Solidarité Mayotte : la situation et les priorités un mois après le cyclone Chido
Le 14 décembre dernier, un cyclone d’une ampleur exceptionnelle dévastait l’archipel de Mayotte. La Fondation de France a immédiatement lancé un appel à la générosité qui a permis de collecter 40 millions d’euros. Grâce à ce vaste élan de solidarité, la Fondation de France a déjà apporté son soutien à 18 associations implantées localement pour répondre en urgence aux besoins des populations touchées. Retour sur les premières actions engagées.
Le comité Solidarité Mayotte, qui compte déjà 7 experts bénévoles, s’est réuni à 4 reprises depuis la catastrophe et continuera à se réunir au moins une fois par semaine dans les prochains mois pour décider des actions à soutenir en fonction de l'évolution des besoins. 18 projets ont déjà été soutenus pour un montant de 2,5 millions d’euros.
Répondre aux besoins de première nécessité
La Fondation de France soutient des actions de terrain pour répondre aux besoins de première nécessité : aide alimentaire, eau potable, kits d’hygiène, préparation de la phase de reconstruction du bâti, soutien aux enfants, suivi psychologique, etc. Parmi les initiatives soutenues :
- L’association Wema Watrou qui apporte une aide d’urgence à 70 familles en situation de grande vulnérabilité dans le village de Tsararano : distribution de colis alimentaires et de matériel de première nécessité (produits hygiéniques, matelas, bâches, lampes, trousse de secours, moustiquaires, bidons d’eau, ...), fourniture d’une aide vestimentaire. En partenariat avec la POPAM (Plateforme Opellia de prévention et de soin des addictions à Mayotte), l’association va également fournir une assistance médicale en effectuant des maraudes pour que les personnes les plus isolées puissent avoir accès aux soins.
- L’association Régie de Territoire de Tsingoni, avec laquelle la Fondation de France collabore depuis 2024 pour améliorer la qualité de l’habitat dans le cadre de son programme « Se préparer et répondre aux crises et aux catastrophes ». Depuis le passage du cyclone, l’association distribue des bons alimentaires et organise des maraudes dans les quartiers pour identifier les populations les plus vulnérables, en particulier les femmes, les enfants et les personnes âgées, et les orienter vers les aides disponibles. Elle participe également au déblaiement des quartiers avec les habitants, met en place des jardins potagers collectifs pour relancer la production alimentaire et coordonne deux chantiers d’insertion axés sur la gestion des déchets et le recyclage.
- L’ONG Solidarités International qui apporte son accompagnement technique à plusieurs associations locales notamment pour rétablir l’accès à l’eau potable et réparer les systèmes d’évacuation des eaux usées.
- Le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de Mayotte, qui fournit de l’eau potable, des kits alimentaires et d’hygiène, notamment aux personnes âgées isolées et aux femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Il met également en œuvre des solutions de mise à l’abri temporaire et de traitement de l’eau issue des puits, rivières et sources d’eau.
- L’Union des Étudiants et Élèves Mahorais de La Réunion qui soutient les étudiants mahorais en situation de précarité à La Réunion qui ne peuvent plus recevoir d’aide de leur famille. Elle leur fournit des colis alimentaires et organise des sessions de soutien psychologique en partenariat avec l’université.
Accompagner les enfants et leur entourage
La Fondation de France se mobilise pour préserver l’accès à l’éducation des enfants en soutenant des associations locales qui accompagnent les familles, fournissent du matériel scolaire et des jouets, et organisent des activités sportives, artistiques et culturelles. Elle soutient notamment :
- L’association Le village d’Eva, qui intervient à Mayotte depuis plus de 10 ans dans le domaine de la protection de l’enfance. Elle propose aux enfants des activités pédagogiques ainsi qu’une prise en charge psychologique post-cyclone. Elle distribue également des kits de nourriture et de l'eau potable aux familles.
