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Agir à la racine : quatre questions à Jean-Marie Bergère

13 avril 2023

Jean-MaJean-Marie Bergère, président du comité Inventer demainrie Bergère, président du comité Inventer demain de la Fondation de France, nous parle de l'approche systémique qui est au cœur du programme Inventer demain.

Pour répondre aux grands défis de demain, pourquoi une nouvelle approche plus globale et transformative est-elle nécessaire ?

Les grands enjeux auxquels nous devons faire face sont de plus en plus interdépendants. On ne peut pas affronter le dérèglement climatique, les risques sanitaires, la qualité de l’alimentation, l’accueil de réfugiés, la grande pauvreté, avec des programmes sectorisés. Face à ces problématiques inédites par leur ampleur et leurs caractéristiques, il faut raisonner en termes de systèmes d’action et imaginer, inventer, expérimenter des solutions qui soient  transformatives et non plus seulement palliatives ou préventives. C’est ce qu’on appelle le changement systémique. 

En quoi cette approche consiste-t-elle ? Et en quoi est-elle prometteuse ? 

Prenons un exemple. Point d’eau est une association qui accueille chaque jour plus de 200 personnes sans domicile fixe. Elles trouvent dans des locaux accueillants ce qu’il faut pour leurs besoins d’hygiène, mais aussi une bagagerie, un atelier cuisine, des rendez-vous d’information pour l’accès aux droits, des professionnels du soin. Six personnes accueillies siègent au sein du Conseil d’administration de l’association et près de 80 « anciens de la rue » y sont devenus bénévoles. Articuler dans un même lieu des réponses à des besoins complémentaires favorise la prise en compte globale d’une situation complexe, celle que vivent les personnes sans domicile. L’approche systémique consiste à mettre en route un processus qui ne se contente pas de traiter les symptômes, mais cherche à s’attaquer aux causes et aux idées  reçues. Dans cet exemple, elle rend la sortie de la précarité et de l’exclusion  envisageable, en agissant sur les droits à la formation,  par exemple, ou l’accès au logement, la restauration de l’estime de soi… et ne se contente pas de les rendre plus supportables. 

« Imaginer, inventer et expérimenter des solutions qui soient transformatives et non plus seulement palliatives. »

Jean-Marie Bergère

Qu’implique concrètement cette nouvelle façon d’agir à la racine des problèmes ? 

Cette approche implique que chaque acteur sorte de son « couloir », noue des partenariats et intègre les multiples interactions entre les enjeux environnementaux, sociaux, de reconnaissance, de participation, de gouvernance. Pour y parvenir, les associations ont besoin de temps pour formuler et actualiser les problématiques, identifier et associer les parties prenantes, anticiper les besoins, prendre en compte l’impact sur leur écosystème et expérimenter de nouvelles démarches. Agir ensemble, dans la durée, sur toutes les causes et à leur racine : toutes ces clés d’action sont totalement liées. 

En quoi les acteurs de la philanthropie, et en particulier le réseau de la Fondation de France, ont-ils un rôle fondamental à jouer dans le développement de cette approche « systémique » ? 

La philanthropie a un rôle stratégique par sa capacité à accompagner les phases expérimentales pendant lesquelles les solutions s’ajustent. Les pouvoirs publics sont plus à l’aise lorsque les démarches se stabilisent et peuvent entrer dans le droit commun. La proximité, la confiance, les multiples interactions entre le monde associatif et celui des fondations sont des atouts à cultiver absolument.