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« La reconstruction, c’est aussi de l’humain »

30 novembre 2017

Trait d'Union est l’association saint-martinoise d’aide aux victimes, membre du réseau France Victimes. ​Son président, Jean-Marie Thévenet, répond à nos questions.

Jean-Marie Thévenet est président de l’association Trait d’Union, délégué du procureur de la République au Tribunal de grande instance de Basse-Terre (Guadeloupe).Quelle est l'action de votre association, Trait d’Union, aux Antilles ?

La mission de notre association s’est étoffée au fils des ans. Au-delà de la sécurité routière, la citoyenneté et les violences conjugales, nous intervenons depuis avril 2016 auprès des victimes d’infractions pénales. Nous les informons et les aidons à récupérer les dommages et intérêts auxquels elles ont droit. En tant que membre du réseau France Victimes, nous sommes mobilisés pour l’aide aux victimes de l’ouragan Irma aux Antilles. Nous connaissons bien Saint-Martin, ce qui nous permet de comprendre les contraintes d’une vie sur une île et les besoins des sinistrés. Avec le soutien de la Fondation de France, nous les accueillons dans le cadre de permanences à Marigot et Quartier-d'Orléans, en plus des maraudes organisées par France Victimes dans les lieux de rassemblement comme les églises. Pour améliorer rapidement les conditions de cet accueil, nous aurons bientôt des infrastructures plus pérennes. En parallèle, nous avons ouvert un numéro dédié : le 06 90 37 84 01. Nous recevons en moyenne 35 appels téléphoniques par jour.

Comment se déroule concrètement votre intervention ?

Juste après le passage de l’ouragan, nous avons procédé à l’évaluation des besoins avec les équipes envoyées à Saint-Martin par la Fondation de France. Cette première phase de travail a duré une semaine et nous a permis de déterminer les priorités d’actions. C’est une démarche d’autant plus complexe que les personnes qui accueillent les victimes – le psychologue, les juristes, l’assistante sociale – sont elles-mêmes touchées par la catastrophe. J’ai eu moi aussi à subir les dégâts de l’ouragan Irma.

Nous avons dû trouver le bon tempo pour agir au meilleur moment car les sinistrés pensaient d’abord à leurs besoins primaires : se nourrir, boire et se loger. Un mois après Irma, nous sommes vraiment dans notre cœur de notre métier : nous accompagnons les victimes juridiquement et socialement, nous les informons sur leurs droits et les démarches à entreprendre, nous leur apportons un soutien moral et psychologique. La reconstruction, c’est aussi de l’humain. Nous accueillons parfois des familles entières. D’autres fois, des parents nous demandent d’aider leur enfant traumatisé par le drame et finissent par exprimer aussi le besoin d’être accompagnés. Cette action sera nécessaire dans la durée.

Est-ce que votre action va s’étendre au-delà de Saint-Martin ?

Nous nous sommes déplacés à Saint-Barthélemy le 25 octobre dernier pour réaliser une évaluation des besoins. Ce n’est pas la même situation qu'à Saint-Martin : les maisons ont mieux résisté car sont de meilleure qualité et les habitants sont surtout en demande de soutien psychologique plutôt que d’accompagnement juridique. Mais nous avons bien sûr vocation à agir aussi sur cette île. C’est pourquoi nous prévoyons un déplacement par mois à Saint-Barthélemy, sachant que les habitants pourront toujours nous contacter via le numéro de téléphone dédié.