- L’association Les Petites Pousses qui agit au Nord de Mayotte dans les villes d’Acoua, de Mtsamboro, de Bandraboua et de Koungou où tout a été détruit par le cyclone, en accompagnant 300 enfants de 0 à 10 ans et leur entourage. Elle leur fournit des jouets et des jeux adaptés à leurs besoins. Les assistantes maternelles de l’association animent des temps d’éveil et d’activités artistiques ainsi que des ateliers de cuisine avec les parents et les enfants.
- L’association Les Diables Noirs de Combani qui accompagne 40 familles en situation de grande précarité (femmes seules avec enfants, personnes âgées et personnes en situation de handicap) dans le village de Combani. Elle leur fournit des bons alimentaires, des équipements adaptés à leurs besoins et du matériel scolaire, et organise également des activités sportives et culturelles.
Favoriser l’accès aux soins et apporter un soutien psychologique
Devant l'ampleur de cette catastrophe, les besoins en santé et en soutien psychologique sont considérables. Accès aux soins médicaux de base, accompagnement psychologique, création d'espaces d'écoute… autant d'initiatives portées par les associations soutenues par la Fondation de France, comme par exemple :
- L’association Action Coup de Pouce à Kaweni qui lutte contre l’isolement social des personnes les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants. Elle propose des espaces d’écoute et de soutien psychologique mais aussi un service de restauration collective, des activités éducatives et sportives pour les jeunes, ainsi que des initiatives culturelles intergénérationnelles afin d’aider les populations à surmonter le traumatisme du cyclone.
- L’association Mednum qui lutte contre la fracture numérique sur le territoire mahorais dans cette période post-cyclonique. Elle met en place des points d’accès numériques sur tout le territoire pour que les habitants puissent faire leurs demandes de soins en ligne ainsi que les déclarations de sinistres auprès des assurances. Elle va également organiser des ateliers de formation à ces outils numériques, ainsi que des ateliers de familiarisation avec MEDADOM, une plateforme en ligne de soins médicaux, et ainsi faciliter l’accès aux soins.
- La Fédération Nationale de la Protection Civile, une association présente à Mayotte depuis 2015 qui met en place des actions d’aide médicale d’urgence (ouverture d’un dispensaire, organisation de maraudes médicales, soutien psychologique).
- Médecins du Monde, qui favorise depuis plusieurs années l’accès aux soins de santé essentiels des populations isolées de l’archipel.
Faciliter la reconstruction
En parallèle de la réponse aux besoins immédiats, il faut anticiper la phase de reconstruction et de relance économique. L’habitat et l’agriculture ont été dévastés. Un diagnostic de l’habitat a déjà été engagé avec l'association Likoli Dago au sein du bidonville Talus 2 à Majicavo-Koropa, où la Fondation de France avait contribué à la construction de maisons. Elle contribue également à un diagnostic plus global du bâti réalisé par les Architectes de l’urgence, en collaboration avec l’Etat.
La Fondation de France a également amorcé des discussions avec les professionnels du secteur et des associations comme les Compagnons Bâtisseurs, avec lesquelles elle a déjà travaillé dans des situations post-cycloniques en Outre-Mer. Des échanges sont également engagés pour contribuer à la reprise scolaire le plus vite possible, ainsi qu’à la relance économique, en particulier agricole.
Pour accompagner le retour à la vie normale, la Fondation de France soutient plusieurs initiatives, comme celle de l’association Radio Dziani, principale radio de Mayotte. Grâce au soutien de la Fondation de France, l’association va pouvoir reconstruire ses locaux et remplacer son matériel de diffusion détruit par le cyclone.
Après une première mission du 25 décembre 2024 au 3 janvier 2025, une deuxième mission de terrain est prévue du 19 au 24 janvier 2025. Karine Meaux et Clémence Allirot du pôle Urgences de la Fondation de France, et Jacques Desproges, président du comité Solidarité Mayotte, se rendront sur place pour continuer à évaluer les besoins et plus particulièrement les actions possibles en matière de logement et d’environnement (reforestation, relance de l’agriculture, promotion de l’économie circulaire).
Fondation de France – Solidarité Mayotte 60509 Chantilly Cedex
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