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La responsabilité territoriale des entreprises : comment la philanthropie stratégique s’inscrit dans cette notion ?

sud-ouest| 22 Mai.2023

La Responsabilité Territoriale des Entreprises (RTE) est une notion émergente développée dans le milieu universitaire, qui commence à irriguer la réflexion des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), des entreprises et des acteurs publics. Ce sujet de l’engagement des entreprises au service de l’intérêt général est au cœur de l’action de la Fondation de France, notamment dans les régions, où l’envie de s’investir pour son territoire, de trouver des solutions pour améliorer la vie des habitants, est partagée par de nombreux acteurs.

C’est pourquoi elle a décidé d’organiser ce webinaire dédié à la responsabilité territoriale des entreprises, où sont intervenues :

  • Maryline Filippi, Professeure à Bordeaux Sciences-Agro et chercheuse associée à l’INRAE Paris Saclay, rédactrice en chef de la RECMA (Revue internationale de l’économie sociale). Elle a dirigé la rédaction du livre La responsabilité territoriale des entreprises (2022), écrit avec un collectif de chercheurs pour la Chaire Terr’ESS de Sciences Po Bordeaux.
  • Laurence Langou, Responsable du développement philanthropie et mécénat à la Fondation de France Sud-Ouest
  • Béatrice Bausse, Déléguée Générale à la Fondation de France Sud-Ouest
Laurence Maryline web
Maryline Fllipi, Professeure à Bordeaux Sciences-Agro et chercheuse associée à l’INRAE Paris Saclay, rédactrice en chef de la RECMA, et Laurence Langou, Responsable Développement Philanthropie et Mécénat à la Fondation de France Sud-Ouest

Comment définissez-vous ce concept de « RTE » ? En quoi se distingue-t-il de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) ?  

Maryline Filippi : L’idée de la RTE est d’entreprendre en collectif et en responsabilité pour le bien commun. Il faut bien la différencier de la Responsabilité Sociétale des entreprises (RSE), apparue dans un contexte d’internationalisation et de financiarisation croissantes des entreprises. L’engagement auquel incite la RSE est individuel alors que la RTE repose sur une dynamique collective, ce n’est pas une « RSE territorialisée ».

Il faut aussi bien définir ce que l’on entend par territoire : il ne s’agit pas d’un découpage administratif, le territoire, c’est un « construit social », fait d’interactions avec des entreprises, des collectivités, où tous les acteurs peuvent agir, en ayant conscience qu’ils sont interdépendants…  C’est une source d’expérimentation de solutions, de création de réponses, de construction de nouvelles régulations… Ce sont toutes ces dynamiques qui permettent de « Faire territoire ». Cela repose sur une proximité géographique et une proximité organisée, où se créent des liens, des accords de coopération… Ce qui fait territoire, c’est la superposition de ces deux proximités.

Les exemples types de cet esprit de coopération nécessaire sont les Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée (TZCLD), les Pôles Territoriaux de Coopération Economique (PTCE), ou encore les monnaies locales.

En quoi la « philanthropie stratégique » fait-elle écho à la RTE ?

Laurence Langou : La philanthropie stratégique rejoint la notion de RTE, car c’est une démarche de dons organisée, une rencontre entre intérêt privé et intérêt général avec la volonté d’avoir un impact… Ce qui est nouveau dans cette approche, c’est d’appliquer la notion de stratégie à un domaine comme la générosité qui en est par nature très éloignée. En effet, les dons sont souvent spontanés et déclenchés par l’affect. Mais pour avoir le maximum d’impact, il y a une véritable stratégie d’action à mettre en place : quel objectif, quel impact avec quels acteurs ?

Au niveau territorial, nous nous attachons à calibrer les meilleures réponses pour donner le maximum d’impact aux envies d’agir. C’est pour cela que la Fondation de France a fait le choix d’un ancrage territorial par une organisation décentralisée, avec des fondations régionales sur tout le territoire français. Chaque région a ses problématiques propres ; aussi nous nous reposons sur une communauté de parties prenantes diverses en local (entreprises, donateurs, partenaires, bénévoles…), afin d’identifier les bons acteurs et d’initier des coopérations pertinentes.

Le dispositif TZCLD, évoqué par Maryline, est d’ailleurs soutenu par la Fondation de France depuis ses débuts en 2013.

Quels sont les outils et les exemples qui illustrent l’esprit de la RTE ?

