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Allez les femmes !

8 mars 2019

Mobilisée contre toutes les formes de discrimination, la philanthropie s’engage naturellement pour la cause des femmes. Contre les stéréotypes, contre les inégalités, la Fondation de France et les fondations qu’elle abrite soutiennent des projets innovants, en France comme à l’international.

« J’aimerais qu’il n’y ait pas de journée internationale des femmes. Cela signifierait qu’il n’y a plus de discrimination et donc plus de luttes, plus de revendications, parce que les comportements sont devenus égalitaires et que tous les citoyens peuvent exercer la plénitude de leurs droits (…). C’est encore un rêve. » Ces mots sont ceux d’Yvette Roudy1, ministre aux Droits de la femme de 1981 à 1986 et à l’origine de la reconnaissance officielle en France… de la journée du 8 mars ! Aujourd’hui, à 90 ans, cette combattante a conservé intact son goût de l’engagement : elle a créé la Fondation Yvette Roudy fin 2018, et vient de remettre son premier prix à Michèle Loup, présidente de l’association Du côté des femmes qui combat les violences faites aux femmes et agit pour plus d’égalité entre les femmes et les hommes dans le Val-d’Oise.

90 ans, une vie consacrée à la défense des droits des femmes… Yvettes Roudy vient de créer sa fondation, abritée par la FDF. 
Retrouvez son portrait : Yvette Roudy, la cause des femmes chevillée au corps

 

« La thématique intéresse de plus en plus les fondateurs, souligne Frédéric Berard, référent fondations. Avec des approches souvent ciblées et originales. » Comme celle de la Fondation Abéona, qui soutient depuis 2017 les projets de recherche mobilisant les ressources de l’intelligence artificielle au service de l’égalité hommes-femmes. Ses premiers financements portent sur des travaux menés en partenariat avec l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), sur la sclérose en plaque et la maladie d’Alzheimer, deux affections touchant davantage les femmes.

D’autres fondations choisissent d’agir à 360°, comme la Fondation Raja-Danièle Marcovici, créée par le groupe Raja, qui a engagé plus de 9 millions d’euros depuis 2006, en France et à l’international. Au total, 447 projets associatifs soutenus autour de quatre axes : l’éducation, l’insertion professionnelle et sociale, la place des femmes dans la protection de l’environnement, et la lutte contre les violences et la défense des droits des femmes. Une démarche « évidente » pour sa fondatrice Danièle Kapel-Marcovici, présidente directrice générale du groupe Raja créé par sa mère, mais aussi une démarche collective : micro-don, parrainage de projets, bénévolat de compétences, collecte solidaire... A l’occasion du 8 mars, la fondation mobilise les salarié(e)s du groupe pour la cause des femmes et les embarque dans l’aventure philanthropique.

Le corps, pour recouvrer sa capacité d'agir

Trouver des leviers originaux pour encourager « le pouvoir d’agir » au féminin… C’est la démarche qui sous-tend les programmes menés en propre par la Fondation de France, pour et par les femmes. Au premier rang : Allez les filles, qui finance des projets conjuguant sport et émancipation. « En matière de pratique sportive, garçons et filles ne jouent pas dans la même cour, souligne Aurélie Martin, responsable du programme. Seuls 37 % des licenciés sont des sportives. C’est à l’adolescence que l'on constate un décrochage massif de la pratique sportive chez les jeunes filles. Et cette interruption est beaucoup plus importante dans les milieux défavorisés. Or, parce qu’il renforce la confiance en soi, qu’il favorise la combativité, le sport est un levier d’insertion et un outil incroyable de recouvrement de sa capacité à agir ».

Le comité sélectionne chaque année une trentaine de projets, partout en France, qui intègrent la pratique sportive dans une démarche de développement personnel pour des jeunes filles en difficulté. Exemple : « Les filles en Piste ! », de l'association Heka à Chinon,s’adresse aux jeunes filles en souffrance psychique repérées par les infirmières scolaires des établissements des quartiers sensibles de ce territoire. Le principe : des groupes « cirque & parole » qui associent pratique physique, jeu et groupes d’expression, dans l'univers sécurisant du chapiteau. Les activités qui leur sont proposées mobilisent des professionnels aux compétences complémentaires : artistes, psychologue, éducateurs sportif, diététicien, tabacologue… pour libérer la parole et dénouer les difficultés des adolescentes.

A Amiens, la boxe se pratique au féminin. Un projet soutenu dans le cadre du programme Allez les filles !

