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Préserver et partager l'eau face aux changements climatiques

16 octobre 2024

L’eau, ressource vitale pour la vie sur Terre, se raréfie de plus en plus sous la pression des activités humaines et des changements climatiques. Face à ce constat alarmant, comment concilier équité sociale et préservation écologique à travers une gestion partagée de l'eau ? Le Gret et La Fondation de France ont tenté d’apporter des réponses à cet enjeu majeur en organisant, le 25 septembre dernier, un temps d’échange autour d'initiatives menées en France, au Sénégal et au Togo par des organisations de la société civile et des collectivités territoriales. Cet événement s'inscrivait dans la continuité d’un cycle d’ateliers menés tout au long de l'année 2024, visant à explorer de nouvelles formes de gouvernance de l'eau.

Le défi de la gouvernance de l’eau

Durant plus de 20 ans, la Fondation de France a soutenu des initiatives de concertation puis de participation citoyenne dans le domaine de la transition écologique. En 2021, elle a souhaité aller plus loin en initiant un programme autour des communs, c’est à dire la gestion collective des ressources, par une communauté d’usagers. Comme l'a souligné en préambule de cette rencontre Laetitia Bertholet, responsable du programme Transition écologique et solidaire à la Fondation de France : « La gestion de l’eau est au cœur de la transition écologique, mais elle soulève aussi des enjeux sociaux et démocratiques. » Selon elle, il est fondamental que toutes les personnes directement concernées par les enjeux écologiques sur leurs territoires participent à la mise en œuvre des solutions pour transformer leurs modes de vie.

Cette rencontre fait suite à un cycle d’ateliers, menés en 2024 par le Gret, le collectif Remix the Commons et la Fondation de France. Intitulé « Faire commun ici et ailleurs : prendre soin et maîtriser les usages de l’eau », il a réuni des associations, des collectivités locales et des chercheurs pour partager leurs pratiques, les défis auxquels ils sont confrontés et construire des apprentissages pour l’avenir. « L’enjeu est de créer des services d’eau potable accessibles à tous et durables dans le temps », explique Thomas Le Jeune, responsable de projets au sein du Gret, organisation qui travaille depuis plus de 30 ans à aider des communautés locales à s’approprier la gestion de l’eau.

Comme l'a souligné Emeline Hassenforder, chercheuse dans le domaine de la gouvernance de l’eau et des territoires au CIRAD, l'un des principaux obstacles reste la gestion centralisée de l'eau par les pouvoirs publics, souvent focalisée sur l'offre sans prendre en compte les préoccupations environnementales et sociales. Néanmoins, l'exemple de Paris, où l'eau est gérée comme un bien commun par une régie publique, montre que des modèles alternatifs sont possibles. Comme le rappelle Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de l'eau, de l'assainissement et de la gestion des canaux de 2008 à 2014, « le prix payé par les Parisiens ne concerne que le service d'eau, et non l'eau elle-même ». Un modèle qui souligne l'importance d'une gestion publique de cette ressource vitale.

Regards croisés France – Afrique de l’Ouest

Le cycle d’ateliers « Faire commun ici et ailleurs : prendre soin et maîtriser les usages de l’eau » a mobilisé de nombreux acteurs français, sénégalais et togolais afin qu’ils puissent échanger sur leurs expériences et leurs stratégies. Des ateliers en ligne, suivis de rencontres sur le terrain, ont permis de partager les pratiques et d’identifier les défis spécifiques rencontrés par chaque territoire.

À Lyon par exemple, alors que la ressource en eau est sous tension, les élus de la Métropole ont approuvé la reprise en gestion publique du service d’eau potable. Ce passage en régie est un moyen d’impulser un ressaisissement citoyen de la question de l’eau comme bien commun plutôt que comme bien de consommation. Les ateliers de concertation initiés par le GRET ont mené à la création d’une Assemblée des usagers de l’eau, constituée de 120 citoyens volontaires dont 4 siègent au comité d’administration de la régie publique de l’eau.

Au Sud du Togo, sur le bassin versant du lac Togo, on constate de fortes pressions sur les ressources en eau dues à la croissance et à la concentration démographique, menant parfois à des conflits armés pour s’approprier cette ressource. L’enjeu des ateliers est d’accompagner les collectivités territoriales dans leurs nouvelles compétences de gestion de l’eau et d’aider les usagers à se saisir du sujet pour co-construire les politiques publiques.

 « Il est essentiel de construire un récit collectif pour créer une véritable identité commune autour de l’eau », a conclu Frédéric Sultan, coordinateur du Remix the Commons. Cette rencontre a également permis d’envisager la création d’un réseau d’acteurs engagés dans des initiatives concrètes pour transformer les pratiques actuelles sur la gouvernance de l’eau.