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« Nos modes de vie expliquent 90 % des risques »

27 janvier 2022

La très grande majorité des maladies cardiovasculaires sont liées à l’athérosclérose, c’est-à-dire à l’apparition de dépôts graisseux sur les parois des artères sanguines qui peuvent entraîner des infarctus ou des AVC (accident vasculaires cérébraux), entre autres. Jusqu’à quel point peut-on l’éviter ?

Nos modes de vie expliquent 90% des facteurs de risque d’athérosclérose et sont donc considérés comme évitables. En revanche, nous n’avons pas prise sur certains autres facteurs comme notre âge, notre sexe ou notre patrimoine génétique.

Le Dr Sophie Béliard est maître de conférence des Universités, praticien hospitalier en Nutrition (Hôpital de la Conception, à Marseille) et membre du comité d’experts pour le programme maladies cardiovasculaires de la Fondation de France.

Le mode de vie occidental est-il directement en cause ?

C’est certain. Il suffit de voir comment, dans des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde, qui l’ont adopté, obésité et diabète ont explosé. Ce qui a naturellement entraîné une forte hausse de l’athérosclérose. Je n’hésite pas à parler de catastrophe pour ces pays car les maladies cardiovasculaires ont un impact important sur les sociétés. En France, par exemple, elles entraînent 400 décès chaque jour et constituent la première cause de handicap.

Changer de mode de vie est-il la solution ?

Il ne faut pas croire qu’on peut aisément transformer des habitudes prises depuis l’enfance. En la matière, « les patients doivent être patients », accepter d’évoluer un peu chaque jour plutôt qu’espérer des mutations immédiates. Par exemple, mieux vaut adopter progressivement le régime méditerranéen, riches en légumes, fruits, pauvre en graisses animales, que se lancer dans des régimes dont on sait maintenant qu’ils accélèrent la marche vers l’obésité.

Quels sont les principaux facteurs de risque d’athérosclérose ?

Quatre facteurs sont considérés comme majeurs. Eliminez-les de votre vie et le risque sera réduit de façon importante. Il y a d’abord le tabac, qui multiplie le risque par trois ou quatre. Il favorise l’athérome et les lésions artérielles. Il peut aussi entraîner ce qu’on appelle « l’infarctus du dimanche », qui intervient après une soirée entre amis où on a trop fumé.

Le cholestérol est également en cause : des études de nombreux types, sérieuses et poussées montrent un lien évident et non-discutable entre cette substance et l’athérosclérose. L’étude Interheart réalisée dans 52 pays auprès de 25000 personnes a par exemple démontré que 50% des infarctus devaient être attribués au seul cholestérol.

Tabac, cholestérol… Le diabète et l’hypertension artérielles sont-ils également un facteur de risque ?

Certainement. Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez les personnes touchées par le diabète, une maladie dont la prévalence, c’est-à-dire le nombre de cas constatés, augmente de 1,5% par an. Aujourd’hui, plus de trois millions de personnes sont diabétiques en France. Quant à l’hypertension, elle constitue aussi un facteur de risque avéré. Or, aujourd’hui, un Français sur trois est hypertendu, un phénomène qui augmente avec l’âge.

Quel est le cas des femmes ? Sont-elles particulièrement à risque ?

Non, c’est le contraire. Le fait d’être un homme augmente le risque de maladie cardiovasculaire. Pourtant, elles meurent autant qu’eux. Pourquoi ce paradoxe ? Les scientifiques se sont récemment rendu compte qu’elles n’étaient pas prises en charge à la hauteur de leurs besoins en France. Elles sont admises aux urgences avec retard, bénéficient d’un moindre suivi médical. Conséquence : les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez elles, la deuxième pour les hommes.

Il est vrai que les femmes touchées par un infarctus du myocarde présentent des symptômes atypiques : parfois une grande et soudaine fatigue ou bien des signes digestifs, de nausée… Une attention particulière au cas des femmes devrait aider à mieux les prendre en charge.