K comme Karaté, K comme Kombattante

Autre projet-phare soutenu par le programme Allez les filles : « Les Kombattantes », développé par l’association Fight for Dignity, créée par Laurence Fischer, triple championne du monde de karaté. Dans le cadre d’une prise en charge médico-psycho-sociale, le projet propose la pratique du karaté à des femmes victimes de violences (violences conjugales, mutilations sexuelles), accueillies à la Maison des Femmes de Saint-Denis. Associant sport de combat et temps d’expression, la démarche leur permet de retrouver confiance en elles, de travailler l’estime de soi et de prendre soin de leur corps. Une équipe de recherche en neuropsychologie va d'ailleurs mener une recherche-action sur cette initiative, pour mieux comprendre la place du corps dans la reconstruction psychique. Enfin, un partenariat avec le magasin Décathlon de Noisy-le-Sec a été mis en place pour accompagner une partie des femmes accueillies dans le projet vers l’insertion professionnelle. De la réappropriation du corps à l’insertion sociale, c’est ainsi un fil qui se (re)tisse.

Le ballon ovale se conjugue au féminin

Le projet « l'Essai au Féminin », lancé en 2009 par l'association Rebonds, favorise l'éducation et l'insertion des jeunes filles de quartiers sensibles toulousains, par l'intégration dans un club de rugby.

En Afrique, aux Antilles, en Guyane : l'égalité, une arme pour lutter contre le sida

A des milliers de kilomètres de la Seine-St-Denis, en Guyane, à Mayotte, aux Antilles et en Afrique subsaharienne, la Fondation de France agit au côté des femmes victimes du sida. « Le programme Sida a mis l’accent depuis 2009 sur les inégalités de genre, qui biaisent la lutte contre la pandémie, souligne Véronica Noseda, membre du comité Sida, santé et développement. Par exemple la sous-information des jeunes filles, le fait que la prévention soit perçue comme « une affaire de femmes », la honte qui pèse sur les femmes infectées et leur mise au ban de la société… tous ces facteurs sont des accélérateurs d’expansion du VIH. Notre combat passe par l’éducation des garçons et des filles, par le soutien aux malades et l’implication des familles, par l’accompagnement des femmes vers l’autonomie économique et la défense de leurs droits. Bref, la guerre contre le sida se gagnera avec les armes de l'égalité !    

Ateliers pour réduire les violences faites aux femmes, accompagnement des professionnelles du sexe, actions en faveur de l'autonomisation des femmes, etc. : au Togo, l'association Action contre le Sida (ACS) aide les femmes atteintes du sida de plusieurs façons. Explications.

Donner toutes leurs chances aux rêves des jeunes femmes

Quand on a 20 ans, ce n'est pas d'idées dont on manque, mais souvent d'un réseau et de moyens pour les mettre en œuvre. Depuis 1975, la Fondation de France soutient les vocations en herbe, avec les bourses Déclics jeunes qui ont déjà accompagné près de 1 000 jeunes porteurs de projets artistiques, scientifiques, humanitaires… Parmi eux, 415 jeunes filles. « En près de 50 ans, la nature des projets a évolué, souligne Anne Lauthe, responsable du programme. Souvent très artistiques et académiques à l’origine, ils sont aujourd’hui essentiellement tournés vers l’intérêt général. Avec des lauréates combattives et innovantes ! »

Comme Fania Abdou Housseine Anoir, dont le projet « Place des Clichés » a été primé en 2018 : sensibiliser les collégiens et lycéens aux stéréotypes de genre, lors d'ateliers à la fois ludiques et participatifs. « Pourquoi sont-ce toujours les femmes qui font le ménage ? Pourquoi ai-je moins le droit de sortir que mes frères… Petite, je me suis toujours posée des questions sur la différence de traitement entre les sexes ! explique Fania. Ce n’est qu’une fois arrivée à la fac, en Master de sociologie, que j’ai eu les réponses aux questions que je me posais ». Depuis, Fania est passée de la théorie à la pratique, avec son association qui compte à son actif plus de 23 ateliers de sensibilisation en Ile de France et qui pense déjà à la démultiplication : « la bourse Déclics Jeunes finance la réalisation d’un kit pédagogique pour les enseignants ». Quand l’émancipation fait boule de neige…

12 lauréates des Déclics jeunes 2018, 12 projets inspirants


[1] Source 8mars.info/yvette-roudy

À l'ère digitale, où sont les femmes ?

En trente ans, le nombre de femmes ingénieures en informatique est passé d’un tiers à 15 % des effectifs. Pour favoriser la parité et l’égalité entre les femmes et les hommes dans les métiers du numérique, la Fondation Femmes@numerique, abritée à la Fondation de France, table sur la sensibilisation des jeunes filles en milieu scolaire, de leurs familles et de leurs enseignants.
Retrouvez notre dossier : Femmes et numérique, la Fondation de France s'engage