Inventer demain d’autres usages de l’espace urbain, avec l’association Yes We Camp
Et si demain, les villes pouvaient se réinventer en s’appuyant sur la créativité de leurs habitants ?
Avec les mécanismes actuels de développement et de gestion des villes, les usagers sont considérés comme des consommateurs ou des bénéficiaires… rarement comme des coproducteurs. Il y a là une véritable perte de chance pour leurs habitants, porteurs à la fois de nouveaux besoins, et de réserves d’invention, de coopérations pour y répondre.
Comment explorer et exploiter ce vivier, pour inventer collectivement une ville plus juste, plus écologique et plus vivante ? C’est la question qui structure la démarche de l’association Yes We Camp, depuis 2013. Yes We Camp propose une utilisation inventive des espaces disponibles : production locale, accueil des plus fragiles, relation au vivant, développement des apprentissages, création artistique, réalisations collectives.
À son actif : des projets comme « Les Grands Voisins » à Paris (occupation et aménagement des locaux de l’ancien hôpital St Vincent de Paul : accueil de personnes sans domicile puis d’artisans et d’associations, aménagements familiaux et sportifs, restauration, activités culturelles et artistiques…), l’Auberge Marseillaise (occupation d’une ancienne auberge de jeunesse désaffectée, pour créer un lieu d’émancipation et de mise à l’abri pour des femmes vulnérables …), ou encore L’Ambassade des Républiques Nomades à Bordeaux (création d’une saison culturelle dans les anciennes Archives municipales).
Au total, plus de 40 projets ont fait émerger des lieux de vie et d’innovation sociale dans des espaces urbains éphémères ou en transition (immeubles de bureaux, ancien hôpital, parc urbain, friches, ancien couvent…).
L’association a éprouvé des méthodes de travail collaboratif, et construit au fil du temps une expertise reconnue. Après avoir mis au point le DU -diplôme universitaire- "Gestion des Espaces Communs" avec l’Université Gustave Eiffel qui compte aujourd’hui ses premiers diplômés, elle aborde désormais une nouvelle étape de son développement : structurer un volet de capitalisation, études et recherche, un volet formation, un volet accompagnement… projets pour lesquels elle reçoit le soutien du programme Inventer demain.
L’association a développé une méthode de travail originale, qui repose d’abord sur un temps d’écoute et d’immersion, et s’appuie ensuite essentiellement sur le « faire ensemble ». Au-delà des 13 projets en cours et des dizaines de projets passés, Yes We Camp souhaite impulser des réflexions et des changements structurels plus globaux. Par exemple, dans le domaine des règles d’urbanisme, dans la réglementation sur l’usage et la propriété, dans le domaine du design et de l’architecture, et dans les politiques de soutien à l’innovation sociale et citoyenne, en prônant « 1% » du bâti et du foncier public dédié aux transitions.
Chiffres clefs
- 42 projets menés depuis 2013 ;
- 3 modes d’intervention : gestion des lieux, formation, interventions culturelles et artistiques.
« Sur chaque projet, nous faisons en sorte de mettre en présence des mondes qui d’habitude ne se côtoient pas : univers professionnels variés, milieux sociaux différents, cultures et générations multiples. Cette cohabitation est féconde, porteuse de changements de regard et d’innovation. »
Antoine Plane, Directeur général de Yes We Camp