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Fondation Afnic : 10 ans au service d’un numérique solidaire

24 novembre 2025

A l’occasion du dixième anniversaire de la fondation, Isabel Toutaud, déléguée générale, revient sur ses origines, ses missions et ses perspectives face à des enjeux en constante évolution.

Comment est née la Fondation Afnic ?

Depuis 1997, l’Association Française pour le Nommage Internet en Coopération  (Afnic) est le gestionnaire des noms de domaine en « .fr ». En 2012, dans le cadre d’un appel à candidatures lancé par l’Etat, l’Afnic s’était engagée à créer un fonds pour financer des actions d’intérêt général. Après sa désignation officielle et la signature d’une convention avec l’Etat, le projet a été lancé et la Fondation Afnic  est née en 2015. Dans la première convention, 90 % des bénéfices de l’Afnic liés aux revenus des noms de domaine en « .fr » étaient affectés à la Fondation Afnic. Des variations fortes existaient dans les versements, allant de 700 000 euros jusqu’à 2,5 millions d’euros par an. Depuis une nouvelle convention signée avec l’Etat en 2022, l’association doit affecter 11 % de son chiffre d’affaires à des actions concourant à l’intérêt général, et s’engage à verser annuellement un minimum de 1,3 million d'euros à la Fondation Afnic.

Quelles sont les missions de la fondation ?

La Fondation Afnic est pionnière dans ses actions en faveur d’un numérique solidaire. Notre principale mission est de réduire la fracture numérique. Au moment de la création de la fondation il y a 10 ans, nous étions peu d’opérateurs à apporter des réponses à cet enjeu. Depuis, nous avons soutenu près de 600 initiatives pour rendre accessible le numérique aux personnes les plus vulnérables et développer des outils au service de tous.

La fondation organise son activité autour de deux appels à projets. Le premier, « Ateliers numériques » , vise à soutenir des projets de formation et de médiation sur des thématiques diverses fixées chaque année : la sensibilisation aux risques liés aux usages d’internet, les impacts du numérique sur l’environnement, les compétences sur le logiciel libre pour ne pas être trop dépendants des GAFAM, etc.

Le deuxième appel à projets est multithématique. Il nous permet de soutenir une grande diversité d’initiatives dans des domaines comme la culture, la santé ou le développement territorial, dès lors qu’elles intègrent une dimension numérique : développement de plateformes, de logiciels, de MOOC, accompagnement à la transformation numérique, etc.

Comment accompagnez-vous les associations ?

Nous soutenons des initiatives sur des durées variables : un an pour des projets « simples » de médiation numérique, et jusqu’à trois ans pour les structures locales ou régionales à travers un accompagnement spécifique, le dispositif Appel à Manifestation d’Intérêt  (AMI). Lancé en 2020, il nous permet d’aider des réseaux d’associations à implanter des initiatives de solidarité numérique sur au moins trois départements. Dans ce cadre, nous avons par exemple accompagné pendant trois ans la Fédération Familles Rurales  dans le déploiement de points de médiation numérique sur tout le territoire, y compris les DROM COM. Plus récemment, nous soutenons la Croix-Rouge  pour former ses bénévoles à la e-santé sur tout le territoire. L’objectif de cette formation : mieux accompagner les publics fragiles dans leurs démarches en ligne, comme prendre un rendez-vous sur internet ou consulter un professionnel en visioconférence.

Au-delà des soutiens financiers, si un projet nous intéresse mais que la structure nous semble un peu fragile, que certaines compétences nécessitent d’être renforcées, nous proposons un référent pour accompagner l’association à chaque étape clé de son activité.

Nous proposons également des formations gratuites pour les lauréats des appels à projets. Elles sont animées par des salariés de l’Afnic, par des associations soutenues par la fondation ou par des professionnels. Parmi les thématiques abordées : la création et le référencement de sites internet et la protection des données personnelles notamment.

Enfin, pour répondre aux besoins de rencontres des associations et leur permettre de nouer des partenariats, nous avons mis en place les Kfé papote. Pendant ces rendez-vous thématiques, des associations soutenues par la fondation présentent leurs projets et échangent avec les participants. A l’occasion du Kfé papote dédié aux enfants et au numérique, la fondation Afnic a par exemple reçu les associations Trisomie 21  et Ecoute mes histoires  pour parler de leurs projets qui améliorent le quotidien d’enfants en difficulté grâce au numérique. Les femmes dans le numérique, les outils numériques au service de la santé ou encore de la scolarisation des enfants ont été d’autres thématiques abordées lors de ces temps d’échanges.

Comment agissez-vous au cœur des territoires ?

Dès 2016, nous avons mis en place le SolNum Tour, une tournée des territoires dans toute la France pour aller à la rencontre des associations. L’objectif : mieux comprendre leurs initiatives et leurs besoins, mais aussi leur présenter la fondation et ses appels à projets.

