« L’art peut sauver les esprits », par Bechara El-Khoury
En hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le compositeur et poète franco-libanais Bechara El-Khoury a composé la symphonie Il fait novembre en mon âme. Il nous livre ici son regard sur l’art et la philanthropie.
J’ai grandi avec la guerre et ces souvenirs ne me quitteront jamais. Je ne peux que réagir aux horreurs et injustices, partout dans le monde. J’ai composé ma Trilogie libanaise : Requiem, Premier poème symphonique, Première symphonie, en souvenir de la guerre du Liban que j’ai vécue pendant quatre ans avant d’arriver à Paris en février 1979. Plus tard, j’ai composé New York, Tears and Hope pour orchestre, à la mémoire des victimes du 11 septembre 2001.
Mon septième poème symphonique Il fait novembre en mon âme, est dédié à la mémoire des victimes du 13 novembre 2015 à Paris. J’ai été très touché par la démarche de Louise Albertini et Julien Thomast, la mère et le beau-père de Stéphane, mort au Bataclan, qui ont fait appel aux Nouveaux commanditaires de la Fondation de France pour rendre hommage à leur fils. Bruno Messina, le médiateur, m’a expliqué ce projet qui ne pouvait que me toucher : permettre à un citoyen de faire appel à l’art est sublime, exceptionnel. Et cela d’autant plus lorsqu’il est question d’une tragédie au singulier comme au pluriel, car cette œuvre est dédiée à Stéphane ainsi qu’à toutes les victimes de ces attentats.
L’art et la philanthropie peuvent se conjuguer, ils participent à la construction d’un monde meilleur, en dépit des égoïsmes personnels et collectifs. Si l’art ne peut sauver le monde, il peut sauver les esprits, des fragments d’humanité, et ainsi, on avance à petits pas.