L’origine, cause de plus de la moitié des discriminations
Aujourd’hui encore, l’égalité est loin d’être une réalité en France. En 2020, 19 % des personnes de 18 à 49 ans déclaraient avoir subi des traitements inégalitaires[1]. Parmi elles, 58 % des hommes et 32 % des femmes l’ont été en raison de leur origine, de leur couleur de peau ou de leur nationalité. Les personnes ayant une origine étrangère ou perçues comme telles font l’objet, dès le plus jeune âge, d’expériences discriminatoires qui constituent des obstacles majeurs dans leurs trajectoires de vie. [2] C’est le cas des discriminations à l’embauche : les personnes d’origine maghrébine, tous métiers confondus, ont 31,5 % de chances en moins d’être contactées par les recruteurs que celles portant un nom d’origine française[3]. Ces traitements inégalitaires se retrouvent ensuite dans le monde du travail et dans l’évolution de carrière. L’accès au logement est aussi plus ardu : les personnes ayant un nom à consonance africaine ont 31 % de chances en moins d’obtenir un rendez-vous avec un propriétaire[4].
Les discriminations fondées sur l’origine se combinent à d’autres formes de discriminations et d’inégalités, liées à la condition sociale, aux ressources économiques, au genre, à un éventuel handicap, à la religion, et produisent des inégalités collectives durables qui donnent lieu à des phénomènes d'exclusion. Ces injustices répétées affectent l’estime de soi, la relation aux autres et, dans une certaine mesure, le rapport à l’appartenance nationale et la confiance envers les institutions.
Par ailleurs, les discriminations ne sont pas uniquement le fruit d’actes individuels. Elles sont aussi ancrées dans les pratiques, les normes des organisations, lesquelles contribuent, sans intention, à perpétuer des situations inégalitaires pour les groupes minoritaires. C’est la discrimination systémique.
Plusieurs fondations abritées sont engagées contre ces différentes formes de discriminations. La Fondation Raja – Danièle-Marcovici développe et soutient des actions dédiées à l’émancipation des femmes, en France et à l’international ; la Fondation Mind Switchers, récemment créée, entend agir avec et pour celles et ceux qui sont exclus du fait de leur handicap, de leurs origines ou de leur genre ; le Fonds Inkermann soutient les mouvements portés par les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) ; la lutte contre les discriminations est aussi défendue par la Fondation Un monde par tous, engagée depuis plus de 20 ans en faveur du respect des droits humains.
Pour agir spécifiquement sur les discriminations fondées sur l’origine, la Fondation de France a lancé un nouveau programme d’action qui propose aux personnes discriminées un accompagnement à la fois global et personnalisé (soutien psychologique, soutien administratif, accès aux droits, aide au recours en justice...). Il vise également trois autres objectifs : encourager une plus grande diversité dans l'espace médiatique et politique, améliorer la connaissance des phénomènes discriminatoires et faciliter les coopérations pour apporter une réponse à la discrimination systémique.
[1] Enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020), Ined-Insee
[2] L’épreuve de la discrimination : enquête dans les quartiers populaires, 2021, collectif d’auteurs
[3] Etude Discriminations à l’embauche des personnes d’origine supposée maghrébine : quels enseignements d’une grande étude par testing ?, (Dares – MAR=, (IPP), (ISM Corum), novembre 2021.
[4]Les discriminations dans l’accès au logement en France : un testing de couverture nationale , Le Gallo J, L’Horty Y, du Parquet L, Petit P, 2018