Zéro chômeur de longue durée, un pari soutenu dès le départ par la Fondation de France
Fin novembre, le Parlement adoptait la deuxième loi TZCLD, pour Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée. Un feu vert pour étendre l’expérimentation de 10 à 60 territoires ! Mais aussi la validation d’une démarche audacieuse… soutenue depuis le début par la Fondation de France. Retour sur 7 années de compagnonnage.
Quand les concepteurs de TZCLD ont imaginé et présenté leur idée, en 2011, ils ont rencontré beaucoup de scepticisme. Car leur projet reposait sur un raisonnement hors-normes :
- le chômage coûte à la collectivité beaucoup plus que son indemnisation : la précarité et l’exclusion génèrent des coûts indirects majeurs en terme de santé, de justice, de logement, d’aide à l’enfance… Ces dépenses sont estimées à 15 000 euros par an et par chômeur en moyenne ;
- ces coûts de « réparation » et de gestion des conséquences du chômage peuvent être investis pour soutenir la création d’emploi, dans le cadre d’entreprises dites « à but d’emploi », qui exercent des missions d’utilité sociale, en réponse à des besoins non satisfaits, et sans faire concurrence aux entreprises ;
- dans ces entreprises à but d’emploi, ce sont les personnes employées qui vont elles-mêmes inventer leur travail, à partir de leurs compétences et des observations qu’elles ont pu faire sur les besoins de produits et de services dans leur environnement.
Un soutien décisif
Ce cercle vertueux a immédiatement séduit la Fondation de France, quand l’association ATD quart monde, porteuse du projet, a sollicité son soutien, dès 2013. En 7 ans, ce sont plus d’1,2million d’euros qui ont été apportés pour accompagner la démarche.
« Le soutien de la Fondation de France a été déterminant lors des étapes clefs de l’histoire du projet, souligne Laurent Grandguillaume, président de l'association nationale Territoires zéro chômeur de longue durée. En amont, pendant la phase de conception, le label Fondation de France donne de la crédibilité et ouvre les portes d’autres financeurs. Pendant l’expérimentation, l’aide de la Fondation a permis de financer les travaux de capitalisation, indispensables pour envisager la généralisation de ce type d’initiative. Et aujourd’hui, le soutien va accompagner cette troisième marche, l’essaimage ! »
Car les résultats sont là : fin octobre 2020, 13 Entreprises à but d’emploi avaient été créées sur les 10 territoires. Depuis le début de l’expérimentation, ce sont 980 emplois qui ont été créés. Le « modèle » TZCLD est désormais éprouvé, place à sa diffusion à plus grande échelle. Le vote de la loi d’extension du dispositif (adoptée à l’unanimité) a suscité un nouvel élan : 135 bassins d’emplois sont candidats !
Extension du dispositif
« Ce projet est à la convergence de plusieurs principes d’actions qui guident l’action de la Fondation de France, explique Axelle Davezac. Il contribue à changer les regards sur les personnes que la société exclut, il mise sur leur capacité d’initiative et leur participation active pour construire avec elles des activités qui font sens sur leur territoire. Des activités qui la plupart du temps, contribuent à tisser de nouveaux liens sociaux et aussi souvent, à préserver l’environnement. Maintenant que le Parlement a donné son feu vert pour étendre cette expérimentation, il nous semble important de maintenir notre soutien pour qu’elle soit étendue à tout le pays . »
Les entreprises à but d’emploi : pour quelles activités ?
Les EBE recherchent avec les demandeurs d’emploi eux-mêmes, et en collaboration avec les acteurs locaux, les activités utiles, complémentaires à l’économie locale, qui peuvent être réalisées : aide administrative, conciergerie ambulante, nettoyage, bûcheronnage, épiceries ou garages solidaires, recycleries, renforts cantines et périscolaire, bibliothèque ambulante, soutien aux personnes âgées, isolées ou handicapées…
Comme ATIPIC, une EBE installée à Colombelles, dans la banlieue de Caen. Ses spécialités ? Transport de personnes, recyclage de tissus, réparation de cycles… en réponse à des besoins locaux et sans faire concurrence avec des employeurs locaux. Dans cette région lourdement marquée par le déclin industriel, Atipic a permis à près de 80 personnes de retrouver une activité professionnelle. Mais surtout une place, des liens, et une nouvelle confiance en eux.
POUR ALLER PLUS LOIN
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