander des modèles et des pistes concrètes d’actions territoriales pour faire entendre la voix du fleuve.
« Ils ont reçu un mandat : imaginer un dispositif de gouvernance du Rhône qui permette de construire une nouvelle façon de vivre avec et pour le fleuve, à la fois en tenant compte des limites planétaires et en reconnaissant les liens d’interdépendances avec ses écosystèmes » précise Frédéric Pitaval. Pour y parvenir, les participants ont été accompagnés par un conseil de gouvernance indépendant veillant à l’intégrité de la démarche qui a planifié les 5 sessions de travail. Les 15 et 16 mars 2024, l’Assemblée populaire a restitué ses résultats à l’association. Désormais, id.eau souhaite les expérimenter sur le territoire. « Nous sommes persuadés qu’il faut agir à son petit niveau local pour inspirer à l’échelle du bassin versant et écrire ensemble de nouvelles manières d’agir » conclut Frédéric Pitaval.
Groupe de travail de l'Assemblée populaire du Rhône. © id·eau Marc Prébandier
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