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Mineurs non accompagnés : un avenir meilleur est possible

18 juin 2021

Le 20 juin est la Journée internationale des réfugiés. En 2020, le nombre des populations réfugiées ou déplacées s’élevait à près de 80 millions1. Un niveau jamais atteint. Et parmi elles, un nombre croissant de jeunes. Pour répondre à la détresse de ces mineurs qui arrivent seuls sur le territoire, la Fondation de France et ses fondations abritées se mobilisent.

En France, 2ème pays de demandeurs d’asile en Europe2, les mineurs non accompagnés (MNA) représentent l’essentiel des primo-arrivants. Agés de 14 à 17 ans, originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne (48%), du Maghreb (22%)  ou d’Extrême-Orient (17%), ces jeunes sont environ 40 0003 à être pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Mais pour beaucoup d’autres, en attente de réponse favorable, de recours, ou définitivement déboutés, il n’existe que très peu de solutions. Comme l’explique Claire Broussal, responsable du Programme « Accompagner les enfants, leur famille et les jeunes en difficulté » : « Peu d’acteurs de la philanthropie sont engagés sur le terrain des mineurs isolés et pourtant les besoins sont immenses... Il faut savoir que s’ils ne sont pas pris en charge par l’ASE, peu d’alternatives existent pour ces jeunes, ils risquent donc de se retrouver à la rue sans pouvoir faire appel au 115 car mineurs. Il est donc essentiel de leur offrir des conditions de vie digne, leur permettre d’apprendre le français pour faciliter leur intégration, mais aussi les accompagner dans leurs démarches administratives pour sécuriser leur parcours. La plupart de ces aides sont le fait de petites associations locales ou d’initiatives citoyennes qui ont voulu apporter des réponses concrètes à des situations d’urgence et c’est auprès d’eux que la Fondation de France s’engage. »

Nourrir, loger et soigner 

A Paris mais aussi partout en France, nombreux en effet sont les citoyens qui se mobilisent pour mettre à l’abri ces jeunes en leur proposant un toit, de la nourriture et des solutions d’hygiène à titre bénévole. Pour les aider à répondre à ces besoins fondamentaux, qu’ils supportent seuls, la Fondation de France s’engage à leur côté. C’est le cas par exemple des Midis du Mie, un collectif parisien d’une vingtaine de bénévoles qui assurent quotidiennement des distributions de repas, de vêtements, de produits d’hygiène auprès d’une quarantaine de mineurs, auxquels ils trouvent également des solutions d’accueil, soit chez des particuliers, en hébergement collectif ou à l’hôtel. 

Même principe à Bordeaux, où la Fondation de France apporte un soutien à l’association les Hébergeurs solidaires, afin de soulager les familles qui prennent en charge l’accueil de 25 mineurs. L’aide allouée permet ainsi l’achat de titres de transports, de vêtements, de soins de santé ou encore de couvrir les frais inhérents à certains actes administratifs.

Si répondre à ces besoins d’urgence est essentiel, réparer les parcours chaotiques et parfois traumatisants des jeunes exilés l’est tout autant. Bien conscientes que la santé mentale est un préalable à l’insertion, beaucoup d’associations de terrain intègrent dans leur accompagnement une offre de soutien psychologique. Spécialement mobilisée sur cette question, l’AGECSA, l’association de Gestion des centres de santé de Grenoble, soutenue par la Fondation abritée Jeanne Wolff, propose ainsi à plus de 150 mineurs fragilisés, repérés lors de bilans de santé, une prise en charge psychologique, collective ou individuelle. Cette offre de soin est assurée par des praticiens (médecins, infirmiers, travailleurs sociaux) spécialement formés aux problématiques de l’exil.

Aider à se construire un avenir

De façon complémentaire à toutes ces actions, l’autre axe privilégié par la Fondation de France et ses fondations abritées est de favoriser l’insertion des jeunes via l’apprentissage du français, la scolarisation ou l’accès à un parcours de formation. C’est ce que réussit à faire depuis 2017 l’association grenobloise 3 AMIE, en créant une structure inédite qui accueille des dizaines de jeunes exilés déscolarisés pour leur apprendre le français et assurer leur continuité pédagogique. Elle leur propose pour cela 25 heures de cours par semaine (français, mathématiques, histoire, éducation civique, sciences, informatique, etc.), une organisation scolaire avec des horaires réguliers, des devoirs et des liens sociaux. Et les résultats sont probants ! Grâce au partenariat noué avec l’Education nationale, la plupart des jeunes élèves peuvent ensuite intégrer les circuits classiques du lycée ou s’engager dans une formation diplômante.

Participer à la vie sociale et culturelle fait aussi partie du processus d’intégration. C’est avec cette volonté de provoquer des échanges entre mineurs isolés, artistes et citoyens que l’association dunkerquoise Fragile les Bulles a mis en place un programme d’ateliers artistiques avec et pour les exilés. En partenariat avec des structures culturelles locales et la collaboration d’artistes et de bénévoles, les jeunes de l’ex-camps de Grand-Synthe ont ainsi la possibilité de s’initier au théâtre ou aux arts plastiques tout en se familiarisant avec la langue. Régulièrement des événements et des rencontres autour des oeuvres produites sont organisés afin de rendre les jeunes exilés acteurs la vie culturelle du territoire.

Si toutes ces initiatives permettent aux jeunes mineurs d’être accueillis dignement et de se construire un avenir, il est important qu’elles soient durables et se prolongent au-delà de leur majorité, au risque de détricoter un précieux travail. En Bretagne l’association la CAJMA porte une attention toute particulière à cette période charnière qu’est le passage à l’âge adulte. Dans le cadre d’un projet inter-associatif, un appartement solidaire a été aménagé pour accueillir six jeunes majeurs, précédemment suivis par l’association. Ce premier pas vers l’autonomie, fait l’objet d’un accompagnement spécifique et donne l’occasion aux résidents d’apprendre à gérer un budget, de s’acquitter des démarches administratives, tout en poursuivant leur parcours d’insertion professionnelle. Une aide au démarrage plus qu’utile qui devrait renforcer l’intégration déjà encourageante de ces jeunes. Sur les 120 mineurs accompagnés depuis 3 ans par la CAJMA, plus de la moitié d’entre eux volent aujourd’hui de leurs propres ailes.


1. Chiffre de l’Agence de l’Onu pour les Réfugiés, 2020
2. Source : OFPRA, 2019
3. Chiffre de l’Assemblée des départements de France, 2019.