Trois questions à... Marion Ben Hammo, responsable programme Démarches participatives
Trois questions à Marion Ben Hammo Responsable programmes et fondations emploi, économie sociale et solidaire, démarches participatives.
« Démarches participatives… » est-ce un sujet pour la Fondation de France ?
Non seulement c’est un sujet, mais même un sujet central ! Depuis sa création, il y a 50 ans, la Fondation de France intègre dans tous ses programmes une dimension d’implication : « faire avec » et non « pour » les citoyens, favoriser le pouvoir d’agir, l’auto-organisation… tout cela est dans notre ADN. Que les « bénéficiaires » des projets soutenus en soient les acteurs : cette démarche se retrouve partout, dans le programme Habitat, comme Personnes âgées, dans les démarches environnementales comme culturelles !
Mais au-delà de ce fil rouge commun à toutes nos actions, un besoin spécifique a émergé : celui d’accompagner les personnes les plus éloignées de toute participation à la vie de la cité, pour les aider à structurer et à porter leur parole, leurs revendications, leur point de vue.
À quels besoins répond ce programme ?
Le programme a été développé en réponse à un paradoxe. D’une part une société qui se fragmente, des inégalités économiques mais aussi culturelles et spatiales qui se creusent, avec un sentiment d’impuissance qui se diffuse… et le risque de ruptures violentes qu’il peut générer.
D’autre part, dans le même temps, l’explosion des réseaux sociaux, donnant l’illusion que « tout le monde a droit à la parole », que chacun peut s’exprimer sur tout (et sur n’importe quoi). Enfin, à partir des années 2000, le fort développement des outils technologiques liés à la démocratie participative, à la co-élaboration de la loi… mais qui laissent encore les plus fragiles sur le bord du chemin. Dans ce contexte, la Fondation de France a été le seul financeur privé mobilisé pour soutenir des démarches de participation. Avec plusieurs critères de sélection des projets :
- que le projet soit issu de la demande des groupes concernés par une situation problématique, et tende à transformer les personnes et les institutions pour la résoudre ;
- que son ancrage territorial lui permette de prendre en compte les dynamiques qui existent déjà dans son environnement ;
- que les effets attendus bénéficient à celles et ceux qui participent, mais aussi à d’autres personnes, groupes ou territoires dont la situation est comparable.
Après le financement de projets, le programme tourne une page et prépare un événement fédérateur, autour de la question de la participation…
Avec 60 projets soutenus depuis 2014, nous avons pu accompagner des démarches et des collectifs d’une grande diversité. Aujourd’hui, les associations, les porteurs de projets sont massivement convaincus de la nécessité de la participation, comme condition première d’une émancipation. Les questions qui se posent désormais sont plus de l’ordre du « comment » : comment aider les plus démunis à « donner de la voix », de manière durable et efficace ? Il nous est apparu essentiel de répondre à ce besoin d’échanges. Sortir les porteurs de projet de leur isolement, partager les bonnes pratiques et les méthodologies, se renforcer mutuellement : c’est tout l’esprit de l’évènement organisé en novembre 2019 : « participer pour transformer la société ».