Après une « sortie sèche » de prison, 63% des détenus récidivent dans les 5 ans. A l’inverse, la récidive concerne moins de 40% des personnes ayant bénéficié d’un aménagement de peine, et 34% de celles qui ont effectué un travail d’intérêt général. Les solutions alternatives à la prison ont donc démontré des bénéfices réciproques pour les personnes condamnées et pour la société.
Mais ces solutions alternatives, qui permettent de sanctionner sans exclure, sont encore trop peu nombreuses. L’une d’elles a fait ses preuves : la Ferme de Moyembrie, dans l’Aisne. L’établissement accueille depuis plus de trente ans des personnes détenues en fin de peine, et leur offre un sas (de 6 mois à 2 ans) entre la détention et le retour à la liberté et à l’autonomie. Parallèlement aux tâches agricoles (maraichage et élevage) dans le cadre de l’atelier Chantier d’insertion, les personnes accueillies participent à la vie quotidienne du site, construisent un projet de réinsertion et de retour à une vie professionnelle, sociale et familiale. Ainsi, un modèle émerge, qui répond à plusieurs enjeux : la réinsertion des sortants de prison, le développement et la dynamisation de territoires ruraux (les fermes alimentent des marchés et des écoles, créent des emplois, accueillent des activités culturelles…) et l’agro-écologie, en permettant l’accès à une alimentation durable en circuit court.
Depuis 2016, en partenariat avec l’administration pénitentiaire, le Mouvement Emmaüs engage une démarche d’essaimage de ce type de structure, pour ouvrir 10 fermes, une dans chaque région pénitentiaire. Deux nouvelles fermes ont déjà vu le jour, 6 autres projets sont en cours de développement. Le programme Inventer Demain soutient le Mouvement Emmaüs pour consolider les structures existantes et accélérer la dynamique d’essaimage.
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« Les objectifs de l’essaimage ? Dans trois à cinq ans, 10 fermes en fonctionnement, entre 150 et 200 personnes accueillies par an, des structures renforcées avec un modèle économique robuste. Nous souhaitons également consolider notre mission « justice/prison », pour qu’elle puisse porter des innovations fortes, qui inspirent les politiques publiques. Enfin, nous voulons démultiplier notre impact, partager notre expérience avec les autres réseaux de l’insertion et au niveau européen, et apporter ainsi une solution d’ampleur à cette problématique de la réinsertion… qui concerne toute la société ! »
- Marion Moulin responsable nationale de groupes, Emmaüs France -