Le SolNum Tour nous permet également de mettre en lien différents acteurs sur un même territoire. Par exemple, l’association strasbourgeoise Au Bon Entendeur , qui agit pour aider et déstigmatiser les personnes entendant des voix, cherchait un appui technique pour lancer une application mobile. Lors de l’un de nos déplacements à Strasbourg l’année dernière, une structure de la région Grand Est, présente dans la salle, a proposé son expertise afin de développer l’application. La fondation soutient aujourd’hui le projet.

Quel bilan tirez-vous après dix ans d’action ?

Depuis 2015, la Fondation Afnic a financé plus de 600 projets pour un montant total de plus de 11,5 millions d’euros. Nous avons accompagné le lancement de nombreux projets aujourd’hui reconnus dans le secteur. Par exemple, le coffre-fort solidaire Reconnect , que nous avons soutenu dès 2016 et qui permet aux personnes sans-abri ou défavorisées d’avoir un endroit où déposer leurs documents sous format numérique. Les professionnels du secteur social, comme le Samu social  ou Emmaüs , utilisent désormais cet outil dans de nombreuses régions.

Silver Geek  est un autre projet emblématique soutenu par la fondation. A ses débuts, l’association n’existait pas ; elle œuvrait sous couvert d’un fonds de dotation. Le projet présenté visait à organiser des échanges intergénérationnels autour des jeux vidéo, avec pour objectif de sensibiliser les personnes âgées au digital. Aujourd’hui, l’association propose de nombreuses activités, notamment des ateliers numériques ludiques hebdomadaires animés par des jeunes dans des structures d’accueil pour personnes âgées, ainsi que des compétitions e-sport amateures entre équipes de personnes de plus de 60 ans. Des travaux de recherche ont montré que les activités déployées par l’association permettaient de préserver une bonne qualité de vie chez les seniors et d’entraîner leurs facultés mentales. Aujourd’hui, grâce à sa méthodologie reconnue, Silver Geek intervient dans de nombreux Ehpad dans toute la France, organise des championnats dans la salle de spectacle de Paris Bercy et propose sous licence à tarif social sa méthodologie à d’autres acteurs sur tout le territoire.

Quels sont les nouveaux enjeux dans le secteur du numérique ? Quelles réponses la Fondation Afnic peut-elle y apporter ?

Nous nous donnons comme objectif d’aller soutenir des associations qui ne sont pas soutenues par ailleurs, des secteurs où les besoins ne sont pas couverts, des publics qui sont oubliés.

Il y a quelques années, nous avions mené une série d’entretiens pour mieux cerner les enjeux à venir. À l’époque, personne ne voyait plus loin que la fracture numérique. Aujourd’hui, elle existe toujours, mais elle a changé de forme : les futurs seniors, par exemple, auront utilisé les outils numériques tout au long de leur vie professionnelle. Ils ne seront plus complètement déconnectés comme pouvaient l’être les générations précédentes, mais devront certainement appréhender de nouvelles fonctionnalités numériques.

Selon moi, le grand enjeu aujourd’hui concerne les jeunes. Ils donnent l’impression d’être très connectés, mais leur usage des outils numériques reste souvent centré sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi la fondation développe de nombreux ateliers d’éducation aux médias. Nous voulons aussi proposer davantage de formations pour leur faire prendre conscience de l’impact de leurs usages et les sensibiliser à un numérique plus responsable et respectueux de l’environnement.

L’e-santé, notamment la formation aux nouveaux outils et nouvelles plateformes, et l’intelligence artificielle sont deux autres axes où il va y avoir d’importants besoins. La fondation souhaite accompagner les citoyens et les associations à s’approprier l’IA de façon responsable. Il y a aussi un enjeu majeur à accompagner les associations qui accueillent des personnes vulnérables mais qui sont elles-mêmes parfois en difficulté avec le numérique. La fondation les aide donc à mettre des outils en place : CRM pour la gestion de la relation client ou ERP pour automatiser les processus internes par exemple. Les associations doivent être outillées numériquement pour être plus efficaces ensuite dans leurs actions auprès des publics. C’est, selon nous, un vrai moyen de gagner en impact !

Enfin, dans le cadre de notre anniversaire en décembre, nous organisons une table ronde sur le thème « Le numérique solidaire, construire demain ensemble ». De nouveaux enjeux du numérique consistent en effet à concilier innovation et inclusion : développer des usages utiles dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la culture ou encore des territoires, tout en s’assurant que personne ne soit laissé de côté dans cette transformation. Notre objectif est de montrer comment le numérique peut devenir un véritable levier de transformation sociale, au service des solidarités humaines, plutôt qu’un simple outil technologique.