Dix chercheurs récompensés pour leurs travaux prometteurs
La crise de la Covid-19 nous rappelle la nécessité de soutenir sans relâche la recherche médicale, un domaine prioritaire pour la Fondation de France et ses fondations abritées, dans des champs variés : maladie d’Alzheimer, paludisme, cancer…. Focus sur dix prix qui ont récompensé en 2020 des chercheurs menant des travaux prometteurs. Des recherches qui constituent autant d’espoirs pour les patients et leurs proches.
Prix de l’œil
Isabelle Perrault, généticienne, Institut Imagine, hôpital Necker-Enfants maladesCécité de l’enfant : un meilleur suivi grâce à l’identification des gènes
Un cinquième des cécités chez l’enfant est due à l’ACL, l’amaurose congénitale de Leber, qui s’attaque à leur rétine. Il s’agit d’une maladie orpheline, pour laquelle il n’existe pas de traitement à l’heure actuelle.
Isabelle Perrault a montré que 18 gènes différents pouvaient générer la maladie. Mais, surtout, que certaines formes d’ACL évoluaient et finissaient par toucher d’autres organes comme les os, les reins ou le cerveau de façon sévère. L’identification par Isabelle Perrault des gènes en cause permet de proposer des suivis personnalisés aux jeunes patients.
Prix Philippe Chatrier
Romain Perbet, neuropathologiste au centre hospitalier universitaire de Lille
Alzheimer : comment se propagent les protéines anormales ?
Au cours de la maladie d’Alzheimer, les cellules du cerveau, les neurones, meurent progressivement dans différentes régions du cerveau. Les mécanismes à l’origine de ces disparitions ne sont pas encore élucidés. Mais on sait qu’ils sont associés au dépôt anormal d’une substance, la protéine tau, dans les neurones malades.
Romain Perbet cherche à savoir comment ces protéines se propagent d’un neurone à l’autre. Son prix va lui permettre de partir pendant un an à l’Université du Massachusetts (États-Unis) afin de tester l’hypothèse selon laquelle elles utilisent des mécanismes connus de transport cellulaire. L’expérience qu’il va acquérir au sein d’un laboratoire de pointe américain lui permettra de faire évoluer la pratique et les connaissances à son retour en France.
Prix Lucie et Olga Fradiss
Cécile Lopez, chercheuse post-doctorante en cancérologie, université de Cambridge
Les mécanismes des cancers pédiatriques
Les enfants aussi peuvent être touchés par cette terrible maladie qu’est le cancer. Mais les mécanismes biologiques à l’origine de ces affections chez les jeunes ne sont pas les mêmes que chez les adultes, ce qui complique leur prise en charge.
Cécile Lopez cherche à identifier et comprendre ces différences pour pouvoir mieux traiter les cancers pédiatriques. Elle est parvenue à décrire la manière dont la fusion de deux gènes (ETO2 et GLIS2) entraîne l’apparition de certaines leucémies aiguës (appelées LAM) chez les jeunes enfants. Elle a ainsi découvert les mécanismes qui donnent leur forme et leur agressivité à ces cancers redoutables.
Prix Thérèse Lebrasseur
Didier Ménard, biologiste, Institut pasteur, unité génétique du paludisme et résistance
Paludisme : des résistances surveillées de près
En poste à l’Institut Pasteur du Cambodge, Didier Ménard a mis au point un test de laboratoire devenu une référence dans le monde entier. Il permet de caractériser (c’est-à-dire décrire biologiquement) les parasites responsables du paludisme, maladie entraînant 400 000 morts chaque année, qui aujourd’hui résistent à l’artémisinine, l’antipaludéen le plus efficace.
Didier Ménard a montré que des mutations d’un gène appelé Kelch jouent un rôle important dans l’apparition de cette résistance. Le projet Karma qu’il a mené avec 50 partenaires a même dressé une carte mondiale de ces parasites contre lesquels l’artémisinine est devenu inopérante.
Prix Lucien Mallet
François Lucia, oncologue radiothérapeute, centre hospitalier régional universitaire de Brest
L’imagerie 3D pour améliorer les traitements par curiethérapie
Pour soigner des cancers comme celui du col de l’utérus ou de la prostate, la curiethérapie a fait ses preuves. Il s’agit d’une forme de radiothérapie mise au point à l’Institut Curie, dont l’objectif est d’irradier la masse cancéreuse localement, de façon très ciblée.
