Portrait de Rudi Osman, bénévole au sein de comité Solidarité Migrants
Rudi Osman est journaliste et fondateur de l’Union des étudiants exilés. Lauréat 2022 de la Obama Foundation, il est bénévole au sein du comité Solidarité Migrants de la Fondation de France depuis trois ans. Portrait.
A 35 ans, Rudi Osman a déjà vécu plusieurs vies. Kurde de Syrie, il finit son droit à Damas quand le Printemps arabe débute. Il est l’un des meneurs de la révolte étudiante et s’attelle à l’organisation des manifestations. Il se définit comme « un activiste des droits de l’Homme », veut rétablir les libertés fondamentales et faire tomber la dictature de Bachar el-Assad. Il est arrêté, torturé et contraint à l’exil. La Jordanie ne veut pas de celui qui est devenu journaliste et qui poste des vidéos sur la vie dans les camps de réfugiés. Grâce à Reporters sans frontières, Rudi Osman rallie la France voici une dizaine d’années. Il se retrouve avec 20 euros en poche, ne parlant pas un mot de français, lesté d’un sac à dos qui contient tout son paquetage. Il dort dehors, puis dans un petit studio partagé à dix. Il oscille entre gratitude pour la solidarité rencontrée et déprime quand viennent les nouvelles du pays, la mort des amis, le recul de l’Armée de libération syrienne. Il co-fonde une radio pour avertir les populations syriennes des bombardements de l’armée de Bachar el-Assad. En 2015, alors que le régime de Damas regagne du terrain, il se décide à « avancer dans la vie ». Il apprend le français, s’inscrit à la fac et décroche son master de droit à Assas.
Afin d’aider ceux qui se retrouvent dans une situation qu’il a bien connue, il crée l’Union des étudiants exilés (UEE). Il s’agit d’accompagner les réfugiés, les demandeurs d’asile et les sans-papiers qui veulent retourner sur les bancs de la fac. L’association facilite les démarches administratives, la rédaction de CV, la demande de bourses. Mais elle procure aussi un soutien psychologique ou mène des thérapies par le théâtre. En son sein s’organisent des ateliers d’écriture ou de prises de parole. Submergé par l’afflux de demandes, Rudi Osman a besoin d’un local et de renfort. L’association est alors hébergée à la Maison des réfugiés, dans le 14e arrondissement de Paris. C’est à ce moment-là qu’il rencontre la Fondation de France, qui décidera de soutenir l’UEE pour lui permettre de créer un poste de coordination pour structurer le travail de 80 bénévoles. Lui-même réussit à se salarier depuis quelques mois. Grâce à cette aide, 713 exilés ont pu reprendre des études.
Depuis trois ans, Rudi Osman est bénévole au sein du comité Solidarité Migrants, mettant son expérience, sa connaissance fine de l’écosystème associatif et des problématiques rencontrées par les étudiants exilés, ainsi que son regard de juriste au service du comité. Très impliqué, il a également rejoint l’équipe bénévole chargée d’examiner les projets d’urgence pour les exilés lors de la crise sanitaire en avril 2020. Si sa famille réside désormais en Allemagne, lui n’imagine pas vivre ailleurs qu’en France. Il dit : « Je suis là depuis 10 ans. J’y ai des souvenirs, faits de douleurs mais aussi de victoires. Paris, c’est ma maison. »