M.F. : Il est important de penser la façon de s’engager. Aujourd’hui, on met davantage l’accent sur la recherche d’impact et l’exemple des TZLCD montre bien qu’il n’y a pas une solution préconstruite pour tous les territoires. Le droit à l’expérimentation doit être permis et encouragé, avec le droit à l’erreur qui l’accompagne, puisque chaque territoire est différent, a des besoins qui lui sont propres, et il faut donc tester.

Ce qui me semble le plus important, c’est de ne pas opposer les personnes et les organisations même si leurs intérêts paraissent contradictoires. Bien sûr, travailler ensemble n’est pas toujours évident. Comment créer un intérêt commun ? Cela nécessite de changer de logique, d’adopter des modes de gouvernance participatifs. C’est un nouveau contrat sociétal et un nouveau modèle d’entreprise qui se dessinent, en mettant l’action collective au centre des solutions.

L.L. : Donner le pouvoir d’agir aux personnes qui font preuve de générosité, c’est notre ADN à la Fondation de France. L’exemple des fondations territoriales qui se développent de plus en plus est un bon marqueur de ces nouvelles façons d’agir dans les territoires. La Fondation « Fier de nos quartiers La Rochelle » a été créée en 2011, grâce à l’engagement de six entreprises, pour que les habitants se réapproprient un quartier de la Rochelle, et contribuent à le redynamiser. C’est un bel exemple de mobilisation autour d’un projet de territoire fort. Autre exemple d’action collective : le projet Osmose, également à la Rochelle, soutenu par la Fondation de France dans le cadre du programme « Démarches territoriales », mais aussi les fondations abritées Léa Nature et Fiers de nos quartiers. Il s’agit d’une alliance inédite entre des acteurs de l’ESS locaux et nationaux, un établissement public et des entreprises, en vue de créer une formation-action innovante dans le domaine de la transition écologique basée sur l’entrepreneuriat coopératif. Cette action vient répondre à un besoin des jeunes du territoire, qui sont nombreux à être peu ou pas diplômé et sans emploi.

Ce qui est également intéressant, c’est que grâce à ce projet et aux discussions qu’il a suscitées autour de la jeunesse, le département de la Charente-Maritime a proposé de prendre en charge le Concours Déclics jeunes (bourses à la vocation pour les 18-30 ans) porté par la Fondation de France. On observe ainsi les effets de la coopération de diverses parties prenantes locales et la création progressive de synergies.

Quelles perspectives pour la RTE ?

M.F. : La RTE est confrontée à trois types de challenges auxquels il faut répondre : tout d’abord, il faut travailler l’ingénierie et l’accompagnement. C’est un enjeu important pour faire émerger les solutions au niveau d’un territoire, inciter les acteurs à participer.  Se pose ensuite la question centrale de la gouvernance, pour articuler les différents niveaux d’actions, de participations. J’insiste sur l’importance d’une implication d’acteurs variés dans le processus de RTE, la pluralité est une garantie puisque plus il y a de parties prenantes associées, plus le risque de captation par un acteur diminue. Mais cela doit s’organiser. Enfin, il faut se questionner davantage sur la création de valeur et son partage : analyser les dispositifs, les évaluer, trouver les indicateurs pertinents au service de l’action… Au sein de notre collectif de recherche, nous ne sommes pas tous et toutes du même avis sur ces questions ! Nous cherchons à élaborer des modèles mais sans normativité.

L.L. : Je rejoins également les trois grands enjeux évoqués par Maryline : faire émerger les projets, mettre en place les bons dispositifs de gouvernance, et renforcer la recherche pour rendre compte de l’efficacité des actions menées et nous aider à améliorer nos pratiques. Le territoire est un laboratoire pour réfléchir et créer de nouvelles solutions et nous avons besoin des entreprises dans cette dynamique.

Pour conclure, l’idée derrière tout cela est de prendre conscience de notre interdépendance et d’amener à un nouveau contrat social. La philanthropie stratégique et la RTE sont des leviers pour réengager les personnes sur leur territoire.

 Propos recueillis par Réhane Jullemier

Ressources :

La responsabilité territoriale des entreprises, Sous la direction de Maryline Filippi, Editions Le Bord de l’eau (2022)

Le livre blanc de la RTE (2022) : https://www.cress-na.org/wp-content/uploads/2022/12/Le-livre-blanc-de-la-RTE-1.pdf

Vers une philanthropie stratégique, Peter Frumkin, Anne-Claire Pache et Arthur Gautier, Editions Odile Jacob (2020)

 

 
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