Souhaitant perfectionner cette technique, François Lucia s’efforce de mieux l’associer à l’imagerie 3D. Les images obtenues au moyen de l’IRM et la TEP (tomographie par émission de positons) doivent permettre de mieux prédire et évaluer la réponse de l’organisme à la curiethérapie et d’augmenter la dose radioactive de façon ciblée pour une meilleure efficacité.
Prix Jacques Monod
Aude Bernheim, microbiologiste, Inserm, laboratoire Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution
Battra-t-on les virus grâce aux bactéries ?
Nombreux sont les virus qui s’attaquent aux humains et aux animaux. Mais saviez-vous qu’ils peuvent aussi infecter les bactéries ? Celles-ci ont développé des mécanismes de défense efficaces contre ces hôtes indésirables au cours de leurs milliards d’années d’évolution commune.
Aude Bernheim cherche à comprendre comment ces micro-organismes résistent et neutralisent leurs virus qu’on appelle des phages. Au cours de son travail, elle a découvert de nouveaux types de systèmes immunitaires dont certains produisent des molécules antivirales inconnues jusqu’ici. Avec l’espoir de pouvoir les utiliser pour nous protéger des pathogènes un jour.
Prix Jean Valade
Antoine Roquilly, professeur des universités, anesthésiste réanimateur au centre hospitalier universitaire de Nantes
Halte aux infections acquises à l’hôpital !
Dans les jours qui suivent leur hospitalisation en réanimation, les patients voient leurs défenses immunitaires chuter de façon parfois importante. Antoine Roquilly a démontré que cet état d’immunodépression pouvait favoriser, chez ces patients, le développement d’infections supplémentaires comme la pneumonie, ce qu’on appelle les infections nosocomiales, acquises à l’hôpital.
Antoine Roquilly a développé des traitements préventifs, qui sont actuellement testés dans deux essais cliniques, destinés à renforcer les défenses immunitaires pour éviter ces infections. Il a également mis au point des biomarqueurs permettant de déterminer quels traitements seront les plus efficaces chez ces patients.
Gérard Lambeau, biochimiste, Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire, CNRS – Université Côte d’Azur
Révolution dans le suivi médical de la glomérulonéphrite extramembraneuse
C’est en étudiant les mécanismes d’action des venins de serpent sur l’Homme que Gérard Lambeau a découvert un gène essentiel : PLA2R1. PLA2R1 est impliqué dans une maladie rare mais grave, qui touche les reins, la glomérulonéphrite extramembraneuse (GEM). Chez 70% des patients, la protéine PLA2R1 issue du gène du même nom, est détruite par le système immunitaire, ce qui cause la maladie. Pour 3 % des patients, une seconde cible, inconnue pour cette maladie, THSD7A, a également été identifiée par l’équipe. Avant ces découvertes, cette maladie rare mais très grave ne disposait pas d’outils diagnostiques totalement efficaces. Identifier ces cibles a permis de développer des tests diagnostiques permettant d’améliorer considérablement la prise en charge des patients, avec des diagnostics plus précoces et précis, et des traitements plus efficaces et moins toxiques.
Prix Jean Valade
Deniz Dalkara, biologiste, Institut de la vision - Inserm
Comment transporter de grands gènes
Deniz Dalkara a contribué à l’essor des premières thérapies géniques en développant de nouveaux vecteurs, c’est-à-dire des virus capables de transporter dans le corps une copie saine d’un gène déficient. Mais ce type de thérapie ne peut aider qu’un petit nombre de patients souffrant de dégénérescence rétinienne. La taille des gènes impliqués dans certaines formes de cette affection dépasse la capacité de transport des vecteurs viraux actuels.
La chercheuse veut développer des stratégies de transfert de ces grands gènes pour appliquer cette technique des vecteurs à un plus grand nombre de patients.
Prix Georges Zermati
Rachel Golub, immunologue, Institut Pasteur, Inserm, Unité de lymphopoièse
Ces cellules qui réparent nos organes
Il y a quelques années ont été découvertes les ILC (cellules lymphoïdes innées), un type de cellules appartenant à la première ligne de défense du corps humain. Situées dans les muqueuses de notre corps, comme les poumons ou la peau, elles produisent des substances réparatrices dans les organes endommagés ainsi que des molécules appelées médiateurs pour prévenir les cellules environnantes d’un danger.
Les travaux de Rachel Golub et son équipe constituent une étape importante dans la connaissance de ces cellules essentielles et mal connues, et pourraient constituer le point de départ de futures thérapies.