Attentat de Nice : cinq ans après, le bilan
Le 14 juillet 2016 à Nice, un camion-bélier fonçait sur la foule, faisant 86 morts et des milliers de blessés, touchés dans leur corps ou dans leur psychisme. Depuis cinq ans, la Fondation de France est présente aux côtés des victimes. Entre aides d’urgence, soutien social et accompagnement psychologique au long cours : bilan de cinq années de mobilisation.
D’abord sortir du cauchemar et sécuriser le quotidien. Pour venir en aide aux victimes directes ou indirectes de cet attentat, la Fondation de France a mis très vite en place un fonds d’aide spécial destiné à soutenir financièrement les personnes les plus vulnérabilisées. Plus de 547 000 euros d’aides directes ont ainsi été versées à travers de 261 engagements visant à couvrir différents besoins : soutien psychologique complémentaire, assistance juridique, pertes ponctuelles de ressources, pertes matérielles, dépenses exceptionnelles résultant des conséquences d’attentats… Au total, c’est plus de 600 victimes qui ont bénéficié de ce soutien, d’un montant moyen de 2000 euros. Pour identifier les publics les plus en souffrance et la réalité des besoins, les actions ont été menées en partenariat avec deux acteurs de terrain : le réseau d’associations France Victimes et l’association Montjoye de Nice.
Un accompagnement dans la durée
Outre les aides financières, un vaste plan d’accompagnement psychologique, adapté au stress post-traumatique a été déployé en direction des plus fragilisés. C’est le second volet de l’action durable que la Fondation de France mène à Nice. Depuis 2016, environ 455 000 euros ont été alloués à des projets de prise en charge, d’évaluation d’impact de l’attentat ou d’information sur la santé mentale des personnes. Ces actions concernent notamment la prise en charge des troubles post traumatiques qui continuent longtemps après le choc à impacter l’équilibre psychologique, physiologique, social ou familial des victimes. C’est dans ce sens qu’intervient notamment l’association Promenade des Anges : 14 juillet 2016, en partenariat avec l’association pour le Développement de la thérapie familiale psychanalytique. Ces deux structures proposent ainsi aux familles touchées des consultations mensuelles gratuites, assurées par des psychologues spécialisés dans les liens familiaux. Prévu sur une durée de trois ans, ce soutien se veut un complément ou une alternative aux prises en charge individuelles initiées dans l’urgence. Original dans sa démarche ce dispositif a pour but de reconstruire les liens intra-familiaux abîmés et permettre au groupe familial de dépasser les traumas pour se projeter dans un avenir commun.
De nouveaux outils pour améliorer les prises en charge
Encourager la recherche de solutions innovantes pour le traitement des troubles post-traumatiques est aussi un des axes sur lequel par la Fondation de France s’est engagée. « Nous avons soutenu les expérimentations du service de pédopsychiatrie de l’Hôpital Lenval de Nice. Comme la mise en place d’ateliers thérapeutiques qui mobilisent des techniques de musicothérapie et de psychomotricité, adaptées à la problématique post-attentat », précise Mélanie Hubault, responsable du programme Ensemble face au terrorisme, un programme spécifique mis en place depuis les attentats de 2015 pour aider les victimes. « Et aujourd’hui, nous accompagnons le développement de MoodUp, une application smartphone pour la gestion des symptômes du stress post traumatique, développé par CoBTeK-Lab (pour Cognition Behavior Technology), laboratoire de l’Université Nice Sophia Antipolis », poursuit-elle. L’application ne se substitue pas à une démarche thérapeutique, mais permettra de faire face aux crises de panique et d’anxiété, notamment en guidant l’utilisateur dans la mise en œuvre d’exercices simples (relaxation, méditation, cohérence cardiaque…). « L’application est un outil de première intention, facilement accessible pour les personnes réticentes à consulter un psychiatre. MoodUp accompagnera aussi l’utilisateur en fournissant les adresses et numéros utiles (Samu, urgences psychiatriques, Maison d’accueil des victimes, CUMP06), précise André Quateri, professeur des universités et porteur du projet. Elle proposera également un listing des thérapies recommandées pour l’accompagner vers une prise de rendez-vous psychothérapeutique. »
Nice, et après ? Faire progresser la recherche
Enfin, le programme Ensemble face au terrorisme a voulu soutenir une démarche de long terme, utile à toutes les victimes d’attentats ou de catastrophes. Il participe ainsi au financement du programme 14-7, porté par les équipes du centre d’évaluation pédiatrique du psycho-traumatique (CE2P) de la fondation Lenval. Ce programme de recherche clinique s’attache à suivre une cohorte d’enfants et de familles touchées par l’attaque du 14 juillet, pour mesurer l’évolution des symptômes, et l’efficacité des traitements. Trois cent soixante-cinq personnes participent au programme, dont 208 enfants et 157 parents. Les premières observations montrent que selon les tranches d’âge, un quart à un tiers des enfants ont encore des troubles intenses : phobies, angoisses de séparation, troubles du sommeil, etc. Outre l’adaptation immédiate des soins pour les victimes, les connaissances scientifiques dégagées par ce programme vont permettre d’améliorer le suivi et la prise en charge des troubles psycho-traumatiques. Et servir à l’ensemble de la communauté médicale.
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