Permettre aux enfants de retourner à l’école, avec l'association Haïti Futur
Pour permettre aux enfants de retourner à l’école le plus rapidement possible, et dans les meilleures conditions, l’association Haïti Futur, soutenue par la Fondation de France, se concentre sur la réhabilitation des établissements scolaires, détruits par le séisme août dernier. Sa présidente, Josette Bruffaerts-Thomas explique les actions actuellement mises en place pour que les jeunes Haïtiens puissent faire leur rentrée prévue dans quelques jours.
Un mois après le séisme, quelle est la situation en Haïti ?
La situation est tout autant chaotique qu’il y a un mois. Sur le plan de l’urgence, il y a encore énormément de choses à faire, surtout dans les endroits isolés, difficilement accessibles. L’Etat et les grandes ONG internationales ne s’y déplacent pas. C’est pourquoi nous avons rapidement organisé un réseau d’aide locale pour aller faire des distributions de produits de premières nécessités dans ces endroits reculés, et n’oublier personne.
Mais nous sommes ralentis par l’instabilité politique du pays et l’insécurité qui y règne. Les routes sont bloquées et le matériel met du temps à arriver dans le sud du pays, là où nous intervenons. Autre conséquence de la crise : les prix du transport de matériel ont énormément augmenté. Nous devons composer avec ce contexte pour répondre aux besoins locaux.
Dès le lendemain du séisme, nous avons recensé trois urgences : apporter des soins aux blessés, installer des abris provisoires et rendre accessible l’eau potable. En plus de ces trois axes d’intervention, nous avons rapidement choisi de réhabiliter les écoles pour que les enfants puissent y retourner, dans de bonnes conditions. Ils sont encore traumatisés par le séisme, et leur permettre de retrouver une stabilité dans leur quotidien les aide à se reconstruire. L’enjeu de ces réhabilitations va donc au-delà de l’éducation.
Plusieurs dizaines d’écoles ont été effectivement détruites dans le sud du pays. Alors que la rentrée scolaire approche, quelles actions Haïti Futur met-elle en place pour permettre aux enfants de retourner à l’école ?
En ce moment, nous sommes en train de terminer l’inventaire des écoles : celles qui ont résisté face aux séismes, celles qui ont été détruites, et celles qui sont endommagées. Un ingénieur nous aide pour faire l’audit technique de ces écoles.
Sur les 30 écoles partenaires, seulement 4 vont devoir être démolies. Nous avions déjà réhabilité ces écoles en 2016, suite au passage de l’ouragan Matthew. Nous avions consolidé les murs, et installé des toits paracycloniques. C’est donc un bel exemple de résilience, puisqu’elles ont cette fois-ci tenu.
Nous allons réhabiliter en priorité les écoles qui ont subi le moins de dégâts. La reconstruction complète nécessite beaucoup de temps et d’argent, or nous devons aller vite car la rentrée approche. Notre objectif est de permettre à chaque élève de retrouver sa classe, a minima dans des abris temporaires.
Nous renforçons donc en priorité les fondations des bâtiments et procédons à des réhabilitations paracycloniques. Nous sommes aidés par une vingtaine d’ouvriers déjà formés à ces méthodes.
La Fondation de France vous avait déjà aidé en 2016 pour reconstruire les écoles après le passage de l’ouragan Matthew. En quoi l’aide de la Fondation de France est déterminante ?
La reconstruction des écoles suite à l’ouragan Matthew a été une réussite, nous allons reprendre le même modèle, cinq ans plus tard. Nous ne nous sentons pas démunis face à cette urgence, et savons exactement comment nous devons procéder. Nous avons les ressources humaines et les compétences, ce qui nous manque, c’est l’argent. Grâce à l’aide de la Fondation de France, nous allons pouvoir réhabiliter entièrement une école.
Forts de notre expérience, nous savons aussi qu’il faut au maximum faire marcher l’économie locale. Nous travaillons essentiellement avec des partenaires locaux, qui connaissent le terrain et les besoins de la population. Grâce à la connaissance du territoire, nous avons aidé beaucoup de monde, nous allons là où personne d’autre ne va. Soutenir les acteurs locaux, c’est la meilleure manière d’apporter les bonnes solutions aux bonnes personnes, et ça, la Fondation de France l’a compris.
Lors de la reconstruction post-Matthew, c’est d’ailleurs la Fondation de France qui nous avait le plus aidé, et aujourd’hui c’est encore le cas. Elle nous permet d’avoir une visibilité sur le long terme et de penser au futur. Nous ne reconstruisons pas dans l’urgence, mais dans la durée. Et c’est bien ce que nous faisons aujourd’hui, pour permettre aux enfants de retourner à l’école.