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Solidarité migrants : focus sur trois projets exemplaires

16 décembre 2020

Le 18 décembre a lieu la Journée internationale des migrants. Engagée depuis 2015 à travers le programme Solidarité migrants, la Fondation de France soutient des projets associatifs destinés à accueillir et à accompagner dignement les populations en exil. Focus sur trois associations solidaires, qui ont su adapter leur action au contexte sanitaire.

Les Midis du MIE pour protéger les mineurs isolés

Ils ont entre 14 et 18 ans, viennent d’Afrique ou d’ailleurs et n’ont nulle part où aller. À Paris, le collectif Les Midis du MIE, se mobilise depuis 2016 pour venir en aide à ces jeunes arrivés seuls en France, appelés Mineurs isolés étrangers (MIE) ou Mineurs non accompagnés (MNA). En attente de placement par le tribunal pour enfants pour la plupart, ces adolescents ne peuvent avoir recours au 115 ou à tout autre service pour majeurs, ni à l’aide sociale à l’enfance. C’est pour pallier cette absence de prise en charge, que la vingtaine de bénévoles des Midis du MIE assurent quotidiennement des distributions de repas, de vêtements, de produits d’hygiène et organisent une mise à l’abri de ces jeunes chez des particuliers, en hébergements collectifs ou à l’hôtel.

« Pendant le confinement, nous avons dû inventer de nouvelles solutions pour assurer l’hébergement à temps plein des mineurs car il était impossible de les laisser seuls, dehors, toute la journée », explique Agathe Nadimi, à l’initiative des Midis du MIE. « Grâce à l’aide débloquée par la Fondation de France, 12 d’entre eux ont pu être accueillis à l’hôtel avec la présence jour et nuit de bénévoles à leurs côtés. Pour 16 autres, nous avons pu profiter temporairement d’un théâtre de Montreuil, où nous avons choisi de nous confiner avec eux. Cette solution d’urgence a pris la forme d’une colonie solidaire… Sur place, nous avons proposé aux jeunes des ateliers de musique, de théâtre, ou des cours de français », explique Agathe Nadimi. Soulagée d’avoir pu traverser cette période délicate, elle sait néanmoins qu’elle devra très vite trouver une autre alternative, dès la réouverture du lieu au public.

Des bénéficiaires pris en charge par l’association Réseau de solidarité des migrants, à Rouen. © D.R
 

Le Réseau de solidarité des migrants (RSM), un accompagnement global

À Rouen, c’est dans de nouveaux locaux tout juste rénovés que l’association RSM, créée en 2015, vient d’installer sa permanence d’aide d’urgence pour personnes en exil. Baptisé La Résistance, ce lieu en partie soutenu par la Fondation de France, et cogéré par un collectif de bénévoles et de migrants, propose un accompagnement global des populations migrantes avec distribution de colis alimentaires, de vêtements, aide socio-juridique, consultations psychologiques, cours de français, d’informatique, aide aux devoirs… Plus de 200 bénéficiaires sont ainsi soutenus.

 « Ce lieu est très important pour nous, on peut y recevoir les gens dans de bonnes conditions et aussi centraliser de nouvelles initiatives avec des associations partenaires », confie Kévin-Emeric Théry, un des responsables de RSM.

Ces derniers mois ont évidemment mis à l’épreuve les missions de l’association. « L’impossibilité de se réunir, de se rencontrer a beaucoup pesé. Le confinement a engendré des situations de décompensation, notamment chez les jeunes mineurs isolés dans les hôtels. Pour les soutenir, nous avons créé un système de parrainage de bénévoles afin qu’ils puissent maintenir un lien téléphonique quotidien. En ce qui concerne l’aide alimentaire, nous avons organisé des livraisons au domicile des familles pour limiter les risques. Beaucoup de foyers ont aussi perdu une partie de leurs revenus qui provenaient de petits boulots, nous avons parfois dû les aider à payer leur loyer. »

Malgré un contexte difficile, l’accompagnement a pourtant pu perdurer, et même s’étoffer. « Cette période nous a aussi permis de nous rapprocher d’autres associations pour envisager des actions en réseau », explique Kévin-Emeric Théry. Prochainement, des ateliers de prévention santé seront organisés chaque mois par Médecins du Monde ainsi que des rencontres avec la Ligue des droits de l’Homme.

Des bénévoles du Réseau de solidarité des migrants. © D.R.

La Cimade : soigner les troubles psychiques liés à l’exil

Souvent très fragilisées par un parcours d’exil périlleux et des traumatismes multiples, les personnes exilées ont besoin d’être soutenues psychiquement. C’est ce à quoi s’emploie le centre Frantz Fanon de Montpellier, initié par le collectif d’associations La Cimade. Sur place, une équipe pluridisciplinaire de trois psychologues, un médecin et un juriste, assurent gratuitement des suivis individuels et familiaux pour soutenir les exilés et proposent des groupes de parole à destination des jeunes et des femmes victimes de violence.

Pour favoriser cette prise en charge essentielle, le centre travaille en étroite collaboration avec une douzaine d’interprètes, spécialement formés et sensibilisés à l’approche thérapeutique par l’équipe de praticiens. « La plupart des personnes que nous rencontrons sont très vulnérables et n’arrivent plus à faire confiance, le rôle des interprètes est donc aussi important que celui des psychologues pour renouer le lien, ce sont de vrais co-thérapeutes », explique Muriel Montagut, responsable du centre.

Avec la crise sanitaire et l’impossibilité de sortir, l’état psychique des personnes s’est fortement dégradé. Muriel Montagut poursuit : « Nous avons été très sollicités par les professionnels de santé qui devaient faire face à des crises d’angoisse, des situations de grande détresse et des risques suicidaires, nous avons donc décidé de créer une plateforme téléphonique de 25 psychologues travaillant en lien avec des interprètes. À la fin du premier confinement, nous avons pu poursuivre l’accompagnement psychologique avec une partie des personnes suivies. »

Pour Suzanne de Bellescize, responsable du programmeSolidarité migrants de la Fondation de France, ces trois initiatives illustrent chacune à leur manière, les différents axes d’intervention portés par la Fondation de France. « D’une part il y a les actions d’urgence soutenues en 2020, dont la mise à l’abri en urgence des plus fragiles, en particulier les mineurs, comme le fait les Midis du MIE. D’autre part, sur le long terme, nous nous efforçons de soutenir l’engagement citoyen auprès des exilés, qui repose souvent sur des bénévoles, si nombreux à se mobiliser mais qui ont besoin de formation, d’accompagnement, et parfois simplement d’un local où se réunir, comme ceux de RSM. Enfin, il nous apparaît fondamental de prendre en charge les personnes souffrant de troubles psycho-traumatiques, comme au Centre Frantz Fanon. Cette attention portée à la santé mentale est essentielle ; une amélioration de l’état psychique est souvent un préalable à l’intégration et même à l’obtention du statut de réfugié », explique Suzanne de Bellescize.